Festival de Cannes 2023 : dans "La Saga Rassam-Berri, le cinéma dans les veines", Michel Denisot recueille les confidences du discret producteur français Paul Rassam
Ces cinq dernières décennies, leurs noms sont devenus indissociables du cinéma français mais aussi de grandes productions américaines comme Apocalypse Now de Francis Ford Coppola. Le journaliste et désormais cinéaste, Michel Denisot, a co-réalisé avec Florent Maillet, un documentaire sur le clan Rassam-Berri, La Saga Rassam-Berri, le cinéma dans les veines. Le film a été présenté à Cannes Classics et la projection a été l’occasion de rendre hommage au "parrain" de ce clan, comme le qualifie Michel Denisot, le producteur français Paul Rassam. De ce dernier, le réalisateur a obtenu "carte blanche" pour le documentaire dont les acteurs l'ont découvert en même temps que ceux présents dans la salle Agnès Varda du Palais des Festivals le 20 mai. "Paul m'avait dit : 'Tu auras le final cut comme Cimino (Michael) dans L'Année du dragon (...) C'était une marque de confiance".
"Vierge médiatiquement"
Devant Thierry Frémaux, le délégué général du Festival de Cannes, la ministre de la Culture Rima Abdul Malak, la présidente de France Télévisions Delphine Ernotte ou encore la princesse Caroline de Monaco, Michel Denisot a avoué son émotion de voir ce documentaire sélectionné à Cannes. "J'étais plus fier d'être là que d'avoir gagné la Coupe d'Europe avec le PSG, ce n'est pas rien". En 1995, raconte-t-il, "j’ai commencé à entrevoir ce qu’était la famille Rassam". Il propose à Paul Rassam d'écrire un livre sur l'histoire singulière de cette famille. Ce à quoi le producteur dira non jusqu'à octobre 2022, où il lance à Michel Denisot : "Je pense que c'est maintenant." Le journaliste et animateur demande à Renaud Le Van Kim, le patron du média en ligne Brut, de le produire. Le projet est ensuite proposé à France Télévisions qui décide de l'accompagner. Le documentaire sera "fait en cinq mois".
"J’ai commencé à interviewer Paul qui, à 85 ans, était vierge médiatiquement", a confié Michel Denisot. Il tend évidemment son micro aux membres de la famille Rassam-Berri. Parmi eux, le producteur Dimitri Rassam, fils de la comédienne Carole Bouquet – qui témoigne dans le documentaire – et du frère de Paul Rassam, Jean-Pierre Rassam disparu en 1985. Thomas Langmann, fils de Claude Berri et d'Anne-Marie Rassam (la sœur de Paul et Jean-Pierre) et également producteur, a également répondu aux questions de Michel Denisot. Les cousins ont produit respectivement Les Trois Mousquetaires : D'Artagnan (2023) et The Artist (2011).
"On prend des coups, on les rend mais on ne se rend pas"
La Saga Rassam-Berri, le cinéma dans les veines s'ouvre par un entretien avec une figure incontournable du cinéma américain, Francis Ford Coppola, qui entretient désormais des liens quasiment familiaux avec les Rassam-Berri. Le documentaire de Michel Denisot et Florent Maillet est une immersion inédite dans le monde de ceux qui ont produit, et les conditions dans lesquelles ils l'ont fait, La Grande Bouffe, Nous ne vieillirons pas ensemble, Tchao Pantin, Apocalypse Now, Bienvenue Chez les Ch’tis ou encore The Artist. Des films récompensés aussi bien par des César que des Oscars. Paul Rassam évoque ainsi une vie consacrée au cinéma – alors qu'il n'y pensait pas vraiment–, le génie artistique de son frère Jean-Pierre et de sa sœur Anne-Marie – trop tôt disparus–, à l'instar de son beau-frère Claude Berri.
"Ce n'est pas facile de voir défiler sa vie, de voir son frère, sa sœur, Claude et les autres disparaître", a dit Paul Rassam à la fin de la projection tout en déclarant son amour aux Etats-Unis, un pays qui compte pour lui aussi bien sur le plan professionnel que personnel. "Je dois beaucoup à l'Amérique", a-t-il expliqué. "Je ne vous dirai pas adieu, a-t-il conclu. Je vous dirai au revoir. J'espère en faire encore un ou deux si (...) le ciel me prête vie" tout en profitant pour donner un conseil aux "plus jeunes". "Ne lâchez pas ! N'ayez pas peur ! On prend des coups, on les rend mais on ne se rend pas.".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.