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Cannes 2019. "Une Fille Facile" de Rebecca Zlotowski avec Zahia Dehar, un conte rohmérien moins futile qu'il y paraît

La Quinzaine des Réalisateurs projetait lundi 20 mai Une Fille Facile de la réalisatrice française Rebecca Zlotowski. On y suit une jeune fille de 16 ans fascinée par sa cousine, moderne courtisane pour hommes riches, interprétée par Zahia Dehar.

Article rédigé par Jean-François Lixon
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Zahia Behar et Mina Farid dans "Une fille Facile" (Film "Une Fille Facile")

Il y a deux manières de regarder Une fille Facile, de Rebecca Zlotowski (Planétarium, 2016), film présenté à la Quinzaine des Réalisateurs. La première consisterait à considérer ce film comme une plongée sordide dans les yachts qui bordent le port de Cannes et de toutes les riches stations balnéaires. Des filles gâtées par la nature côté physique s'offrent à des hommes bien pourvus par la société côté portefeuille. Dans cette configuration, l'héroïne est Sofia, interprétée par la plantureuse Zahïa Dehar. Aujourd'hui mannequin, comédienne et patronne d'une maison de lingerie. Autrefois escort-girl, elle s'était rendue célèbre en 2010 par les ennuis judiciaires de certains footballeurs célèbres avec qui s'était prostituée alors qu'elle était encore mineure.

L'autre regard

L'autre regard que l'on peut poser sur le film, et c'est sans doute celui qu'a voulu proposer la réalisatrice, est moins voyeur. Il aurait pu être conté par Eric Rohmer sous un titre du style Sofia sur les yachts. Cette fois, le rôle principal n'est plus celui de Sofia tenu par Zahia Dehar. L'héroïne s'appelle Naïma (Mina Farid), c'est la cousine de la précédente. Plus jeune qu'elle, elle vient de fêter ses 16 ans, Naïma va passer ses vacances d'été dans les pas de son aînée, découvrant la sexualité en même temps que ses aspects les moins séduisants. A peine sortie de l'enfance, Naïma est fascinée mais aussi dégoûtée par la vie de sa cousine. Elle est éblouie par les cadeaux somptueux que font à Sofia ses amants richissimes et dont elle profite indirectement. Pour elle, c'est l'été de tous les dangers : va-t-elle choisir de suivre l'exemple sulfureux de la cousine, ou continuera-t-il sa formation dans la cuisine d'un grand restaurant ? 

Le rut des classes

Rebecca Zlotowsky pose la question : des riches possesseurs de yachts affichant sans vergogne leur mode de vie face à des passants hypnotisés par l'argent ou des filles bien balancées qui portent des strings ne cachant rien de leur intimité, qui fait le plus dans l'exhibition ? Bien sûr, les jeunes femmes, dans le cas de Sofia, ne sont pas payées en espèces. Ce qui reste d'honneur est donc sauf puisque leurs prestations "amoureuses" sont récompensées par des cadeaux somptueux à aller chercher dans les boutiques de mode. Un trompe l'oeil qui permet à tout le monde de s'en sortir la tête haute. Les plus idéologues estimeront que la lutte des classes s'illustre aussi dans ces relations basées sur l'argent entre des  jeunes femmes issues souvent de milieux populaires et des hommes immensément riches.

Zahia Dehar, la réalisatrice Rebecca Zlotowsky et Clotilde Courrau montant le tais rouge de Cannes le 19 mai 2019 (SYSPEO/SIPA)

Film solaire

Le film est solaire, il peut évoquer, et la cinéaste le revendique, les films "riviéra" fançais ou italien. D'ailleurs, Zahia Dehar n'est pas sans rappeler Brigitte Bardot dans les années 60. Moins jolie que B.B., elle rayonne cependant comme elle à l'époque d'un charme presque enfantin. La ressemblance ne s'arrête pas là, Zahia joue comme la Brigitte Bardot des films de cette époque. A chacun d'y voir un compliment ou non.

Mina Farid

La présence de la jeune femme sulfureuse ne doit pas venir ternir la prestation de Mina Farid. Dans le rôle de Naïma, elle propose un jeu tout en nuances, d'un naturel désarmant et d'un réalisme qui jure parfois avec l'interprétation moins spontanée de Zahia Dehar.

L'affiche du film "Une Fille Facile" (Film "Une fille Facile")

Une fille Facile 
Film français de Rebecca Szolowski 
Avec Mina Farid, Zahia Dehar, Clotilde Courau, Benoît Magimel et Nuno Lopez 
Durée : 1h30 
Sortie Française le 28 août 2019

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