Pour Souleymane Cissé "Timbuktu" marque l'"éveil du cinéma africain"
"Je dis +bravo Abderrahmane Sissako+. C'est une bonne nouvelle pour le cinéma africain. Je dirai même que c'est l'éveil du cinéma africain", a déclaré à l'AFP le cinéaste et ancien ministre malien de la Culture, Souleymane Cissé.
M. Cissé, seul réalisateur à avoir décroché deux fois la plus haute récompense du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadoudou (Fespaco), dit espérer que "Timbuktu" profitera aux populations du nord du Mali.
En outre, "c'est un acte de haute diplomatie culturelle qui donne au pays un nouveau souffle au plan international et à la nation une image autre que celle des horreurs diffusées au quotidien", a dit M. Ould Mohamed Salem.
"Je regrette une chose. On ne voit pas la brutalité des jihadistes sous l'occupation", a fait remarquer Oumar Maiga, enseignant à Tombouctou, ville du nord du Mali où se déroule le film.
"Nous étions (à Tombouctou) sous l'occupation. Les jihadistes-terroristes ont coupé des mains et des femmes ont été violées. C'était la barbarie. On ne voit pas ça clairement dans le film", a-t-il déploré.
Pour l'étudiant malien Amadou Kanté, "ce film permet de ne pas oublier la tragédie qu'a connue et que connaît toujours le nord du Mali".
Le film a été projeté à Bamako il y a quelques semaines en avant-première.
Il devait initialement être tourné au Mali mais l'a finalement été sous protection militaire à Oualata, dans le sud de la Mauritanie, à l'exception de quelques plans filmés presque clandestinement à Tombouctou même. "Timbuktu", une chronique de la vie quotidienne dans le nord du Mali sous la coupe des jihadistes pendant plusieurs mois en 2012, a triomphé vendredi soir aux César. Il a reçu sept prix, dont les prestigieux trophées du meilleur film et du meilleur réalisateur.
La secrétaire générale de la Francophonie Michaëlle Jean a, elle, salué samedi le triomphe du cinéaste Abderrahmane Sissako aux 40e César.
"Dans une période d'exaspération des tensions entre communautés ethniques, sociales ou confessionnelles, le film d'Abderrahmane Sissako rappelle à la fois qu'aucune civilisation n'est à l'abri des dérives sectaires et que toute civilisation porte en elle les valeurs humanistes aptes à la construction d'une société de paix et de liberté, où l'équilibre est rendu possible par le respect de la dignité de chacun", a-t-elle déclaré, citée dans un communiqué.
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