Rencontres de la photographie d'Arles 2024 : les artistes japonaises mises à l'honneur

Un vent d'Asie souffle sur la 55e édition du plus grand festival de photo, dont le programme a été présenté vendredi.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3 min
La photo de l'affiche de l'édition des Rencontres de la photographie d'Arles est signée cette année par la photographe Espagnole, Cristina de Middel. Une pierre sur le chemin ("Una Piedra en el Camino") appartient à la série Voyage au centre (2021). (CRISTINA DE MIDDEL/ MAGNUM PHOTOS)

Le programme des 55e Rencontres de la photographie d'Arles, qui se dérouleront du 1er juillet au 29 septembre a été présenté au ministère de la Culture vendredi 22 mars, en présence de Rachida Dati. Pour leur édition 2024, où le Japon sera à l'honneur, les Rencontres immergeront les visiteurs "sous la surface", pour remettre en lumière les photographes japonaises, offrir une autre lecture du drame de Fukushima ou exhumer les graffitis. 

"Un vent d'Asie souffle sur le festival" avec cinq expositions sur le Japon, mais aussi deux en liaison avec la Chine et une avec l'Inde", précise à l'AFP Christoph Wiesner, le directeur des Rencontres. Parmi les 41 expositions présentées dans 27 lieux arlésiens, Quelle joie de vous voir réunira le travail de plus de 20 artistes japonaises des années 1950 à nos jours, avec "une volonté forte de redonner cette visibilité aux femmes photographes", pour Aurélie de Lanlay, directrice adjointe des Rencontres.

Rendre les femmes photographes plus visibles

"L'idée remonte à 2019 voire 2018, au moment où l'une des contributrices d'une Histoire mondiale des femmes photographes (...) a fait une recherche sur les femmes photographes japonaises pour écrire un certain nombre de notices biographiques et où elle s'est aperçue qu'en fait, il y en avait beaucoup plus que ce qu'elle avait trouvé au départ", retrace Christoph Wiesner.

Le titre donné à la programmation 2024, Sous la surface, "vient au départ d'une des photographes japonaises, la doyenne Ishiuchi Miyako, (...) très connue pour le travail qu'elle a fait après le décès de sa mère", précise-t-il.

Tagueurs nés 

Cette volonté "d'aller chercher des choses qui surprennent", selon lui, s'illustrera aussi dans une exposition consacrée au graffiti puisque, selon son commissaire Hugo Vitrani, "l'humanité est née tagueuse". "Le graffiti, par son essence, est quelque chose d'éphémère. Il existe depuis toujours, il y en avait déjà dans des grottes et la documentation qui nous reste, c'est soit le graffiti que l'on trouve", soit celui qui a été recouvert et dont "seule reste la trace photographique", détaille Christoph Wiesner.

Une grande exposition monographique sera à nouveau proposée dans une église emblématique du centre d'Arles, celle des Frères prêcheurs, que s'appropriera la photographe espagnole Cristina de Middel, qui signe le cliché illustrant l'affiche 2024. Déjà exposée aux Rencontres il y a quelques années, elle revient avec un travail à la fois documentaire et onirique sur la traversée migratoire du Mexique vers les Etats-Unis. Elle y décrit un peu différemment ce périple, fruit d'une "décision radicale, comme si on décidait de se couper de ses racines du jour au lendemain", relève Christoph  Wiesner. Un moyen de raconter l'histoire des migrations comme autant de parcours "d'héroïsme ou d'épopée".

Une rétrospective de l'œuvre de l'Américaine Mary Ellen Mark

Les personnes en marge trouveront aussi refuge dans le travail de la documentariste et portraitiste américaine Mary Ellen Mark, dont le festival accueillera la première rétrospective mondiale, à l'Espace Van Gogh, où les laissés-pour-compte côtoieront ses clichés de personnalités célèbres.

Dans ce même lieu seront présentées les images de photographes japonais de la catastrophe nucléaire de Fukushima, façon d'adopter une "perspective de l'intérieur" pour Christoph Wiesner, alors que sur cet événement les images de photographes étrangers sont souvent davantage connues.

L'église des Trinitaires mettra son architecture gothique tardive au service du "Groupe de Cali", une constellation d'artistes née dans les années 1970 et 1980 en Colombie et empruntant des références au gothique et au vampirisme. Ils utilisent "un angle poétique pour entrer dans une critique sociale et politique très forte puisque c'est aussi une période où le trafic de drogue commence à devenir très important", indique le directeur. Avec Finir en beauté, Sophie Calle nous conduira dans les soubassements des cryptoportiques, pour une inhumation insolite.

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