"Aux temps du sida" : une exposition événement à Strasbourg sur le foisonnement artistique autour de la maladie
"Une maladie grave avec un petit nom", c'est ainsi que le chanteur Prince parlait du sida en 1987 dans sa chanson Sign O' The Times, "A big disease with a little name". Quarante ans après la découverte du virus, le musée d'art moderne et contemporain de Strasbourg réuni une centaine d'oeuvres qui témoignent du foisonnement artistique des quatre dernières décennies.
La plupart des artistes exposés se savaient condamnés, à l'image de Bruno Pélassy, plasticien emporté par la maladie à l'âge de 36 ans. L'une de ses oeuvres concue en 1995 alors qu'il était déjà malade, affiche en lettres rouges "Viva la muerte" sur un rideau de cristaux de Swarovsky. "C’est le message d’un artiste qui sait qu’il va vers une issue très complexe", explique Estelle Pietrzyk, commissaire de l’exposition et conservatrice en chef du patrimoine au MAMCS. "Il va en faire quelque chose de magnifique. Il utilise ces cristaux pour en faire une œuvre hyper-lumineuse, hyper-attrayante."
S'emparer des sujets de société
Immersion dans les années 80 et 90, le monde de la nuit, espace de tous les possibles et de tous les risques. A cette époque des dizaines de milliers de personnes meurent du sida. Une tragédie dont le musée se veut aujourd'hui la gardien. "Ça fait partie de l’ADN des musées de la ville de Strasbourg", témoigne Paul Lang, directeur des Musées de la ville de Strasbourg. "A côté des expositions plus patrimoniales qui s’articulent autour de nos collections, il s'agit de s’emparer des sujets de société."
Les musées sont des marqueurs dans la vie de la cité qui doivent contribuer en tant qu’institution culturelle et publique au vivre ensemble.
Paul Langdirecteur des musées de la ville de Strasbourg
Si le virus emporte une génération d'artistes, de plasticiennes et plasticiens, d'écrivaines ou d'écrivains ou encore de chorégraphes, il insufle aussi un formidable élan créatif. La maladie s'insinue de façon manifeste ou en filigrane et les oeuvres sont portées par des engagement militants. Des luttes pour la tolérance, la visibilité et les droits des minorités s'organisent.
Le sida aujourd'hui
L'exposition retrace aussi les avancées médicales et la parole qui se libère peu à peu. Sérophobie au travail, vieillir avec le VIH, autant de sujets encore tabous aujourd'hui. Durant toute l'exposition, des permanences animées par des associations sont organisées en marge des visites. Une manière de replacer la maladie dans le débat contemporain.
"Je ne suis pas sûre que les gens sachent tous que aujourd’hui on peut vivre avec le VIH", explique Alice Burg, chargée de projet culturel et de médiation des musées de Strasbourg. "Cela fait peu de temps que les personnes homosexuelles peuvent donner leur sang. Finalement il y a beaucoup de choses qui n’ont pas été actualisées, on a un peu oublié, les nouvelles générations encore plus."
L'exposition "Aux temps du sida" est à voir du 6 octobre au 4 février 2024, au musée d'art moderne et contemporain de Strasbourg, MAMCS
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