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"Icare" : la jeunesse poétique d’un héros dans un film entre mythologie et imaginaire

La légende d’Icare prend une nouvelle tournure sous la main du réalisateur luxembourgeois Carlo Vogele. Le cinéaste imagine la jeunesse du personnage et son amitié fusionnelle avec le minotaure, dans un premier long-métrage familial réussi.

Article rédigé par franceinfo Culture - Margaux Bonfils
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
"Icare", une réinterprétation du célèbre mythe antique tout en poésie. (Bac Films Distribution)

De l’histoire d'Icare dans la mythologie grecque, on connaît surtout sa chute tragique. Le garçon imprudent, n’écoutant pas les conseils de son père, vola trop près du soleil et sombra dans les flots. Mais qu’en est-il de la jeunesse d’Icare ? C’est "cette page blanche" qu’a souhaité compléter le réalisateur et passionné de mythologie Carlo Vogele. Après des années de collaboration avec le studio Pixar, le réalisateur signe avec Icare son premier long-métrage en indépendant, au cinéma le 30 mars.

On découvre Icare enfant, vivant avec son père Dédale, un inventeur de génie, au service du roi et de la reine de Crète. Aventureux, le jeune garçon explore chaque recoin de son île. Un jour, dans le palais royal de Cnossos, il rencontre un minotaure du nom d’Astérion, enfermé sur ordre du roi. Entre les deux personnages se lie une amitié forte, jusqu’au jour où Astérion est emmené pour être enfermé à jamais dans un labyrinthe. Icare fera tout pour libérer son ami, quitte à défier sa destinée tracée par les dieux.

Entre mythe et imaginaire

Adapter le mythe tragique d’Icare en un film tout public était un vrai défi pour Carlo Vogele. Il a fallu six ans pour porter à l’écran Icare et en faire un long-métrage familial qui ne dénature pas la légende. Les grandes lignes du mythe originel sont globalement respectées et on apprécie la fraîcheur des nouvelles idées apportées par le réalisateur.

Icare est moins une "tête-brûlée" que dans la légende, Astérion n’est pas une bête sanguinaire, il dévoile un caractère doux et rêveur. Le personnage d’Ariane se transforme ici en une princesse capricieuse et exubérante, sublimée par la voix de Camille Cottin (Dix pour cent, Gucci). Son père, le cruel roi Minos, a un penchant de papa poule et Thésée (Niels Schneider) est un prince frimeur.

Thésée, le vaillant prince athénien venu défier le roi Minos et son Minotaure.  (Bac Films Distribution)

Un lien fraternel avec le minotaure

L’amitié fraternelle entre Icare et le minotaure, fil rouge du film, permet de faire le lien entre la fiction et le mythe. Grâce à ce thème central, on observe les personnages grandir et faire face à leur destinée, "un peu à la manière de la saga Harry Potter", selon le réalisateur. Les préoccupations enfantines de la première partie du film deviennent des enjeux d’adultes dans la seconde. Les personnages se sont résignés à suivre leur destin tracé par les dieux, à l’exception d’Icare. Sans dévoiler l’intrigue, le jeune homme n’abandonnera jamais son but malgré les épreuves : retrouver son ami Astérion.

L'amitié fusionelle entre Astérion et Icare sera mise à rude épreuve.  (Bac Films Distribution)

Le charme d’Icare doit beaucoup à son esthétique visuelle. Un subtil mélange de 3D et de croquis colorés à la main. Ces deux techniques apportent de la profondeur aux expressions des personnages, tout en gardant l’authenticité du crayonné. Entre la maison de Dédale sculptée en forme de visage, le palais de Cnossos richement décoré et le gigantesque labyrinthe : on en prend plein les yeux. La diversité des décors et des personnages dévoile tout le talent de son dessinateur et directeur artistique, Edouard Court. "Je suis tombé sur la BD Héraklès d’Edouard et j’ai tout de suite accroché avec son trait très anguleux", nous confie le réalisateur d’Icare. Les scènes du combat de Thésée dans le labyrinthe, dessinées à grands coups de crayon noir, sont particulièrement réussies, tout comme le personnage du minotaure Astérion.

Une empreinte musicale forte

Un autre point à souligner est le travail musical réalisé pour Icare. Dès la scène d’ouverture, le spectateur est happé dans une course au rythme de Vivaldi. Un choix assumé par le réalisateur pour "apporter un souffle épique et lyrique" au récit. Aux morceaux classiques s’ajoutent des compositions originales signé André Dziezuk (Colonia, Tel Aviv on Fire), "chaque personnage à son propre thème musical", précise Carlo Vogele. Violon, luth, tambour, guitare, les influences musicales sont nombreuses à l’image de la diversité représentée par les protagonistes d’Icare.

"Icare", l'histoire du garçon qui vola trop près du soleil. (BAC FILMS DISTRIBUTION)

La fiche

Genre : animation, aventure (à partir de 8 ans)
Réalisateur : Carlo Vogele
Pays : Luxembourg, Belgique, France
Durée : 1h16
Sortie en France : 30 mars 2022
Distributeur : Bac Films

Synopsis : Sur l’île de Crète, chaque recoin est un terrain de jeu pour Icare, le fils du grand inventeur Dédale. Lors d'une exploration près du palais de Cnossos, le petit garçon fait une étrange découverte : un enfant à tête de taureau y est enfermé sur l’ordre du roi Minos. En secret de son père, Icare va pourtant se lier d’amitié avec le jeune minotaure nommé Astérion. Mais le destin bascule quand ce dernier est emmené dans un labyrinthe. Icare pourra-t-il sauver son ami et changer le cours d’une histoire écrite par les dieux ?

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