"A mon seul désir" : visite guidée d'un cabaret érotique devant la caméra de Lucie Borleteau
A mon seul désir est avant tout une promesse, celle d'emmener les spectatrices et les spectateurs dans un monde qui, pour beaucoup, reste un mystère notamment pour ce qui est de son fonctionnement interne. Pour ce faire, la réalisatrice Lucie Borleteau (Chanson douce, 2019) lui offre une narratrice mais surtout un cheval de Troie, en la personne d'Aurore (Louise Chevillotte).
La jeune femme débarque dans le club de strip-tease, qui donne son nom au film, avec un enthousiasme, une candeur et une légèreté déconcertante quand on sait dans quoi elle s'engage : l’effeuillage professionnel. Un métier, au demeurant, pas très rémunérateur. Dix euros de l'heure : c'est le tarif qui lui est proposé par le gérant du club. Aurore apparaît naturellement douée et se fait embaucher en un tournemain. Manon, l'ex-étudiante en thèse, se glisse ainsi dans la peau d'une stripteaseuse avec un certain succès.
Thématique oblige, les scènes d'A mon seul désir sont explicites (film interdit au moins de 12 ans). Entre autres celles que partagent Mia, incarnée par Zita Hanrot, et Aurore. Les deux jeunes femmes se lient d’amitié. Mia, aspirante comédienne qui a fait de la scène de ce "théâtre érotique" son terrain de jeu, semble avoir trouvé la partenaire idéale pour lui donner la réplique. Et de l’amitié à l’amour, il n’y a parfois qu’un pas si les corps se parlent déjà.
Une intrigue amoureuse sans relief
Si A mon seul désir est aussi une comédie romantique, le ressort le plus important du film reste une réflexion sur le rapport au corps, à la nudité, au sexe et aux univers auxquels ils peuvent conduire quand l'argent s'impose souvent comme la première motivation de ces femmes. Jusqu’à quel point peut-on exposer ou donner son corps sans s'annihiler ? Quand la limite entre "pute" et "danseuse" est franchie ? Aurore et Mia ont des avis diamétralement opposés sur la question. La désinvolture d'Aurore contraste avec la gravité avec laquelle Mia aborde cette problématique.
A mon seul désir vaut pour son caractère didactique, les scènes décrivant les différentes prestations et incidents qui peuvent survenir dans un cabaret érotique et la façon dont la sororité que forme ces stripteaseuses est dépeinte. La romance, au cœur de l'intrigue dans la deuxième moitié du film, bien qu’intéressante n'apporte pas grand chose à la fiction. Peut-être parce qu'en dépit de cette atmosphère sensuelle et érotique, la relation amoureuse n'a pas assez de piquant pour transporter véritablement l’audience. Cependant, la promesse initiale est tenue : "Veni, vidi, vici" pourrait clamer Aurore.
La fiche
Genre : Drame
Réalisatrice : Lucie Borleteau
Acteurs : Zita Hanrot, Louise Chevillotte, Laure Giappiconi et Pedro Casablanc
Pays : France
Durée : 1h57
Sortie : 5 avril 2023
Distributeur : Pyramide Distribution
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