Le décryptage éco. En se mariant avec Siemens, Alstom va-t-il perdre son âme ?
L'Allemand Siemens et le Français Alstom doivent annoncer leur alliance. Pourquoi ce rapprochement ? Le décryptage de Fanny Guinochet.
Les deux champions du secteur ferroviaire, la compagnie allemande Siemens et le groupe Français Alstom, doivent annoncer leur mariage mardi 26 septembre. On avait plutôt l’habitude de voir Siemens et Alstom se disputer des contrats, des appels d’offres, ce sont des concurrents de toujours. Et voilà qu’ils se marient. L’objectif est de créer un champion européen du rail européen, qui soit plus fort, dans les trains, les métros, les tramways, notamment pour concurrencer le groupe chinois CRRC un géant dans le domaine. Le nouvel ensemble devrait représenter 15 milliards d'euros de chiffre d'affaires et près de 60 000 salariés.
Siemens en position de force
Est-ce que ça ne signe pas une perte de pouvoir pour Alstom ? Sur le papier, on nous dit que non, que ce rapprochement sera équilibré, entre deux entreprises de tailles équivalente. Pour rassurer, on dit que Siemens accepterait même que le siège du groupe soit en France et que le premier PDG sera sans doute le français Henri Poupart-Lafarge, le patron d’Alstom.
Mais que valent ces garanties dans un nouvel ensemble, où la majorité du capital reviendra bel et bien au seul Siemens, où il aura le dernier mot pour gouverner ? Et il y a un vrai risque qu’à l’avenir, Alstom passe sous pavillon allemand.
Le précédent Airbus
Il y a un précédent, Airbus, pour laquelle l'alliance s'est plutôt bien passée. Et c’est ainsi que l’opération est présentée, comme la création d’un Airbus du rail. Sauf que ce n’est pas tout à fait la même chose. Lorsqu'Airbus Group a été constitué, il y avait une rigoureuse parité entre les deux principaux actionnaires, français et allemand. Une parité que les gouvernements ont toujours veillé à garder.
Dans le cas de Siemens et d’Alstom, pour bâtir un Airbus du ferroviaire, la seule manière de faire serait que l'Etat français devienne actionnaire de poids du nouvel ensemble, aux côtés de Siemens. Or, même s’il soutient la fusion, ce n’est pas ce que le gouvernement français s’apprête à faire. On attend les détails du contrat de mariage, mais on s’achemine plutôt vers un Airbus allemand.
Le chiffre du jour. 6% : c’est l’augmentation du nombre d’entrées à des spectacles de musiques actuelles, l’année dernière. Cela représente 27 millions de spectateurs qui sont allés à des concerts ou des festivals. C’est ce que révèle un rapport du Centre de la chanson, de la variété et du jazz, Preuve que malgré le risque terroriste, les Français n’ont pas boudé les salles de spectacles !
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