Après trois mois de fermeture, les cinémas français rouvrent enfin leurs portes lundi 22 juin
Dès lundi, les 2 000 cinémas de France seront autorisés à proposer des séances, le ministre de la Culture Franck Riester levant par ailleurs la restriction de remplir les salles à 50% de leur capacité d'accueil.
Après les musées ou restaurants, les cinémas français s'apprêtent à leur tour à rouvrir leurs portes avec de nouvelles règles sanitaires, espérant que le public sera présent à l'issue de plus de trois mois de fermeture.
Dès lundi 22 juin pour certains, mercredi 24 pour d'autres, la très grande majorité des 2 000 cinémas de France proposeront à nouveau des séances. D'abord réduites à une jauge de 50% de leur capacité d'accueil, selon les préconisations du guide sanitaire élaboré par la Fédération nationale des cinémas français (FNCF), le ministre de la Culture Franck Riester a levé cette restriction dimanche 21 juin. Toutefois, les spectateurs seront toujours séparés par un siège s'ils n'appartiennent pas au même groupe.
Fauteuils libres de chaque côté des spectateurs ou groupes (familles, couples...), séances espacées pour éviter de se croiser, flux de circulation organisés et distance d'au moins un mètre dans les files d'attente, port du masque recommandé dans les halls et couloirs, vente de billets sur internet privilégiée ou désinfection régulière des locaux feront aussi partie des mesures mises en place, avec la volonté de rassurer les spectateurs.
"Un seul mot : enfin !"
Alors que la FNCF lance une campagne de communication avec le mot d'ordre "Tous au cinéma", les exploitants ne cachent pas leur impatience de voir le public revenir dans les salles. "Un seul mot : enfin !", lance Emmanuel Delesse, directeur de l'exploitation au sein du groupe UGC, l'un des trois principaux acteurs du secteur en France avec près de 400 salles.
"Nous sommes très impatients", renchérit Aurélien Bosc, président des cinémas Pathé Gaumont, premier circuit en France avec 903 écrans et un quart de la fréquentation totale. Pour lui, le coût des mois de fermeture "se chiffre en dizaine de millions d'euros de pertes".
La réouverture dans ce timing et avec ce protocole sanitaire reste un gros défi pour un gros circuit comme le nôtre.
Aurélien Bosc, président des cinémas Pathé Gaumont
Et pour l'ensemble des exploitants de salles, la crise et l'arrêt de l'activité représentent selon une estimation de la FNCF près de 60 millions d'entrées perdues (de début mars à fin juin par rapport aux années précédentes), soit une perte de près de 400 millions d'euros.
"Une période laboratoire"
"Nous sommes assez confiants. On a fait pas mal d'enquêtes clients, qui disent l'envie des gens de revenir au cinéma". Selon un sondage Médiamétrie, 18,7 millions de Français déclarent avoir l'intention d'aller au cinéma dans les quatre prochaines semaines, soit 45% des spectateurs de cinéma des 12 derniers mois, avec, une envie plus forte chez les habitués (75%) et les Parisiens (59%).
Un retour en salles sur lequel table aussi Isabelle Gibbal-Hardy, directrice du Grand Action dans le Quartier Latin, et présidente du réseau des Cinémas indépendants parisiens (CIP), qui fédère 28 salles de la capitale. "On rouvre doucement et on s'attend à un retour de nos spectateurs en salles dès le départ", souligne celle qui se dit "raisonnablement optimiste", tout en reconnaissant que ce sera "une période laboratoire", pendant laquelle "la programmation ne sera pas identique à celle de d'habitude".
Car si de nombreux titres seront à l'affiche dès lundi, beaucoup seront des films déjà sortis avant le confinement et de retour sur les écrans, parmi lesquels De Gaulle de Gabriel Le Bomin ou la comédie La Bonne épouse de Martin Provost, avant de premiers blockbusters attendus fin juillet (Mulan de Niki Caro ou Tenet de Christopher Nolan).
Une situation "très fragilisée"
Sorti le 11 mars avec un très bon démarrage (171 000 spectateurs en quatre jours), La Bonne épouse, dont la carrière avait été stoppée net le 14 mars, ressortira dans près de 800 salles. "On essaie de faire réexister au maximum le film", explique Alexandre Mallet-Guy, distributeur du film avec sa société Memento. Pour lui, la situation est "vraiment très fragilisée" pour les distributeurs indépendants, alors que "se pose la question de savoir si le public va revenir en salles rapidement".
Beaucoup d'exploitants, dont moi, sommes très inquiets de la réouverture, qui va sûrement nous mettre dans une situation financière très fragile.
Thierry Tabaraud, directeur de cinq cinémas
Des inquiétudes partagées par les exploitants. Pour le président de la FNCF Richard Patry, "c'est l'année de tous les dangers". Des craintes qui existent aussi pour un certain nombre de salles à Paris, car, indique Isabelle Gibbal-Hardy, "notre équilibre économique est très difficile à atteindre, vu le prix de l'immobilier". "Il va falloir une vigilance énorme", résume Richard Patry.
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