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L'armée des filles de Prune Nourry au 104

L'artiste française Prune Nourry expose à Paris, au 104 et à la galerie Magda Danysz, du 22 mars au 1er juin prochain. Son travail, Terracotta Daughters, s'intéresse au déséquilibre démographique en Chine. S'inspirant des fameux Soldats de terre cuite, elle a créé une armée de jeunes filles, façon de parler de la sélection du genre avant la naissance.
Article rédigé par Thierry Fiorile
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Zachary Bako Autre)

Prune Nourry, jeune artiste française installée à New York présente, au 104 et à la galerie Magda Danysz à Paris, Terracota daughters , fruit de son travail à la fois artistique et sociologique sur le déséquilibre démographique en Chine. Après Holly daughters en Inde en 2012, sur le même thème, elle se penche sur un phénomène qui touche aussi des pays occidentaux comme le Lichtenstein, la sélection du genre avant la naissance, dans de nombreuses régions du monde, grâce aux moyens médicaux comme l'échographie, les familles font le choix de ne pas avoir de fille.

Une collaboration avec des artisans chinois

En Chine, cette discrimination prénatale est amplifiée par la politique de l'enfant unique. Prune Nourry a d'abord étudié le phénomène et rencontré des universitaires chinois, notamment le sociologue Li Schocho de l'université de Xi'an. Or, c'est dans cette province que sont exposées les fameuses Statues de terre cuite, les soldats de l'armée enfouie de l'empereur Quin, datant de 210 avant Jésus-Christ. L'artiste, formée à l'école Boulle à Paris, décide alors de créer avec des artisans chinois l'armée des filles.

Elle rencontre une association qui lui présente huit orphelines toutes âgées d'environ de treize ans, (le chiffre 8, porte bonheur en Chine, revient souvent dans cette aventure) et réalise, à partir de leurs portraits huit statues originales grandeur nature en terre cuite, en mêlant pour l'habillement des éléments des deux univers, celui de ces adolescentes d'aujourd'hui et celui, militaire, des soldats de Xi'an.

Puis, dans une usine où habituellement des ouvriers reproduisent pour les touristes les statues historiques, elle leur demande de réaliser 108 autre statues, mais en prenant soin de ne pas dupliquer les originaux, de telle sorte que chacune est unique. Ainsi, elle a poussé des artisans à devenir artistes.

Le résultat est saisissant. D'abord exposées à Shangaï, les Terracota daughters présentées sous la grande halle du 104 à Paris sont à la fois imposantes comme une armée d'hommes et touchantes comme le reflet d'autant de jeunes filles qui n'existent pas du fait de la sélection de sexes. On se promène au milieu d'elle, cherchant le détail qui les différencie, le public est saisi. Cette exposition ira ensuite à New York et partout dans le monde, avant de retourner en Chine ou l'armée des filles sera enterrée en 2015 dans un lieu tenu secret qui ne sera révélé qu'en 2030.

A la galerie Magda Danysz sont présentées des statues en bronze et autres variations sur le projet (photographies, bronze de moule, têtes seules...) dont la vente à des collectionneurs participe au financement de ce long travail. Enfin, Prune Nourry a réalisé un documentaire de 30 minutes diffusé au 104 qui retrace tout le processus.

Mais pour les huit petites chinoises l'histoire ne s'est pas arrêtée là. Prune NOurry les a rencontrées grâce à l'association Les Enfants de Madaifu qui a été fondée en 1999 par Marcel Roux, ancien vice président de Médecin sans frontières. Ils supportent ensemble l'éducation de ces huit petites filles durant un minimum de trois ans grâce à la vente des huit sculptures originales.

De plus, chacune des petites filles a été invitée à l'exposition de Shanghai afin de rencontrer les Terracotta Daughters. Les petites filles ont aussi chacune reçu une épreuve d'artiste des mini Terracotta Daughter de 30 cm. Ainsi, chaque collectionneur ayant acquis l'une des huit sculptures originales supporte le projet mais aussi les trois ans d'éducation des petites filles représentées dans les œuvres.

Depuis trois ans, Prune Nourry est installée à Invisible dog, un centre d'art dirigé par un Français à Brooklyn-New York, Lucien Zayan parle de Prune Nourry.

L'exposition se déroule au 104 jusqu'au 1er juin.

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