VRAI OU FAKE : l'Ukraine tient-elle un double discours concernant le gaz russe ?

"Depuis l'intervention militaire russe en Ukraine, le gazoduc Brotherhood, qui traverse le pays par l'Europe, n'a jamais été arrêté. Les oligarques ukrainiens et Zelensky continuent à se gaver !" La Russie exporte son gaz vers l'Europe occidentale grâce à trois gazoducs principaux : Nordstream via la mer Baltique, Yamal en Biélorussie et en Pologne et Brotherhood, qui passe par le territoire ukrainien. Ce gazoduc, construit en 1967 par l'Union soviétique, est toujours en fonctionnement. L'Ukraine et la Russie sont liées par un contrat, renégocié en 2019. Comme l'Ukraine est propriétaire de la partie du gazoduc qui se trouve sur son territoire, Gazprom lui paye des droits de transit, 7 milliards d'euros sur cinq ans. Un contrat que l'Ukraine ne peut pas annuler de manière unilatérale.

"Fermer ce gazoduc se révélerait très compliqué pour le gouvernement ukrainien"

"Jusqu'à présent, même pendant les conflits de 2013, 2014, pendant aussi la période de la guerre de Crimée, la nullité de ces contrats, qui avait été aussi mise en cause, n'a pas réussi", indique Anne Certi, professeur d'économie à l'Université Paris-Dauphine, directrice de la chaire économie du gaz. Mais d'un point de vue purement technique, l'Ukraine peut-elle couper l'arrivée de gaz russe sur son territoire ? Là aussi, c'est compliqué, l'énergie est envoyée de façon continue via ce gazoduc, il n'est pas possible de stopper complètement le flux sans risquer une explosion meurtrière sur le sol ukrainien. "Un flux de gaz, c'est quelque chose qui, en soi, est très difficile d'arrêter. Si on ferme les vannes qui sont celles qui arrivent aux frontières, cette opération ne peut pas se faire si la pression du gaz est trop élevée", ajoute Anne Certi. Il est donc vrai qu'une partie du gaz russe passe par l'Ukraine en échange de droits de transit, mais fermer ce gazoduc se révélerait très compliqué ôur le gouvernement ukrainien.