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Back Home

Au cinéma le 9 décembre
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Jouez et gagnez des places pour découvrir Back Home un film de Joachim Trier avec France Info !

 

Synopsis

Alors que se prépare une exposition consacrée à la célèbre photographe Isabelle Reed trois ans après sa mort accidentelle, son mari et ses deux fils sont amenés à se réunir dans la maison familiale et évoquer ensemble les fantômes du passé…

Entretien avec Joachim Trier

*« Après mon premier long métrage, REPRISE, j’ai été sollicité aux Etats-Unis. J’ai commencé à lire des scénarios en anglais et à recevoir différentes offres. J’ai rencontré pas mal de gens au sein de l’industrie du cinéma américain, mais je ne suis pas parvenu à trouver un projet qui corresponde à mes envies artistiques. Nous avions plein d’idées, avec Eskil Vogt mon scénariste, du coup il nous paraissait plus naturel d’utiliser celles-ci plutôt que de travailler à partir d’un scénario existant. Il ne faut pas oublier que je viens d’un pays dont la langue n’est parlée que par cinq millions de personnes, c’est pourquoi il était évident pour moi d’aller étudier à Londres où j’ai réalisé trois courts métrages en anglais, tous primés. Eskil et moi avons toujours voulu faire des films pour un public international, à ce titre l’accueil enthousiaste qui a accompagné les sorties de REPRISE et OSLO, 31 AOUT dans plusieurs pays à travers le monde a été une expérience très gratifiante. C’était intéressant de constater le paradoxe entre la spécificité culturelle de ces films et leur dimension finalement très universelle. Forts de cette leçon, nous avons effectué de nombreuses recherches avant de nous lancer dans BACK HOME, tant au niveau du contexte américain que des personnages. Je crois sincèrement que, au-delà de votre langue maternelle, c’est votre langage cinématographique qui vous définit comme cinéaste. De plus, tourner en anglais permettait de travailler avec des comédiens incroyables à la renommée internationale, ce dont j’avais envie depuis longtemps. Cinéphile depuis mon plus jeune âge, j’ai grandi en regardant des films du monde entier. Une fois adulte, ce serait également tout naturel d’aller à la Cinémathèque d’Oslo pour voir le même soir un film français de

Louis Malle, un film japonais d’Ozu ou un film américain de Sidney Lumet. Pour moi, le cinéma a toujours été un moyen de transcender les barrières linguistiques. »*

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« J’ai fait beaucoup de recherches sur le reportage de guerre, bien que le film ne parle pas seulement de ça. […] Dans BACK HOME, je voulais que le quotidien du reporter de guerre soit montré de la manière le plus juste possible. Nous avons reçu le soutien de plusieurs agences parmi les plus prestigieuses comme Magnum et VII. Nous avons utilisé le travail de différents photographes pour créer celui d’Isabelle, parmi les clichés qui sont à l’écran il y en a plusieurs de la française Alexandra Boulat, que j’admire tout particulièrement. Son sens de l’humanisme est tellement évident et est combiné à une sensibilité photographique qui rend ses images différentes des autres. Le souvenir d’Isabelle, tant au niveau individuel que collectif, semble constituer le pivot émotionnel du film. Evoquons maintenant cette dynamique et l’importance de la mémoire dans votre travail. Je trouve à la fois fascinante et déroutante l’idée que nos souvenirs puissent forger notre identité. Dans le film, j’essaie de montrer le processus si particulier du souvenir. Je voulais éviter les clichés du genre où nous assistons à la mort de la mère et tout le monde est là à pleurer. Notre histoire démarre trois ans après sa disparition tragique, et raconte les conséquences de celle-ci, comme un jeu de dominos, sur la vie de trois hommes qui essaient chacun à leur manière d’aller de l’avant. Il est intéressant de voir comment la vie de famille vous oblige à l’introspection et à une réévaluation constante de vous-même. Pourquoi la perception des parents peut différer au sein d’une même fratrie ? Comment pouvez-vous trouver un langage commun, tout en ayant parfois envie de rompre ?

Les souvenirs sont faits à la fois d’espoir et de désespoir. Quand ils parlent de leur chagrin, les gens évoquent souvent un sentiment d’immobilité, un souvenir qui serait figé. Comme j’essaie de le montrer dans le film, le fait de nous réévaluer en permanence nous donne la possibilité d’échapper à ce carcan. Il y a une scène où Conrad, le plus jeune des deux frères, se souvient d’une partie de cache-cache avec sa mère durant son enfance. Alors qu’il y pense pour la première fois depuis de nombreuses années, il prend conscience du point de vue maternelle, et comment sa mère avait envie de partager ce moment avec lui en dépit du fait qu’elle savait où il se cachait. La perception que nous avons de nos vies personnelles autorise toujours un changement de point de vue qui peut être libérateur. C’est pourquoi j’ai l’impression que BACK HOME est plus optimiste que ne le laisse paraître son côté mélancolique. »

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Joachim Trier , né en 1974 à Copenhague, a grandi dans une famille dont le grand-père, Erik Loechen, était réalisateur (JAKTEN/LA CHASSE sélectionné en compétition officielle festival de Cannes 1960) et dont les parents travaillaient dans le milieu du cinéma. Il tourne son premier film en 8mm à l’âge de 5 ans. Après avoir été champion de skateboard au niveau national - un sport qui lui inspire plusieurs vidéos, il entre au European Film College au Danemark, avant d’intégrer à 23 ans la National Film and Television School de Londres, dont il ressort diplômé.

Son second long métrage, OSLO, 31 AOUT, a été présenté au Festival de Cannes 2011, dans la section Un Certain Regard

Son nouveau film, PLUS FORT QUE LES BOMBES, tourné aux Etats-Unis en anglais avec Gabriel Byrne, Isabelle Huppert et Jesse Eisenberg, est présenté en Compétition au Festival de Cannes

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