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Copies d’œuvres d'art, le business des produits dérivés

On a tous cédé au moins une fois à la tentation, celle d’acheter un produit dérivé dans la boutique d’un musée. Carte postale, tasse, coussins, porte-clés, magnets ou même reproduction de statuettes...le choix ne manque pas. Pour les musées, les objets dérivés sont devenus un enjeu économique et culturel. Mais réaliser des copies d’oeuvres d’art exige le respect de certaines règles.
Article rédigé par Chrystel Chabert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des reproductions de la Vénus de Milo vendues à la boutique du Musée du Louvre.
 (France 2 Culturebox)

Dans l’univers de la reproduction d’œuvres d’art, il faut distinguer deux catégories : la réplique de statues qui va permettre de remplacer des originaux trop abîmés, les reproductions certifiées conformes et enfin les "détournements" d’œuvres célèbres qui vont s’afficher sur une écharpe ou une assiette,  les fameux produits dérivés. 

L'art du moulage

C’est François Ier qui a instauré cette à la cour de France cette tradition de la reproduction de sculptures. Mais il faudra attendre 1794 pour que l’Atelier de moulage du Louvre soit créé officiellement. Depuis 1895, l’Atelier et la conservation de ses collections ont été confiés à la Réunion des musées nationaux (Rmn). De la Victoire de Samothrace à la Vénus de Milo en passant par des sculptures plus modernes, l'atelier, qui est basé à Saint-Denis (93) dispose de 5000 références et fabrique des œuvres majeures sur commande.
Dans les Ateliers de la Rmn.
 (France 2 Culturebox)

Des copies "de luxe"

Des exemples : la Canada qui veut une copie de la Vénus de Milo pour les célébrations de son indépendance ou encore Jacques Doillon qui a besoin d’une reproduction de l’emblématique "Porte de l’Enfer" pour son film "Rodin"... Le célèbre sculpteur est la star des Ateliers en ce moment. Dans le cadre du Centenaire qui lui est consacré, les équipes de mouleurs ont réalisé 9 séries de moulage d’œuvres de Rodin destinés à la vente dans la boutique du Grand Palais. La reproduction de "L’Homme qui marche" y est vendu 6000 euros.

"Ces copies n'ont pas vocation à concurrencer les originaux exposés dans les musées explique Thomas Lefeuvre, le responsable commercial à la Réunion des Musées nationaux. "Elles en sont une évocation, une invitation à venir les découvrir."

Reportage : L. Hakim / J-M. Lequertier / M. Cazaux / R. Meyze / C. Pary / P. Crapoulet / M. Marini / S. Richardson / R. Laurentin

Des copies dans les règles de l'art

La reproduction certifiée conforme de ces œuvres est régie par certaines règles : si l’artiste est mort depuis plus de 70 ans, l’œuvre est libre de droit. S’il est toujours vivant, il doit donner son accord. Mais pas question pour lui de signer une reproduction. Il ne touche pas non plus de dividendes sur la vente de ces copies. C’est le cas de cette gravure de Tony Cragg reproduite à l'identique dans l'atelier de chalcographie des Rmn. L’artiste a cédé ses droits en vendant la gravure originale au Musées nationaux. A quel prix ? Mystère mais l’œuvre est proposée au tarif de 250 euros dans la boutique du Louvre.

Et celles "au kilomètre"...

Cette copie certifiée conforme réalisée par des artisans n’a pas grand-chose à voir avec les innombrables souvenirs qu’elle va côtoyer dans la même boutique. La plupart de ces objets sont fabriqués en Chine ou en Inde. Mais ils sont devenus une ressource non négligeable pour les musées. Au Louvre, on estime que 4 touristes sur 5 repartent avec un souvenir. Rappelons que le lieu accueille 10 millions de visiteurs par an... Le budget moyen des achats est estimé à 15 euros.
La célèbre "Laitière" de Johannes Vermeer trônant sur mug...
 (France 2 Culturebox)
Ce commerce est-il rentable sachant que les droits de reproduction des œuvres sont souvent élevés ? En 1998, un article publié dans l’Expansion titrait sur "des millions perdus dans les boutiques des musées". Aujourd’hui, les copies sont mieux ciblées sur le public qui fréquente les boutiques. Côté chiffres, on sait que la reproduction d’œuvres d’art "rapporte" 5 millions d’euros par an à la Rmn (elle assure la gestion d’une quarantaine de boutiques dont celle du Louvre) qu’elle redistribue ensuite aux musées nationaux. 

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