Louis Jammes ressuscite "Les Ombres du Monde" à la Plomberie d'Epinal
Louis Jammes ressent et vit la rue comme l'expression de tout son art. Les êtres qu'il fait naître ou renaître sortent de ses photos comme des fantômes, des icônes ou des anges.
L'association "La Lune en Parachute" a accroché sur les murs de la Plomberie d'Epinal des photographies grand format en noir et blanc, qui racontent le parcours émouvant et éprouvant de l'artiste. On y croise Warhol et Basquiat, mais aussi des anonymes asphyxiés par Tchernobyl et des anges qui s'évadent des conflits armés.
"Les Ombres du Monde" retracent 25 ans d'images prégnantes et atypiques des grands événements tragiques de l'histoire contemporaine.
Reportage : F. Gaillet, E. Molotdzoff / L. Dulac
Lorsqu'il part à Tchernobyl en 1990, quatre ans après l'explosion de la centrale nucléaire, Louis Jammes revient avec des clichés qui racontent d'abord la vie des hommes et des femmes. Le photographe regarde le monde, les visages et les yeux qu'il capte témoignent en toute pudeur de l'horreur du monde. "La pratique de la photographie m'a amené sur le terrain de différentes catastrophes liées à l'histoire contemporaine. J'avais envie de prendre parti ou d'en faire partie", déclare-t-il. Photoreporter, son regard n’est pas celui du correspondant de guerre : il ne souhaite pas "informer", ni rendre compte d’une réalité barbare, il souhaite élever les victimes, le plus souvent des enfants et leur rendre une dignité humaine. Sa démarche est plus "de l'ordre du ressenti et du vécu de son propre regard sur le monde" analyse Sophie Grigliatti-Bey, la coordinatrice de l'exposition d'Epinal. Pour sa série "les Anges de Sarajevo", il capte les personnages dans les rues lors du siège de la capitale bosniaque dans les années 90 et leur donne un visage et des ailes d'ange. Puis il colle ces portraits géants sur les murs détruits de la ville assiégée. Et soudain, la vie semble paradoxalement reprendre ses droits par l'apparition de ces anges sur les murs de la ville. Impression de paix, de nostalgie, de beauté. Peintre-Photographe inspiré par la rue
Louis Jammes est à la fois peintre et photographe. Son approche du modèle ou de l'événement fait appel dans un premier temps au travail de photographe. Capter, déclencher, développer. Après le passage en labo photo, il explore la matière, donne des indications supplémentaires, ajoute des reliefs avec de la peinture. Pour ses anges, il peint au moment du développement des ailes sur ces enfants secoués par le chaos leur offrant ainsi une forme d'immortalité. "On retrouve dans ces inscriptions un petit côté street art inspiré de Basquiat, d'ailleurs il est très proche de l'art de la rue, pendant les révolutions arabes il est allé coller dans Le Caire ses affiches". L'oeil de l'artiste regarde les artistes
Dès le début de sa carrière, Louis Jammes a toujours fait le lien entre le monde de la presse et le monde de l'art. Au début des années 80, il commence par photographier des peintres célèbres comme Julian Schnabel, Keith Haring, Jean-Michel Basquiat, Robert Combas, ou encore Andy Warhol, plongés dans un décor fabriqué rappelant l'univers de leur oeuvre. "J'ai toujours préféré les artistes à leurs oeuvres" dit-il.
Invité sur le plateau de Thierry Ardisson dans l'émission "Lunettes noires pour nuits blanches", Louis Jammes explique les différentes étapes de son travail : en laboratoire photo, en peinture ou en dessin. Russie, Afrique, révolutions arabes, Louis Jammes et "Les Ombres du Monde" à la Plomberie d'Epinal
Jusqu'au 7 mars 2015.
Mercredi - samedi : 13h - 18h
Dimanche : 15h - 19h
Entrée Libre, Visites commentées sur rendez-vous
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