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"Big Eyes" : Tim Burton écarquille nos yeux

Cela faisait trop longtemps que Tim Burton ne nous avait pas revisités, 2012, avec le décapant "Dark Shadows". Il revient là où on ne l’attendait pas, un biopic autour des artistes américains Margaret et Walter Keane, l’attribut allant sans doute plutôt à la première qu’au second, usurpateur, selon le film, et sans doute dans la réalité. Étrange et inattendu.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Christoph Waltz et Amy Adams dans "Big Eyes" de Tim Burton
 (StudioCanal)
La note Culturebox
5 / 5                  ★★★★★

De Tim Burton (Etats-Unis), avec : Amy Adams, Christoph Waltz, Danny Huston, Krysten Ritter, Jason Schwartzman, Terence Stamp Jon Polito  - 1h47 - Sortie : 18 mars 2015

Synopsis : La scandaleuse histoire vraie de l’une des plus grandes impostures de l’histoire de l’art. À la fin des années 50 et au début des années 60, le peintre Walter Keane a connu un succès phénoménal et révolutionné le commerce de l’art grâce à ses énigmatiques tableaux représentant des enfants malheureux aux yeux immenses. La surprenante et choquante vérité a cependant fini par éclater : ces toiles n’avaient pas été peintes par Walter mais par sa femme, Margaret. L’extraordinaire mensonge des Keane a réussi à duper le monde entier. Le film se concentre sur l’éveil artistique de Margaret, le succès phénoménal de ses tableaux et sa relation tumultueuse avec son mari, qui a connu la gloire en s’attribuant tout le mérite de son travail. 

Usurpation

Tim Burton retrace cette histoire incroyable, située dans les années 50-60, et réalise du même coup son meilleur film depuis longtemps. Toujours attaché à une remarquable reconstitution visuelle, il est aidé par un couple d’acteurs formidables, le constant Christoph Waltz ("Inglorious Basterds", "Django Unchained"…) et Amy Adams ("American Bluf", "Her"…).

Walter Keane constitue un cas dans l’histoire de l’art américain de la seconde partie du XXe siècle, avec le succès national de "ses" peintures représentant des enfants tristes aux yeux surdimensionnés. Le film de Burton raconte cette histoire en se basant sur l’usurpation de cette attribution due, selon lui, au talent de "vendeur", de "communicant" de Walter Keane pour exposer, et commercialiser les œuvres de sa femme. Le processus est représenté avec la plus grande évidence chez Burton, jusqu’au procès final qui donnera raison à Madame Keane, alors que son mari ne reniera jamais l’attribution des œuvres à son nom.
 

Amy Adams dans "Big Eyes" de Tim Burton
Tim Burton sobre

"Big Eyes" raconte une histoire incroyable. Tant, qu’elle frôle le fantastique, si cher à Tim Burton. Christoph Waltz compose encore un personnage à sa dimension, un acteur comme l’on en rencontre rarement. Amy Adams ne démérite pas face à lui, d’un talent sans faille et d’une beauté renversante de tous les plans. Tous les deux ne se la disputent pas à l’écran, mais se renvoient la balle avec un aplomb de chaque instant. Cela faisait longtemps que l’on n’avait vu un couple aussi cohérent à l’écran.
Tim Burton fait de son côté preuve d’une virtuosité derrière la caméra tout en douceur et retenue, laissant de côté sa part baroque pour coller à la réalité. Celle d’une Amérique dont il a été le contemporain et qui l’a imprégnée, puisque les "grands yeux "de Margaret Keane se retrouveront dans les dessins de la "Staring Girl" de son recueil "The Melancholy Death of Oyster Boys and Others Stories". Film magnifique, enthousiasmant et révélateur d’une histoire mal connue de ce côté de l’Atlantique, "Big Eyes" vaut vraiment le coup d’être vu, les yeux grands ouverts. 

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