Festival de Cannes : "Les Nuits de Mashhad", un thriller iranien politique et militant inspiré d'une histoire vraie
Le réalisateur suédo-dano-iranien Ali Abbasi signe un film de serial killer pour sa première présence en compétition.
Troisième film du Suédo-dano-iranien Ali Abbasi, Les Nuits de Mashhad traite d’une affaire de serial-killer en Iran, au carrefour de la religion et de la politique. Si le film a une trame policière, l’enquête est menée par une journaliste et met au cœur de son sujet la place de la femme en Iran. Prenant et militant.
Tuer plutôt que guérir
Rahimi, journaliste dans un grand quotidien de Téhéran, arrive dans la ville sainte iranienne de Mashhad pour enquêter sur une série de meurtres de femmes prostituées des faubourgs malfamés de la cité. Elle est vite convaincue que les autorités religieuses locales ne font pas de zèle pour arrêter l’assassin qui épure à leurs yeux la ville de femmes dépravées. L’assassin, un fondamentaliste vétéran de la guerre contre l’Irak, se réclame de la justice divine dont il serait le bras armé pour purifier la ville sainte de ses péchés.
Inspiré de faits réels survenu en Iran en 2001, Les Nuits de Mashhad a toutes les qualités d’un thriller, dont le réalisateur avait déjà fait preuve dans son étrange Border en 2018. Expatrié en Suède, le cinéaste, d’origine iranienne, se sert d’un fait divers qui a vu l’assassinat de seize prostituées pour dénoncer le pouvoir des mollahs qui préfèrent voir des prostituées droguées assassinées plutôt que d’instaurer une politique socio-sanitaire.
Montage parallèle
Une des forces des Nuits de Mashhad est de dévoiler au spectateur dès le début l’identité du meurtrier et son mode opératoire. Ali Abbasi construit en montage parallèle la vie bien rangée de son assassin et l’enquête que mène une journaliste, dont la pugnacité est contrée par les autorités policières et religieuse. Son statut de femme la dessert mais sa forte personnalité remet à leur place tous ceux qui s’opposent cette empêcheuse de tourner en rond.
Filmé au plus près du réel, le récit est prenant de bout en bout, avec une interprétation remarquable de Zar Amir Ebrahimi en journaliste combative. Une reconnaissance au palmarès du festival ne serait pas étonnante. Le film ne risque guère d’être distribué en Iran mais il convainc une fois de plus du talent des cinéastes iraniens, dont la présence à Cannes est constante.
La fiche
Genre : policier
Réalisateur : Ali Abbasi
Acteurs : Zar Amir Ebrahimi, Mehdi Bajestani, Arash Ashtiani
Pays : France / Denemark / Suède / Allemagne
Durée : 1h56
Sortie : 13 juillet 2022
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Synopsis : Iran 2001, une journaliste de Téhéran plonge dans les faubourgs les plus mal famés de la ville sainte de Mashhad pour enquêter sur une série de féminicides. Elle va s’apercevoir rapidement que les autorités locales ne sont pas pressées de voir l’affaire résolue. Ces crimes seraient l’œuvre d’un seul homme, qui prétend purifier la ville de ses péchés, en s’attaquant la nuit aux prostituées.
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