L'empaquetage de l'Arc de Triomphe, oeuvre posthume de Christo, entre dans le vif du sujet avec le premier "déroulé de tissu"
C'était un rêve de l'artiste Christo, disparu l'an passé : transformer l'Arc de Triomphe en gigantesque paquet-cadeau. Son projet artistique est actuellement dans la dernière ligne droite : les milliers de mètres de tissu ont commencé à être déployés dimanche matin.
Plusieurs centaines de mètres carrés de tissu recyclable en polypropylène argent bleuté, prévu pour ondoyer au gré des éléments, ont été déroulés dimanche sur l'un des côtés de l'Arc de Triomphe, opération lançant la dernière ligne droite de l'empaquetage du monument parisien.
Du 18 septembre au 3 octobre, le rêve de jeunesse de Christo (décédé en mai 2020) et de son épouse Jeanne-Claude, sera réalisé: haut-lieu des commémorations françaises, l'Arc de Triomphe, haut de 50 m, sera intégralement transformé en gigantesque paquet-cadeau, maintenu par 3.000 m de corde rouge.
Ce matin à l’Arc de Triomphe. Début de l’empaquetage du monument, un projet de Christo né en 1962. @infofrance2 @LaureNarlian pic.twitter.com/tG2Ri4ihwS
— Valérie Gaget (@ValGaget) September 12, 2021
Une équipe de cordistes à l'assaut du monument
Après des semaines de préparatifs, une équipe de 95 cordistes s'est lancée dimanche matin depuis le sommet de l'Arc de Triomphe pour déployer, côté avenue de Wagram, un premier rouleau de tissu.
L'empaquetage (25.000 m2 de tissu) se poursuivra jour et nuit pour être fin prêt le 18 septembre, jour de l'inauguration.
"Aujourd'hui, c'est un des moments les plus spectaculaires de l'installation. L'Arc de Triomphe empaqueté commence à prendre vie et se rapproche plus encore de la vision de ce qui a constitué le rêve de toute une vie pour Christo et Jeanne-Claude", a confié Vladimir Yavachev, neveu de l'artiste qui supervise le projet.
Le public pourra bientôt venir voir et toucher l'oeuvre
"Le 18 septembre au matin, une fois que nous aurons fini de disposer les cordes et d'apporter les dernières touches, les grilles de protection du chantier en cours seront retirées pour permettre gratuitement au public de venir, de voir et de toucher l'oeuvre d'art".
L'empaquetage de l'Arc de Triomphe "sera comme un objet vivant qui va s'animer dans le vent et refléter la lumière. Les plis vont bouger, la surface du monument devenir sensuelle", expliquait Christo en présentant son ultime projet, deux ans avant sa mort.
Un projet autofinancé qui fait débat
D'un coût de 14 millions d'euros, le projet est entièrement autofinancé, sans subvention publique, grâce à la vente d'oeuvres originales de Christo, dessins préparatoires, souvenirs, maquettes et lithographies.
Dans une tribune publiée samedi dans le quotidien Le Monde, l'architecte Carlo Ratti, l'un des amis de Christo, a cependant appelé à abandonner "l'esthétique des emballages à haut gaspillage".
"Je propose que l'on arrête d'emballer l'Arc de triomphe, tant pour des raisons environnementales qu'intellectuelles. Sur le plan environnemental, pouvons-nous nous permettre de gaspiller 25.000 m2 de tissu pour l'emballage d'un monument ? L'industrie de la mode est responsable de 10% des émissions mondiales de carbone", a écrit Carlo Ratti.
En 1985, Christo avait déjà empaqueté ainsi le Pont-Neuf, à Paris, un évènement resté dans les mémoires.
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