C'était il y a trente ans. Le 26 juin 1988, au terme d'un long et violent conflit qui fracture la Nouvelle-Calédonie, Jacques Lafleur (figure du camp anti-indépendantiste) et Jean-Marie Tjibaou (chef de file des indépendantistes) se retrouvent à Matignon, à Paris, pour signer un accord de paix historique.
Un accord qui survient près de deux mois après la sanglante prise d'otages de la grotte d'Ouvéa. Le 5 mai 1988, l'armée française lance en effet l'assaut pour libérer 23 gendarmes otages des indépendantistes. Si tous les otages sont ramenés sains et saufs, l'opération fait 21 morts : deux parmi les forces de l'ordre, 19 chez les Kanaks (les Mélanésiens autochtones).
Ce soir de mai 1988, à Nouméa, le ministre des Dom-Tom d'alors, Bernard Pons, expliquait qu'"il y allait de l'honneur de la France et de la vie des otages", déplorant "une minorité de terroristes qui ne croient qu'en l'assassinat et la violence". "Ce jour est un jour de honte pour le peuple français, qui est comptable, devant les nations civilisées, de cette barbarie coloniale", répliquait le président du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) Jean-Marie Tjibaou. A 17 000 km de là, l'épisode fait culminer la tension entre les deux candidats à l'Elysée, le président de la République sortant François Mitterrand et son Premier ministre Jacques Chirac. Retour sur une journée sanglante qui a marqué les mémoires.