La photographe américaine Annie Leibovitz entre à l'Académie des Beaux-Arts

Ses portraits de célébrités l'ont rendue aussi célèbre que ses modèles : la photographe américaine Annie Leibovitz fait son entrée mercredi sous la coupole de l'Institut de France.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3 min
La photographe américaine et portraitiste des stars Annie Leibovitz, à New York (Etats-Unis), le 2 mai 2022. (ANGELA WEISS / AFP)

La reine Elisabeth, Barack Obama, Kim Kardashian et tout ce que compte Hollywood comme célébrités, sont passées devant son objectif. La photographe américaine Annie Leibovitz, 74 ans, entre ce mercredi 20 mars 2024 à l'Académie française des Beaux-Arts. Sous la coupole de l'Institut de France, c'est la directrice éditoriale du magazine Vogue, Anna Wintour, qui lui remettra son épée d'académicienne.

Ses clichés de moments historiques tels que l'hélicoptère de Richard Nixon quittant la Maison Blanche après sa démission en 1974 ont fait le tour du monde. Elle a également fait sensation avec sa photo de John Lennon nu, enlaçant sa compagne Yoko Ono. Pris quelques heures avant l'assassinat de l'ex-Beatles, ce cliché "n'existe que parce que je les connaissais depuis dix ans. Une photo, c'est toujours un processus", confiait en 2017 cette grande perfectionniste au magazine M du Monde.

Des débuts au magazine "Rolling Stone"

Née le 2 octobre 1949 au sein d'une famille de six enfants, la photographe originaire du Connecticut (nord-est des Etats-Unis) découvre sa vocation quand sa mère lui offre son premier appareil. Avant de devenir la portraitiste attitrée des stars, elle débute, à la fin des années 1960, avec des reportages pour le magazine Rolling Stone. Elle en deviendra plus tard la responsable photo et fera plus de 140 fois la Une du magazine.

Avec son objectif, elle pénètre dans l'intimité de ses sujets, comme les Rolling Stones qu'elle suit lors de leur tournée mondiale en 1975, immortalisant les concerts mais aussi les coulisses, les suivant jusque dans leurs chambres d'hôtel. Sa tactique : "Chercher la photo que personne ne prenait". Si les artistes sont déjà omniprésents, ses clichés témoignent aussi de l'atmosphère des années 1970 : manifestations contre la guerre du Vietnam, campagnes électorales...

Mises en scène extravagantes

En 1983, elle quitte Rolling Stone pour Vanity Fair (groupe Condé Nast) et offre un écrin aux stars qu'elle sublime, de Demi Moore nue et enceinte à Arnold Schwarzenegger en haut d'une montagne. Elle photographie également tous les ans les acteurs du moment dans un numéro spécial Hollywood, plus glamour que jamais.

Réputée pour ses mises en scène extravagantes, elle plonge l'actrice noire Whoopi Goldberg dans un bain de lait ou fait fermer le château de Versailles pour immortaliser l'actrice Kirsten Dunst en Marie-Antoinette. "Comme journaliste, on doit être objectif, comme portraitiste je peux donner mon point de vue, mes photos sont plus fortes", explique-t-elle.

Une folie des grandeurs qui a failli causer sa perte : en 2009, elle se retrouve au bord de la faillite avec une dette de 24 millions de dollars. Ses archives photo sont alors estimées à 50 millions de dollars. Un accord est trouvé in extremis mais la presse fait ses choux gras du train de vie de la photographe, compagne de l'écrivaine Susan Sontag, autre enfant chérie de l'intelligentsia new-yorkaise, décédée en 2004.

Projets personnels et photos de commande

"Les questions budgétaires ne l'effleurent même pas mais, au final, elle vous rend une image que personne d'autre n'arrive à réaliser", estimait dans un documentaire la rédactrice en chef du Vogue américain Anna Wintour.

En 1998, Annie Leibovitz entame une collaboration avec le magazine Vogue, autre fleuron du groupe Condé Nast. En parallèle, elle mène une série de projets plus personnels comme Women, où elle tire le portrait de femmes célèbres et de ses proches, comme sa mère Marilyn et ses trois filles : Sarah (qu'elle a eu à 51 ans) et les jumelles Samuelle et Susan, nées par mère porteuse.

"Je n'ai pas deux vies. Il s'agit d'une seule et même vie qui comporte des photos personnelles et des commandes", souligne la photographe qui a aussi effectué un reportage à Sarajevo au début des années 90 et capturé le New York de l'après 11 septembre. Son dernier ouvrage, Wonderland, sorti en 2021, revient sur 5 décennies de photos de mode.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.