En Haute-Garonne, les clichés de Jane Atwood rendent hommage aux exclus de la société
Dans le cadre du Festival de photographie MAP, le château de Laréole accueille une rétrospective de l'artiste franco-américaine Jane Atwood. Plus de 200 clichés sur le thème de l’exclusion sont à découvrir.
L’exposition intitulée Sept histoires (1976-2010) est une immersion photographique dans le monde des ignorés, prostituées ou femmes détenues. Des portraits immortalisés avec une très grande humanité, sans voyeurisme.
Une photographe humaniste
Jane Atwood a quitté New York en 1971 pour s’installer à Paris. En 1975, la jeune femme commence sa carrière en photographiant les prostituées de Pigalle dans la rue, dans les hôtels de passe. Autodidacte, elle apprend aussi à cette époque les techniques de développement et de tirage. Leonard Freed, alors photographe de l’agence Magnum, l’encourage à poursuivre son travail. Au début des années 80, elle obtient ses premiers prix, publie ses clichés dans des ouvrages et expose. Aujourd’hui, c’est une photographe de renommée internationale.
La force de Jane Atwood est d’avoir photographié, dès le début de sa carrière, des tranches de vie peu explorées. Après son sujet sur les prostituées, elle continue de montrer ce que la société refuse de voir. Elle s’intéresse notamment aux femmes emprisonnées. Pendant près de dix ans, elle va à leur rencontre. Elle accède à une quarantaine de pénitenciers en Europe ainsi qu’aux États-Unis. Les conditions d’incarcération sont parfois dures, comme le montre un de ses clichés où l’on voit une femme accoucher avec des menottes. Et quand on l’interroge sur les raisons qui la poussent à raconter les conditions de vie des exclus de notre société, Jane Atwood se défend de toute "curiosité malsaine". "Mon travail, c’est de comprendre",précise-t-elle. "Elle s’intéresse au monde, le questionne" ajoute Ulrich Lebeuf, directeur artistique du Festival MAP.
Jean-Louis, le premier visage du Sida en Europe
En 1987, elle met un visage sur une maladie qui, à l’époque, est taboue : le Sida. Pendant quatre mois, nuit et jour, elle vit chez Jean-Louis, séropositif et diminué par la maladie, qui accepte d'être photographié. Une première en Europe à cette époque. "Je ne sors jamais indemne de mes sujets mais je ne suis pas détruite. Pourquoi ? Parce que je fais quelque chose avec mes sujets. Cela devient un livre, une exposition, une conférence…", explique-t-elle. Car le plus important pour Jane Atwood, c’est la pérennité de ses clichés. "J’ai fait ça en 87 et on parle toujours de mes photos", se réjouit-elle. Parmi les autres histoires déclinées dans l’exposition, il y a aussi des séries consacrées aux enfants aveugles ou encore au quotidien du peuple haïtien.
Exposition Sept histoires (1976-2010) de Jane Atwood - Château de Laréole (Haute-Garonne) – Jusqu’au 25 septembre 2022
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