C'est un événement mondial ! Montpellier accueille, jusqu'au 22 février, la première exposition monographique exhaustive du photographe américain Aaron Siskind. Constituée de près de 250 tirages originaux, conçue et organisée par le Pavillon Populaire, en collaboration avec les archives Siskind et la Aaron Siskind Foundation de New York, la rétrospective plonge dans l'univers éclectique du New-Yorkais qui oscille entre le réalisme documentaire et l'abstraction picturale.Gilles Mora a découvert par hasard la photographie dans les années 1970 aux Etats-Unis. Il en est devenu un historien réputé et a fait du Pavillon populaire de Montpellier, l'un des lieux de référence pour les expositions photos. Il explique comment Aaron Siskind a créé au cours des années "un langage photographique nouveau toujours en deux dimensions. Son image photographique est frontale et décontextualise les objets. Il évacue toute présence humaine en partant du principe que ce sont les traces qu'il va trouver sur les murs, les graffiti qui sont la manifestation de l'humain "Reportage : JM. Escarfe / E. Garibaldi / A. Vaillant La photographie sociale et documentaireAaron Siskind tombe dans la photographie, un peu par hasard. Son premier appareil est un cadeau de mariage et c'est là que tout commence. Le photographe amateur sillonne Harlem dans les années 30 et dévoile un panorama d'une société à l'abandon.Après la guerre de 1929, New-York est dévasté et de nombreux américains subissent la misère. La solitude mais aussi de jolies tranches de vie et des éclats de rêve hantent ses clichés. Harlem Lady Cuisine, 1940 (Aaron Siskind capture d'écran France 3 / Culturebox) De l'humain à l'abstractionAaron Siskind intègre le groupe de la "Photo League" où il aborde la "photo prolétarienne" en apportant une vision très précise et documentaire de la rue et en produisant le Harlem Document. Son travail explore à la fois le versant humain mais élabore aussi un relevé topographique en s'intéressant aux façades des bâtiments. C'est le début d'un nouveau langage, celui de l'abstraction. (Aaron Siskind capture d'écran France 3 / Culturebox) La photo architecturale et abstraiteDans les années 40, Aaron Siskind revient à un formalisme exigeant, aux limites de l’abstraction. Il cherche à développer un nouvel expressionnisme. Il se dégage volontairement de la scène photographiée pour s’attacher alors à la seule forme photographique. Inspiré par des peintres comme Jackson Pollock, Mark Rothko ou encore Franz Kline, son style est un écho à l'expressionnisme abstrait des années 40 et 50. "La réalité de Siskind est une construction fabriquée" explique Gilles Mora. (Aaron Siskind capture d'écran France 3 / Culturebox) "L'autre réalité photographique" Aaron Siskind au Pavillon Populaire de MontpellierExposition ouverte du mardi au dimanche, de 10h à 13h et de 14h à 18h. Entrée libre.