René Burri, photographe du mouvement, à la MEP
Il y a dix ans, la MEP consacrait une rétrospective à René Burri, l'auteur de célébrissimes portraits du Che. Cette exposition-ci n'est pas une rétrospective, mais elle parcourt aussi toute son œuvre, depuis une de ses premières photos, celle de Winston Churchill debout dans une voiture, en visite officielle en Suisse en 1946 (René Burri a alors 13 ans). Ou une autre, de son premier reportage sur une école pour les sourds-muets en 1955.
Un photographe fasciné par le mouvement
Avant de faire de la photo, René Burri, né en 1933 à Zurich, voulait faire du cinéma. Il est resté fasciné par le mouvement. Une idée qu'on retrouve dans la centaine de photos exposées ici. Le mouvement d'enfants qui jouent, sur une plage de Rio, dans la rue en Suisse ou à Chicago. Le mouvement du reflet sur une vitre qui regarde les gratte-ciel de New-York ou celui de soldats en action dans un champ au Vietnam en 1963.
Entré à l'agence Magnum en 1955, René Burri a parcouru la terre entière, du Proche-Orient à la Chine, de l'Argentine aux Etats-Unis en passant par Cuba. "J'ai mené une double vie en matière de photographie, une en noir et blanc et une en couleur", disait-il l'an dernier à l'occasion de la publication d'"Impossibles réminiscences" (Phaïdon), consacré à son travail en couleur.
Une double vie de photographe
Quand il partait en reportage, il avait toujours deux appareils, un en noir et blanc et un en couleur. Et à côté du travail qu'on lui avait commandé, il faisait toujours des images plus personnelles, souvent en couleur, car à ses débuts du moins, on lui demandait généralement du noir et blanc.
L'exposition couvre ces deux aspects de son travail, les photos en noir et blanc étant plus souvent de pures images de reportage, mais aussi des portraits d'artistes comme cette extraordinaire photo du Corbusier étudiant un plan entouré de moines en robes. Des images poétiques comme celle d'un arbre et d'un couple qui se détachent sur le ciel à Brasilia ou de mouettes volant au premier plan devant une plage à Long Island. Ou cette belle photo d'un enfant en filigrane derrière un rideau, qui passe ses doigts à travers un trou.
Des photos sans légende
Il n'y a aucune légende sous les photos, pour qu'on les regarde sans être distrait. On trouve quand même une feuille à l'entrée de chaque salle qui permet de les situer. Pas toujours, pourtant. De cette photo de 1963, on ne saura pas où elle a été prise. A Jérusalem ? A un carrefour d'une ville du Proche-Orient se croisent un homme en keffieh conduisant son âne, des femmes et des hommes habillés à l'occidentale, un prêtre orthodoxe en robe. Au milieu passe une belle voiture américaine rouge.
On verra des images de guerre et d'autres plus joyeuses, comme un parc d'attraction hyper coloré à Zurich.
De petits triptyques évoquant des séquences cinématographiques montrent des enfants qui jouent, une corrida, une parade aérienne.
René Burri, Mouvement, Maison européenne de la photographie, 5/7 rue de Fourcy, 75004 Paris
Du mercredi au dimanche de 11h à 20h
Fermé lundi, mardi et jours fériés
Tarifs : 8€ / 4,5€, gratuit le mercredi de 17h à 20h
Du 10 septembre au 12 octobre 2014
A voir aussi à la MEP en ce moment, l'exposition "Afrique(s)" de Pascal Maître, qui parcourt le continent depuis 25 ans, de l'Erythrée et la Somalie à la République démocratique du Congo et au Niger, nous montrant les couleurs et le chaos de Kinshasa ou Mogadiscio ravagée par la guerre dans de grands tirages particulièrement saisissants. Au-delà de la politique et des guerres, il s'intéresse aussi à la culture et à la société, photographiant des cérémonies traditionnelles ou l'ambiance des bars de nuit.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.