: Vrai ou faux Le Nouveau Front populaire veut-il vraiment "désarmer la police", comme l'affirme l'extrême droite ?
En pleine campagne, tous les coups sont permis pour convaincre les électeurs. A sept jours du second tour des législatives, dimanche 7 juillet, le Rassemblement National et ses alliés attaquent ainsi le Nouveau Front populaire, auquel l'extrême droite sera opposée dans de nombreux duels. "Je ne dirai pas que, par principe, il y a des violences policières, que nos policiers sont coupables et qu'il faut désarmer la police, comme souhaite le faire le Nouveau Front populaire", affirmait ainsi Jordan Bardella lors d'un débat sur France 2, jeudi 27 juin.
Deux jours plus tôt, Marion Maréchal diffusait la même information sur son compte Instagram : selon elle, l'alliance de gauche souhaite "libérer 16 000 prisonniers, désarmer la police, supprimer la loi anti-squat [et] la loi séparatisme. Tout cela est parfaitement assumé !" Le député Julien Odoul, réélu au premier tour dans la 3e circonscription de l'Yonne, en a même fait l'un de ses arguments de campagne en l'inscrivant sur son tract. Il accusait également le Nouveau Front populaire de vouloir supprimer la brigade anticriminalité. Mais qu'en est-il réellement ?
Supprimer les Brav-M
En juillet 2023, Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise, avait affirmé sur BFMTV qu'il fallait une "police aussi désarmée que possible". Si le point de vue du parti de gauche radicale est clair à ce sujet, rien n'indique dans le programme du Nouveau Front populaire (PDF) que la police sera désarmée. L'alliance de gauche assure néanmoins vouloir "interdire les LBD et les grenades mutilantes". Elle entend donc retirer aux policiers deux armes dont ils disposent aujourd'hui, mais ne propose pas de les "désarmer", contrairement à ce qu'ont argué plusieurs membres du RN.
Qu'en est-il de la suppression de la BAC évoquée par Julien Odoul ? La brigade anticriminalité est une unité de la police nationale qui intervient "dans les quartiers sensibles pour veiller à l'ordre public ou le rétablir", selon le site de la Police nationale. Aucune mesure ne concerne la BAC dans le programme du Nouveau Front populaire, mais la gauche projette de "démanteler les Brav-M", ces brigades de répression de l'action violente motorisée très critiquées. En avril 2023, une pétition réclamant leur suppression avait atteint plus de 260 000 signatures.
Rétablir la police de proximité
D'autres services sont dans le viseur de l'alliance de gauche. Le Nouveau Front populaire souhaite "supprimer l'IGPN et l'IGGN". L'Inspection générale de la police nationale et l'Inspection générale de la gendarmerie nationale forment ce que l'on appelle "la police des polices" et ont pour objectif de surveiller la manière dont les policiers et gendarmes exécutent les lois, les ordonnances et les règlements qui les concernent. La gauche souhaite les remplacer par "un nouvel organisme indépendant, rattaché à la Défenseure des droits".
Le Nouveau Front populaire compte également s'attaquer à la réforme Darmanin qui a "affaibli la police judiciaire". Ce texte est entré en vigueur par un décret et ambitionne de placer sous un responsable unique le directeur de la police nationale, les services de renseignement, de sécurité publique, de police aux frontières et de police judiciaire. La réforme avait suscité de vives réactions des policiers et des magistrats qui craignaient une perte d'"indépendance". L'alliance de gauche entend revenir sur cette réforme. Il compte aussi rétablir la police de proximité pour assurer "la sécurité de la population". Cette dernière avait été supprimée en 2003 par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur.
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