Cet article date de plus de sept ans.

Primaire de la gauche : Vincent Peillon, une carrière ponctuée d'échecs électoraux

Article rédigé par Ilan Caro
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
L'ancien ministre socialiste Vincent Peillon, lors d'un meeting à Villeurbanne (Rhône), le 23 mai 2014. (MAXPPP)

Redoutable manœuvrier au sein du PS, le député européen s'est rarement illustré par sa capacité à mobiliser les électeurs au cours de sa carrière politique.

Le suffrage universel et lui, ce n'est pas vraiment ça. Jusqu'à présent, le dernier candidat déclaré à la primaire de la gauche, Vincent Peillon, a rarement brillé dans les combats électoraux qu'il a livrés au cours de sa carrière politique. Son parcours est en effet parsemé de déconvenues, qui contrastent avec le talent d'un homme toujours habile quand il s'agit de peser au sein des instances dirigeantes du Parti socialiste. Peut-être un bon point pour lui, tant la campagne de cette primaire de la gauche prend des allures de congrès du PS.

Chassé deux fois de sa circonscription de la Somme

Vincent Peillon n'a que 38 ans lorsqu'il conquiert son premier mandat électif. Jeune pousse du PS, il se lance dans la course pour devenir député après la dissolution de l'Assemblée nationale par Jacques Chirac, en 1997. Le voilà parachuté dans la difficile 3e circonscription de la Somme, fief de chasseurs, détenue par la droite. L'affaire semble mal engagée dès le départ : Vincent Peillon est battu dans le vote interne au PS pour l'investiture. Mais ce proche de Lionel Jospin réussit à obtenir, de la part des instances nationales, un second vote, cette fois-ci fructueux. Et décroche finalement un siège au Palais-Bourbon.

Elu député, Vincent Peillon s'impose comme l'une des nouvelles têtes socialistes à l'Assemblée nationale. Comme Arnaud Montebourg ou Marisol Touraine, il fait partie de ces jeunes députés promis à un bel avenir, et devient, en 2000, porte-parole du Parti socialiste, alors dirigé par François Hollande.

Vincent Peillon (au 3e rang au centre) apparaît sur une photo autour de François Hollande, premier secrétaire du Parti socialiste, et son équipe, le 3 décembre 1997 au siège du PS, à Pari. (CHESNOT / SIPA)

Mais la belle histoire se grippe en cours de mandat. Le 24 avril 2000, lors d'une inauguration, Vincent Peillon est brutalement pris à partie par des chasseurs en colère contre le gouvernement qui veut réduire les périodes de chasse. Deux élus et trois gendarmes sont blessés dans les heurts, et le député est évacué par hélicoptère. "Il a été parachuté, maintenant il s'envole", ricanent les chasseurs, selon le récit de Libération.

Deux ans plus tard, plombé par l'élimination de Lionel Jospin au premier tour de la présidentielle, Vincent Peillon perd son poste de député, battu par le candidat de l'UMP, Jérôme Bignon. Bis repetita en 2007 : il s'incline une nouvelle fois, de peu, face au même adversaire. Après cette défaite, Vincent Peillon quitte définitivement la Somme, et renonce à être candidat aux législatives de 2012.

Des élections européennes ratées

Entre deux législatives perdues, Vincent Peillon trouve refuge au Parlement européen. Son élection en 2004 n'a rien d'un exploit : placé en deuxième position de la liste PS menée par Henri Weber dans la circonscription Nord-Ouest, il était assuré d'être élu. Et avec 73% de présence aux séances plénières dans l'hémicycle, Vincent Peillon est loin de faire partie des plus assidus.

Cela ne l'empêche pas de se représenter en 2009, cette fois comme tête de liste, mais dans une autre circonscription : le Sud-Est. Un nouveau parachutage dû à la mainmise de Martine Aubry et de ses amis sur les places éligibles dans sa chasse gardée du nord du pays, obligeant les élus sortants à se trouver d'autres terres d'élection. La liste de Vincent Peillon, dont la candidature provoque la fronde du maire de Lyon, Gérard Collomb, n'arrive qu'en troisième position, derrière l'UMP et EELV, avec moins de 15% des voix. Suffisant pour glaner un nouveau bail au Parlement de Strasbourg, scrutin de liste oblige.

En 2014, celui qui est devenu entre-temps ministre de l'Education nationale est de nouveau investi comme tête de liste pour les élections européennes dans le Sud-Est. Une candidature qui lui permet de s'assurer un matelas de sécurité au cas où il ne ferait plus partie du gouvernement. Bien vu, puisqu'il est exfiltré de l'exécutif fin mars, moins de deux mois avant le scrutin. Dans un contexte très difficile pour la gauche, il ne recueille qu'un maigre 11,88%, loin derrière le Front national et l'UMP. Mais cela lui permet tout de même d'être réélu député européen.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.