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Les Cahiers d'Esther de Riad Sattouf, tome 4 : ça y est, Esther devient une ado !

Le récit en bande dessinée du quotidien d'une vraie adolescente (en devenir) revient pour un quatrième volet, toujours aussi kiffant. 

Article rédigé par Manon Botticelli
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Riad Sattouf sort le 4e tome des Cahiers d'Esther.  (RIAD SATTOUF / ALLARY EDITIONS / PHOTOPQR/LE PARISIEN/MAXPPP)

Depuis quatre ans, le dessinateur Riad Sattouf, également auteur de L'Arabe du futur, chronique la vie d’Esther, une vraie collégienne qui nous raconte son quotidien. Les 52 planches, pour 52 petites histoires, paraissent dans l’Obs et sont rassemblées dans un album chaque année. Un projet qui devrait se poursuivre, l'auteur l'espère, jusqu’aux 18 ans d’Esther. Dans ce tome 4 paru le 16 mai, on retrouve Esther à 13 ans, tout juste sortie de l’enfance.

Cette année, la jeune fille entre en classe de cinquième. Depuis ses 11 ans, et le début de la série, certaines choses n'ont pas changé : les garçons sont "cons" et violents, il faut absolument avoir un Iphone et les planches sont colorées d'une ou deux teintes dominantes qui rythment les histoires. On retrouve la plume drôle de Riad Sattouf, l’esprit vif mais candide d’Esther qui nous raconte des scènes de vie, avec un langage parfois fleuri. Pour les non habitués des locutions "ouèche" ou "j'men balek" d'usage, pas de panique, Esther prend soin de vous traduire son "langage de rue". Même Riad Sattouf nous explique apprendre de nouvelles expressions en échangeant avec la vraie Esther : "Elle m'a par exemple appris l'expression 'elle est refaite', qui veut dire : 'elle prétend être quelqu'un d'autre'", avance celui qui a dessiné la couverture du Petit Robert 2020.

Conscience politique

Les Cahiers d'Esther ouvrent une fenêtre sur un monde qui nous est familier mais qui nous échappe aussi parfois : car on a beau avoir été des ados, on ne les comprend pas toujours. "Dans adolescence j'entends aussi 'obsolescence'. J'adore le fait que les ados d'aujourd'hui deviendront les adultes de demain, déclassés par les nouvelles générations", avance le bédéiste dont l'enfance est un des thèmes de prédilection. Au fil des albums, le lecteur voit la jeune fille évoluer, s'interroger, passer du statut d'enfant à celui d'adolescente.

Planche du tome 4 des Cahiers d'Esther.  (RIAD SATTOUF / ALLARY EDITIONS)


De nouvelles thématiques se développent, sous l'œil curieux de la jeune fille : "Balance ton porc", les inégalités "C'est intéressant de voir comment elle commence à avoir une petite conscience politique qui apparaît", explique Riad Sattouf. Cinquante-deux scènes de vie se succèdent par tome, et pourtant les sujets ne manquent pas. "En général quand elle n’a rien à raconter on finit toujours par trouver une histoire à base de détails", raconte l'auteur qui précise converser avec Esther de manière épisodique et informelle.

"Les histoires d'enfants sont rarement pour enfants"

Des histoires de garçons, en passant par la sexualité et les codes de la cour de récréation, le dessinateur souhaite raconter le quotidien de la jeune fille, sans fard. "C'est la voix d'une petite fille qui parle de sa vie et de son quotidien", avance l'auteur. Un univers qui se révèle parfois cruel. "Je suis toujours stupéfait de la façon dont les garçons parlent aux filles", raconte-t-il. "Je pense que le monde est de plus en plus sexiste." Si des enfants lisent Esther, le bédéiste ne destine pas son travail à ce public : "Les histoires d'enfants sont rarement pour enfants", explique l'auteur.

Planche du tome 4 des Cahiers d'Esther.  (RIAD SATTOUF / ALLARY EDITIONS)

L'album Les Cahiers d’Esther n'en demeure pas moins un petit succès. Les trois premiers tomes se sont déjà vendus à 500.000 exemplaires. Une popularité qui ne menace pas encore l'anonymat de la vraie Esther, selon l'auteur : "Je change les lieux, les têtes … je transforme le réel pour qu'on ne puisse pas la reconnaître. C'est parfois un peu compliqué, il y a des choses que je dois bien cacher." Ce secret conduit parfois à des situations cocasses, dont une est racontée dans ce 4e tome. Indice : "Esther voit qu'elle a des copines qui connaissent la BD sans savoir qu’elle est l’héroïne", raconte Riad Sattouf.

Couverture du tome 4 des Cahiers d'Esther.  (RIAD SATTOUF / ALLARY EDITIONS)

Les cahiers d'Esther, Riad Sattouf
(Allary - 54 pages couleurs - 16,90€ - paru le 16 mai)

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