À Toulouse, le monde infiniment petit de la plasticienne Liliana Porter offre une vision poétique et ludique sur la réalité

Les Abattoirs de Toulouse mettent en lumière le travail de l'artiste Liliana Porter. Peu connue en France, cette plasticienne américano-argentine offre pourtant un regard singulier sur la société contemporaine. La rétrospective qui lui est consacrée jusqu'au 27 août 2023 permet de découvrir plus de cent œuvres des années 1960 à aujourd'hui.

Des installations poétiques

Dans les allées des Abattoirs de Toulouse, les figurines de Liliana Porter racontent une multitude d'histoires du quotidien. Les êtres qu'elle place dans ses installations interpellent le visiteur sur les notions du temps, de la mémoire.

Il y a cette grand-mère qui tricote une immense pelote rose bonbon, ces peintres en bâtiment face à un grand mur blanc ou encore une ces deux balayeuses qui ramassent des objets provenant d'époques différentes. Autant de petites saynètes qui font écho aux souvenirs qu'on garde des époques différentes de nos vies.

Ces objets glanés dans les marchés aux puces confrontent ces petits personnages de quelques centimètres à l'immensité du monde. Un jeu d'échelle vertigineux qu'affectionne l'artiste. "Cette série s'appelle Travail forcé. Souvent en peinture les ouvriers du bâtiment ou les femmes de ménage sont peu représentés. Lilliana Porter donne à ces personnages une sorte de poésie qui d'habitude est absente de l'histoire de l'art", explique Annabelle Ténèze, conservatrice en chef. 

À l'occasion de cette exposition inédite en France, Liliana Porter âgée de 82 ans est venue spécialement dans la ville rose. Sur place, elle a créé deux nouvelles œuvres.

Une artiste, plusieurs vies

Très connue Outre Atlantique, Liliana Porter explore différentes techniques. Gravure, peinture, sculpture, photo ou vidéo, elle porte la plupart du temps un regard poétique sur les sujets qu'elle aborde. 

L’exposition des Abattoirs est conçue comme une traversée de son art où l'on découvre sa recherche au long cours sur la perception de la réalité. "Ce qui est très étonnant avec Liliana Porter, c'est que l'on a l'impression qu'elle a plusieurs vies. Au début des années 1960, elle réfléchit à la gravure, le Pop Art, l'affiche politique latino-américaine. Puis elle développe tout une série d'œuvres en intégrant le corps, le papier. Elle va être une des seules femmes artistes des mouvements conceptuels et minimalistes", détaille encore la conservatrice. A partir des années 1970, la photographie lui permet d'intégrer des images de son propre corps à des dessins notamment muraux, en écho aux préoccupations des artistes féministes de cette époque. Arrivée 1964 aux Etats-Unis, aujourd'hui elle réside et travaille à New York.

Exposition "Liliana Porter - Le jeu de la réalité" aux Abattoirs de Toulouse jusqu'au 27 août 2023. 
Ouvert tout l'été du mercredi au dimanche de 12h à 18h Plein tarif : 9 € Demi-tarif : 7 € ou 6 €