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Approcher du bonheur avec Jean Marais à Elephant Paname

Avec l'exposition "Jean Marais, l'Histoire d'une vie", le centre "Elephant Paname" retrace la vie d'un grand comédien et d'une belle personne. Vous en ressortirez à la fois ému et serein, comme en témoigne cette petite lettre d'une admiratrice...
Article rédigé par Sophie Jouve
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Jean Marais, l'histoire d'une vie
 (DR)

Cher Jean Marais,

Quelle émotion de passer quelques heures avec vous.

Elephant Paname, lieu de culture ouvert il y a peu en plein cœur de Paris, vous rend le plus beau des hommage. Sur trois étages d’une exposition à la scénographie inspirée vous y apparaissez tel que vous étiez, disposé au bonheur, passionné et apaisé, Amoureux pour l’éternité.   

Jean Marais à 10 ans
 (DR)
J’ai découvert ainsi vos photos de famille - qui ressemblent à des photos de plateaux tant vous y avez de prestance -, vos journaux intimes, où à chaque ligne perce votre bienveillance, votre indulgence. Mais dans cette première salle articulée autour d’un arbre en hiver, c’est bien votre histoire d’amour avec Cocteau qui éclate de mille feux.

De votre vivant, vous aviez rendu publiques les lettres que le poète glissait sous la porte de votre chambre. « Ainsi que le roi Marc aimait le beau Tristan, je t’aime et mon amour m’égaye en m’attristant ». Vous aimiez et étiez aimé en retour. Au lieu de nous rendre jaloux, vos lettres d’amour nous galvanisent.

« Je ne pense pas que j’ai une fonction, je me suis amusé toute ma vie », déclarez vous dans une interview. A l’automne de votre vie, vous direz, avec cette modestie qui vous caractérisait : "J’aurai du me contenter de servir Jean Cocteau au lieu de devenir Jean Marais". 
Dessins et poèmes de Jean Cocteau
 (DR)
D’ailleurs vous considériez être né à 24 ans, et non en 1913 : « Je suis né quand j’ai rencontré Cocteau (en 1937). C’est lui qui m’a créé ».

Cinq ans plus tard, Robert Doisneau est sur le plateau de « L’éternel Retour » lorsqu’il vous photographie tous les deux. Vous êtes au premier plan, d’une beauté stupéfiante.

Au premier étage est reconstitué votre atelier où vous aimiez peindre, sculpter, travailler la terre, exercer vos multiples talents. Mais, à choisir, ce sont vos dessins, vos illustrations de contes pour enfants que nous retiendrons, pour leur pureté.
Reconstitution de l'atelier de Jean Marais
 (Sophie jouve)
  Dessin de Jean Marais 
 (DR)
En grimpant les escaliers, les affiches de vos films s’impriment dans mes pupilles. Le bossu, le Capitan, la Belle et la Bête, Peau d’âne…Tout en haut de l’hôtel particulier, c’est votre carrière au cinéma et au théâtre (votre vraie passion) qui est évoquée. Votre jeu, que certains jugeaient classique, pouvait devenir envoûtant dirigé par Cocteau ou Demy. Quant à moi, jamais je ne vous oublierai dans vos films de cape et d’épée où vous refusiez d’être doublé.  
Affiche du film "Le Bossu"
 (Sophie jouve)
Il y a aussi ces lettres de groupies. Francis Huster, que vous avez dirigé dans « Le Cid ». Alors tout jeune comédien, promis à un brillant avenir, il vous appelle Jeannot mais avec une admiration toute enfantine. Truffaut vous écrit en 1977, après avoir vu « Les Parents Terribles » de Cocteau au théâtre : « La pièce sonne comme un tocsin dans la nuit, votre mise en scène respecte sa vitesse et sa précision mais surtout elle dispense cette grande émotion qui m’a gagné comme jamais auparavant, peut-être parce que j’ai atteint l’âge des parents, mais certainement aussi par votre travail de jeu et de mise en scène…Cocteau nous manque, il faut vivre avec ce manque ». 
Le costume de Jean Marais dans "Peau d'Âne" de Jacques Demy
 (DR)
Lorsque j’étais enfant, je vous ai croisé avenue de Malakoff à Paris. J'étais en compagnie de ma grand-mère qui vous admirait. Vous lui avez fait le baisemain, dans mon souvenir vous auriez pu aussi bien l’enlever sur un beau destrier. Pour tout ce qui précède, pour le sourire et le rose qui a coloré ce jour-là, les joues de ma grand-mère, je vous remercie Monsieur Jean Marais.  

Reportage : Marie-Hélène Bonnot, T.Breton, D.Loubère, V.Castel

"Jean Marais, l’Histoire d’une vie" à Eléphant Paname   
Du 21 janvier au 16 mars
10 rue volney, Paris 2e
Métro Opéra
Du mardi au dimanche de 11 h à 19h
  L'affiche de l'exposition
 (Elephant Paname)

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