Le Musée de Grenoble raconte une histoire d'images grâce à l'incroyable collection d'Antoine de Galbert

Ce grand collectionneur de photographie a fait don au Musée de Grenoble, en Isère, de son fonds d'images du monde entier. Un panorama de la société contemporaine vue par des grands photographes, mais aussi des anonymes.
Article rédigé par Odile Morain
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3 min
Exposition "Une histoire d'images. Donation Antoine de Galbert" au Musée de Grenoble (Isère) jusqu'au 3 mars 2024. (FRANCE 3 ALPES)

Les murs du Musée de Grenoble, en Isère, n'en finissent pas de nous raconter le monde. 270 clichés offerts par le collectionneur Antoine de Galbert ont pris place jusqu'au 3 mars 2024 dans l’exposition intitulée "Une histoire d’images".

L’ensemble donne à voir un kaléidoscope impressionnant de notre époque et du rôle déterminant joué par la photographie dans l’élaboration de nos perceptions et des mythologies contemporaines.

au musée de Grenoble.
Exposition "Une histoire en images" au musée de Grenoble. (FRANCE 3 ALPES / D. Borrelly / A. Kebabti / M. Ducret)

Martin Parr, Dorothea Lange, Alexandre Lewkowicz ou encore Bernard Descamps, le parcours présente les œuvres de 95 photographes illustres ou méconnus, témoins d'un siècle de tumulte, mais aussi d'humanité.

Alexandre Lewkowicz, "Les Gitans, La Courneuve", 1966. (ALEXANDRE LEWKOWICZ)

Lendemains d'apartheid en Afrique du Sud, soulèvement du peuple iranien hier et aujourd'hui, adoration de la monarchie britannique, chaque photo donne un aperçu géopolitique de la société contemporaine. Ce fond d'images renvoie, sans exhaustivité, à des événements marquants de l’histoire, mais aussi à quelques personnalités, figures emblématiques de l’oppression ou de la libération des peuples. Le voyage transporte le visiteur à l'autre bout du monde ou juste en bas de chez lui.

"The Queen Visiting the Draper’s Livery Hall of the Drapers' Livery Company on their 650th Anniversary, 2014", Martin Parr. (MARTIN PARR / MAGNUM PHOTOS / CLEMENTINE DE LA FERONNIERE GALLERY)

La frontière entre le reportage et la photographie esthétique est parfois ténue. "On est dans un musée et les images que l'on présente sont des œuvres d'art, même si elles peuvent renvoyer au photojournalisme et à tous ces grands reporters qui courent le monde pour nous informer sur ce qui se passe, mais quand ils sont véritablement talentueux, ils passent un cran supérieur et leur image va devenir une icône et une œuvre d'art", précise Guy Tosatto, directeur du Musée de Grenoble. En témoigne cette photo prise à New York par le photographe américain Chester Higgins en pleine première guerre du Golfe.

Chester Higgins, "A Young Muslim Woman in Brooklyn, 1990". (CHESTER HIGGINS JR / BRUCE SILVERSTEIN GALLERY)

Un matin, je suis sorti de chez moi dans le quartier de Fort Greene à Brooklyn, j’ai levé les yeux et j’ai été captivé par cette femme vêtue de la tête aux pieds d’une tenue blanche vaporeuse qui descendait la rue avec sa famille en longeant mon pâté de maisons. Sa tenue n’est que l’une des raisons qui ont attiré mon attention. Ce qui était le plus impressionnant, c'était le rayonnement de son Esprit. Sa simple présence irradiait une sorte de force spirituelle.

Chester Higgins

L'exposition est née de l'amitié entre Guy Tosatto et Antoine de Galbert, collectionneur d'art et fondateur du célèbre centre d'art parisien, La maison rouge. Passionné de photo, ce mécène grenoblois a fait don de 270 clichés comme cette mosaïque de portraits d'ouvriers. Un souvenir, mais pas seulement."C'est aussi la métaphore de la France au travail et la richesse de la diversité et des différences. Pour moi, la différence n'est pas une peur, c'est au contraire une richesse", affirme Antoine de Galbert.

Antoine de Galbert devant le mur de photos d'ouvriers, au musée de Grenoble. (FRANCE 3 ALPES)

En faisant don de ses photographies au Musée de Grenoble, le collectionneur les offre d'abord au regard des nombreux visiteurs. Une nouveauté pour le musée qui n'avait, jusque-là, pas de véritable collection de photographies. "Il faut savoir que le musée de Grenoble est le plus grand musée d'art du XXe siècle après le Centre Pompidou de Paris. Grâce à la générosité d'Antoine de Galbert, nous pouvons franchir une première étape dans l'élaboration d'un fonds photographique", se réjouit Guy Tosatto.

Artistique, la photo est aussi politique. Elle témoigne, dérange les consciences comme ce travail de Mathieu Pernot sur les exilés en Grèce. Pour Antoine de Galbert, ces gilets de sauvetage, abandonnés sur une plage de Lesbos, ont aussi leur place dans un musée.

"Mohamed Abakar, Mólyvos", Lesbos, 2020 du photographe Mathieu Pernot. (ADAGP)

Exposition "Une histoire d'images, donation Antoine de Galbert" au Musée de Grenoble jusqu'au 3 mars 2024.

Ouvert tous les jours de 10h à 18h30, sauf le mardi.

Entrée gratuite

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