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Pour ou contre "Trance", de Danny Boyle

Après le succès de "127 heures" et du multi-oscarisé "Slumdog Millionaire", le réalisateur britannique tente un thriller psychologique. Le grand chelem ? 

Article rédigé par Elodie Ratsimbazafy
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Vincent Cassel est un méchant convaincant dans "Trance", de Danny Boyle, qui sort en salles le 8 mai 2013. Le film l'est beaucoup moins. (PATHÉ)

Commandos surarmés, fumigènes, montage ultra-nerveux : le casse qui introduit Trance annonce la couleur. Danny Boyle est revenu à ses premières amours, au cinéma haletant qui fit son succès dans les années 90 (Petits Meurtres entre amis, Trainspotting). Mais avec les moyens d'un réalisateur aussi apprécié des critiques (il a reçu en 2009 un Golden Globe et un Oscar pour Slumdog Millionaire) que du public (378 millions de dollars - 287 millions d'euros - de recettes pour le même film).

Trance, qui sort en salles en France mercredi 8 mai, raconte cette fois l'histoire de Simon (James McAvoy), un commissaire-priseur qui dérobe une toile de maître pour Franck (Vincent Cassel), le chef d'une bande de gangsters. Le plan se déroule à la perfection, jusqu'à ce que Franck se rende compte que Simon l'a doublé... et que l'arnaqueur, frappé à la tête, est incapable de se souvenir où il a dissimulé le tableau. Après l'avoir dûment torturé, le gangster fait appel à Elizabeth (Rosario Dawson), une spécialiste de l'hypnose, qui tente de faire surgir du cerveau embrumé de Simon, le lieu de la planque. Ce Danny Boyle est-il aussi séduisant que les précédents ?

Pour : une réalisation explosive

Bientôt sexagénaire, le cinéaste n'a rien perdu de sa fougue. Zooms, travellings, vues d'hélico... la caméra s'agite l'heure et demie que dure le film, sans laisser le temps au spectateur de reprendre son souffle. Ces mouvements sont soutenus par un montage particulièrement musclé et d'innombrables effets (lumières stroboscopiques, couleurs saturées, scènes de flash-back filmées avec un objectif "fisheye" pour déformer l'image...) qui achèvent d'hypnotiser le public.

Le réalisateur s'est entouré d'un beau plateau d'acteurs. Vincent Cassel n'a pas besoin de se forcer pour faire un méchant crédible. Rosario Dawson est aussi charismatique qu'ambiguë. Et James McAvoy prouve qu'il est capable de jouer beaucoup plus subtilement que dans l'adaptation cinéma des X-Men (dans laquelle il interprète le professeur Xavier).

Rapidement, ces personnages riches, lisses, et sculpturaux découvrent leurs côtés obscurs. Et à mesure qu'ils se dévoilent, le Londres de carte postale qui sert de décor à cette aventure poisseuse cède la place à une cité apocalyptique, fouettée par la pluie et plongée dans une interminable nuit. D'abord film de casse, le long métrage prend la route du film noir, voire du thriller psychologique.

Contre : un puzzle scénaristique inutilement complexe

Danny Boyle avoue qu'il "adore brouiller les pistes", mais là, le fil scénaristique est tellement emmêlé qu'on finit par s'y perdre complètement. L'intrigue à tiroirs (à la mode depuis Inception), passablement alambiquée, repose sur une série de faux-semblants qu'on ne dévoilera pas ici. Mais cet échafaudage est si complexe qu'on ne sait jamais vraiment qui manipule qui. Et si ce qui est montré à l'écran est réel ou imaginaire.

Les effets de manche du vieux briscard de la caméra et les rebondissements en chaîne ne réussissent à retenir l'attention qu'une demi-heure seulement. Après, lassés d'être menés en bateau, on finit par jeter l'éponge. Et le dénouement (aussi inattendu qu'absurde) arrive presque comme une délivrance !

Pour ne rien arranger, la bande-son électro accompagne assez lourdement les scènes d'action, et devient carrément assourdissante lors des (nombreux) moments de tension.

Faut-il y aller ?

Non. La virtuosité de Danny Boyle ne réussit pas à faire décoller ce thriller tarabiscoté. Cette fois, on est bien loin d'atteindre l'état de transe.

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