Festival BD d’Angoulême : Hiroaki Samura, au-delà de l’infini

Le Festival d’Angoulême rend hommage au mangaka Hiroaki Samura à travers une exposition consacrée essentiellement à son œuvre culte "L’Habitant de l'infini".
Article rédigé par Laetitia de Germon
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Entrée de l'exposition Hiroaki Samura à Angoulême (© Laetitia de Germon)

L’Habitant de l’infini est un manga de sabre publié au Japon entre 1993 et 2012. Si le festival a choisi de mettre en avant ce titre, c'est parce que “cette série est celle qui a vu naître Hiroaki Samura en tant qu’auteur, puisqu’il a commencé avec", explique le commissaire de l’exposition Fausto Fasulo.

Manji est un samouraï sans maître, quasiment immortel, errant sur les routes du Japon médiéval. Afin d'expier les crimes qu'il a commis et pour recouvrer sa mortalité, il devra tuer 1 000 scélérats. Contrairement aux apparences, ce n'est pas juste un manga de sabre, c'est un titre rempli de poésie, de costumes d'époque, de scènes de combats incroyables, le tout servi par un dessin tout en hachures, en mouvements, mais aussi parfois très posé, presque contemplatif.

L'Habitant de l'infini, de Hiroaki Samura (© Laetitia de Germon)

Avec plus d'une centaine de planches et d'illustrations originales couvrant l’intégralité de la série, le visiteur est invité, à travers quatre salles, à errer dans un Japon féodal où lames et chairs se toisent, se touchent et s’amalgament.

L'exposition permet de voir le dessin et les techniques du mangaka évoluer, ses obsessions graphiques, ses thématiques, notamment pour le corps qui a une place très importante dans l’exposition qui s’intitule d’ailleurs Hiroaki Samura : corps et armes.

L'Habitant de l'infini, de Hiroaki Samura (© Laetitia de Germon)

Le travail de la couleur

Le rouge est très présent dans les dessins en couleur d'Hiroaki Samura. Une pièce est d'ailleurs consacrée à cette partie de son travail. Cela donne un espace très intéressant, presque agressif visuellement comparé aux autres pièces en noir et gris et dont l'univers est plus éthéré.

Hiroaki Samura et la couleur (© Laetitia de Germon)

Hiroaki Samura dessine avec des stylos feutres très fins, après avoir travaillé longtemps au crayon. Il a un rapport à la peinture à l'huile très intéressant car il déteste l'utiliser. À chaque fois qu'il doit le faire, c’est un calvaire pour lui, et pourtant cela ne se ressent pas dans ses dessins. S'il continue à utiliser cette technique c'est parce qu'il l'a étudiée à l’université et qu'il ne veut pas perdre son niveau. Il s'en sert le plus souvent pour réaliser des illustrations, qui sont souvent des commandes de dessins bonus, de couverture… 

Peinture à l'huile d'Hiroaki Samura (© Laetitia de Germon)

Déraison et sentiment

C'est le thème de la dernière pièce de l'exposition qui est dédiée à l’aspect contemplatif, poétique et calme du manga. On y évoque le fait que l’auteur a abandonné Manji au profit d’autres personnages, dont des personnages féminins, notamment Rin.

Un peu de sentiment de un monde de brutes (© Laetitia de Germon)

Publié en France en 1994 chez Casterman et aux États-Unis en 1997 chez Dark Horse Comics, L’Habitant de l’infini est considéré comme une oeuvre culte par plusieurs auteurs comme Geof Darrow (Big Guy & Rusty le garçon robot), Masashi Kishimoto (Naruto) ou encore Tatsuki Fujimoto (Chainsaw Man). D’ailleurs, dans l'exposition il y a un hommage de Masahi Kishimoto à L’Habitant de l’infini et un hommage de Samura à Naruto.

Hommage de Hiroaki Samura à "Naruto" et hommage de Masahi Kishimoto à "L’Habitant de l’infini" (© Laetitia de Germon)

En France, L'Habitant de l'infini a été rééditée en Perfect edition chez Casterman avec une nouvelle traduction française et un nouveau lettrage.

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