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Cannes 2018 : Kore-eda raconte avec délicatesse "Une affaire de famille" hors normes

Kore-eda Hirokazu, présent en compétition à Cannes depuis 2001, revient avec "Une affaire de famille". Il avait créé l’événement en 2004 avec "Nobody Knows" qui était reparti scandaleusement bredouille. Avec ce film, le réalisateur japonais révélait sa grande thématique : la cellule familiale dans la société japonaise. Son nouveau film y revient, en faisant le plein d’émotions.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
"Une affaire de famille" de Hirokazu Kore-eda
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Family Life

Cette famille nippone au cœur des films de Kore-eda Hirokazu réapparait après "Nobody Knows", "Still Walking", "Tel père, tel fils", "Notre petite sœur", tous projetés en compétition sur la Croisette, ou encore "Après la tempête", sélectionné à Un certain regard (à noter que le cinéaste était au festival du film policier de Beaune en avril dernier avec l’excellent "The Third Murder"). Kore-eda Hirokazu se confirme, si nécéssaire, comme un des cinéastes japonais contemporains majeurs.
Osamu et son épouse Nobuyo se sont inventé une famille en recueillant des enfants errants et en habitant chez une vieille dame qu’ils considèrent comme leur grand-mère. Généreux et aimants, ils sont parvenus à créer une cellule harmonieuse en vivant de petits boulots et de vols à l’étalage. Leur dernière recrue, Aki, une petite fille de 5 ans, n’est pas recherchée par ses parents, mais est considérée par la police comme enlevée. Quand Shota, leur "fils" d’une dizaine d’années, se fait volontairement prendre par la police, la famille explose…

L’invention d’une famille

Kore-eda Hirokazu renoue avec l’émotion de "Nobody Knows", où une jeune mère de famille abandonnait à eux-mêmes ses quatre enfants dans son appartement. "Une affaire de famille" n’en est pas très éloigné. Mais il ne s’agit plus d’une mère qui abandonne ses enfants, mais d’un couple qui recueille des enfants abandonnés. Ce qui émerveille chez le réalisateur nippon, c’est cette extrême sensibilité et générosité envers ses personnages, sans une once de pathos et une direction d’acteurs des plus juste. L’appartement exigu, son encombrement, les repas – véritables rites de la vie familiale (on mange beaucoup dans le film), la promiscuité, créés une chaleur humaine renforcée par la personnalité de ce couple stérile atypique, qui s’invente une famille.
Lily Franky et Kairi Jyo dans "Une affaire de famille" de Hirokazu Kore-eda
 (Le Pacte)
La dernière partie du film donne lieu à un coup de théâtre, avec l’intervention policière et juridique qui se confronte et s’insurge contre une organisation familiale qu’elle ne comprend pas. Kore-eda emmène sa drôle de famille jusqu’à un épilogue d’une belle maîtrise, qui prend tout son sens. Le cinéaste, réalisateur et auteur du scénario, démontre une fois de plus son talent de conteur d’histoire et de créateur de personnages. Un film magnifique, plein d’espoir, pas au sens galvaudé de "feel good movie", mais bien plus sensible : solaire.
"Une affaire de famille" de Hirokazu Kore-eda
 (Wild Bunch Distribution )

LA FICHE

Genre : Drame
Réalisateur : Kore-eda Hirokazu    
Pays : Japon
Acteurs : Lily Franky, Sakura Andô, Kengo Kora
Durée : 2h01
Sortie : prochainement

Synopsis :Au retour d’une nouvelle expédition de vol à l’étalage, Osamu et son fils recueillent dans la rue une petite fille qui semble livrée à elle-même. D’abord réticente à l’idée d’abriter l’enfant pour la nuit, la femme d’Osamu accepte de s’occuper d’elle lorsqu‘elle comprend que ses parents la maltraitent. En dépit de leur pauvreté, survivant de petites rapines qui complètent leurs maigres salaires, les membres de cette famille semblent vivre heureux – jusqu’à ce qu’un incident révèle brutalement leurs plus terribles secrets…

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