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[DEAUVILLE] « Le Transperceneige », film de clôture apocalyptique

C'est le cinéaste sud-coréen Bong Joon Ho ("The Host", "Mother") qui a clôturé le Festival du cinéma américain de Deauville, samedi soir, après l'annonce du palmarès, avec "Le Transperceneige", un film de science-fiction apocalyptique adapté de la bande-dessinée éponyme des Français Jacques Lob (scénariste) et Jean-Marc Rochette (dessin).
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
"Le Transperceneige" de Bong Joon Ho
 (Wild Side Films / Le Pacte)

De Bong Joon Ho (Etats-Unis/Corée-du-Sud/France), avec : Chris Esisvans, Octavia Spencer, Tilda Swinton, Song Kang-Ho, Jamie Bell, John Hurt, Ed Harris - 2h05 - Sortie : 30 octobre 2013.

Synopsis : 2031. La terre n’est plus qu’une étendue gelée. Les derniers survivants sont à bord d’un train condamné à tourner autour de la terre. En tête se trouvent les aristocrates dans de vastes espaces aménagés, alors qu'en queue sont amassés les plus pauvres dans des conditions indigentes. Entre les deux : des wagons réservés à l'armée et à des potagers pour l'alimentation. Un homme, Proloff, tente de remonter de la queue du convoi vers la tête, pour libérer ses congénaires,

Lutte des classes
Le réalisateur coréen était accompagné de son actrice Tilda Swinton et de la veuve de Jacques Lob, scénariste de la bande-dessinée originelle qu’adapte le film, pour le présenter à Deauville. "Le Transperceneige" est à l'origine une bande dessinée publiée dans un premier temps dans feu le magazine "A Suivre" de février 1984 à septembre 2000, le scénariste Benjamin Legrand prenant le relais de Lob en 1999, suite à son décès. Le premier tome de la série, sorti en 1985, remporta le Prix Témoignage Chrétien au Festival d'Angoulême.

L’adaptation pour l’écran ne pouvait que s’avérer différente de son modèle, en raison du format, plus ramassé, mais en garde l’esprit. Bong Joon Ho réalise un très beau film de science-fiction dans les meilleurs arcanes du genre, qui sont ceux d’exposer les lacunes de notre présent, par une fable du futur. « Le Transperceneige » ne parle que de lutte des classes. Un discours marxiste qui remonte au XIXe siècle, mais que le creusement des inégalités depuis la crise financière de 2008 n’a fait que raviver.
Le magicien d’Oz
Si le discours est toujours d’actualité, comme il l’était dans les années 80 quand paraissaient les premiers épisodes du « Transperceneige » dans « A Suivre », l’adaptation qu’en donne Bong Joon Ho est quelque peu surlignée, redondante, appuyée. D’un très beau visuelle, le film souffre toutefois d’une faute de rythme dans une exposition du contexte en voix off, suivie d’une longue partie décrivant les conditions de vie des indigents avant que la révolution commence.

Celle-ci s’exprime par une très belle idée narrative, puisqu’elle consiste à remonter de la queue du train vers sa tête avec moult étapes entre les deux. Le « Ttranspeceneige » recèle dans ce contexte une référence au « Magicien d’Oz » qui n’est pas négligeable, le chemin balisé de la remontée du train équivalant à la « route de briques jaunes», l’inventeur du « Transperceneige » (Ed Harris) au magicien, et son bras droit qu’interprète Tilda Swinton à la méchante sorcière de l’Ouest (the Wicked Witch).
Toutefois, Bong Joon Ho s’enlise quelque peu dans son propos, très, peut-être trop, ambitieux. Il n’en concocte pas moins de merveilleuses images, très spectaculaires avec des performances d’acteurs formidables, notamment de la part de John Hurt et Tilda Swinton, méconnaissables, sous leurs oripeaux. Très beau et spectaculaire, fidèle à l’esprit originel, ce « Transperceneige » passe toutefois un peu à côté de ses cimes d’origine.

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