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My Joburg à Paris : la scène artistique de Johannesburg à la Maison rouge

La Maison rouge à Paris présente cet été la scène artistique de Johannesburg, et particulièrement la jeune génération d’artistes, marquée par l’histoire sud-africaine et la réalité d’une métropole en mutation. Avec plus de 40 artistes dont de nombreux photographes. L’exposition est organisée dans le cadre de la saison sud-africaine en France (jusqu’au 22 septembre 2013)
Article rédigé par Valérie Oddos
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Mary Sibande, Wish you were here, 2010
 (Photo Marc Domage)

Après My Winnipeg, La Maison Rouge poursuit avec My Joburg son cycle d’expositions consacrées à la création artistique dans des villes dites "périphériques". Une création originale et mal connue chez nous.
 
Johannesburg, surnommée Joburg par les Sud-africains, est une ville cosmopolite et diverse, des quartiers branchés aux townships qui l’entourent, des quartiers résidentiels aux immenses galeries marchandes. Une réalité dont la scène artistique, particulièrement dynamique, rend compte.
 
L’exposition s’ouvre sur un portrait de Nelson Mandela, symbole de la lutte anti-apartheid, devenu le premier président noir d’Afrique du Sud après avoir passé 27 ans en prison. L’image est de David Goldblatt, un des photographes sud-africains les plus connus.
 

Zanele Muholi, Ayanda Msiza, KwaThema Community Hall, Springs, Johannesburg, 2011, Stevenson Gallery, Johannesburg
 (Zanele Muholi)

 
Johannesburg s’est construite sur une mine d’or. Une pièce présente l’histoire de la ville depuis ses origines, avec plans, vieilles photos, documents à partir du livre de Dorothee Kreutzfeld et Bettina Malcomess, "Not No Place", ou les deux artistes et co-commissaires de l’exposition veulent montrer l’identité de la ville.
 
Une série de portraits photographiques de femmes noires homosexuelles ("Faces and Phases") de Zanele Muholi vient rappeler qu’il faut continuer à se battre contre les discriminations.
 
Pendant trois ans (2008-2010) Mikhael Subotzky et Patrick Waterhouse ont photographié les portes et les fenêtres du Ponte City, un immeuble circulaire de 54 étages du centre de Joburg qui offre une vue exceptionnelle sur la ville. Alors qu’il était déserté par les classes moyennes, un promoteur souhaitait alors le rénover.

Mikhael Subotzky & Patrick Waterhouse, Ponte City from Yeoville Ridge, 2008
 (Subotzky & Waterhouse, Goodman Gallery)

 
David Golblatt fixe en noir et blanc les quartiers résidentiels comme les "shacks", cabanes de tôle des townships. Sabelo Mlangeni a suivi les "femmes invisibles", femmes de ménage qui travaillent la nuit.
 

"Johannesburg n’est pas un lieu que vous pouvez appréhender en adoptant un point de vue fixe", dit Jo Ractliffe. Elle propose des vues panoramiques de la ville, grands tirages de films couleur, images où le flou et les superpositions lui donnent un air irréel.

 
Jodi Bieber a travaillé plusieurs mois à Soweto. Ses photos montrent des quartiers pleins de vie et de couleurs, loin des clichés misérabilistes.
 

Jodi Bieber
Orlando West Swimming Pool, Orlando West, Soweto. 2009, The Walther Collection, Ulm
 (Jodi Bieber)

 
Les œuvres des plasticiens renvoient souvent aussi au contexte politique ou social. Willem Boshoff a fait un tableau de ses cravates rigolotes, bariolées et colorées, les attribuant chacune à un "homme fort", de Hitler à Botha, de Duvalier au Mollah Omar ("Nice Guys", 2007).
 

Les affiches de Brett Murray sont explicites comme Amandla ("We demand Chivas, BMW’s and Bribes", nous exigeons du Chivas, des BMW et des pots-de-vin).

 
Certains travaillent avec les matériaux de l’artisanat : tableaux en perles de Wayne Barker, ou en patchwork de Billie Zangewa.
 

Willem Boshoff, Nice Guys, 2007, à la Maison Rouge à Paris
 (Photo Marc Domage)

 
Mary Sibande rend hommage à sa mère et à sa grand-mère, domestiques noires dans des familles blanches, avec le personnage de Sophie, qui porte sur une immense robe bleue un petit tablier blanc et déroule une grosse pelote de laine rouge.
 
Une salle est réservée aux jeunes photographes du Market Photo Workshop, créée par David Goldblatt. Ils n’ont pas connu l’apartheid mais s’intéressent, eux aussi, à la réalité sociale, aux conditions de vie des ouvriers (Jerry Gaegane), à leurs révoltes, ou à la déchéance de toxicomanes blancs (Chris Stamatiou).
 
L’installation de Jane Alexander, "Security" (2006), est glaçante : entre deux rangées de grillage surmontées de lames de rasoir, des machettes, des serpes et des gants de travail jonchent le sol. Enfermé au centre, un homme à tête d’oiseau sans bras ni ailes semble perdu.

Jane Alexander, Security, 2006, Bird, 2006
 (-)

 
Quant à la vidéo de Steven Cohen, "The Chandelier Project" (2002), elle est hallucinante. L’artiste se promène et danse nu, arborant un lustre de cristal en guise de tutu et perché sur des talons aiguilles, dans les détritus d’un camp de squatteurs en cours d’évacuation par des agents de sécurité.
 
"Je me moque d’une société que ma propre apparition en monstre/homo/impossible à représenter choque davantage que la violence réelle à laquelle elle est confrontée tous les jours", disait l’artiste dans une interview au Mail & Guardian en 1997.
 
My Joburg, La Scène artistique de Johannesburg, La Maison rouge, 11 boulevard de la Bastille, 75012 Paris
Du mercredi au dimanche, 11h-19h, nocturne le jeudi jusqu’à 21h
Tarifs : 8 € / 5,50 €, gratuit pour les moins de 13 ans, les chômeurs, les personnes invalides et leurs accompagnateurs.

 



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