Turquie : les nouveaux entrepreneurs
Elles sont en faveur du changement, il faut en tenir compte". Comment ne pas faire le parallèle avec la Turquie ? Ce sont deux pays émergents de la mondialisation qui font face à la révolte, même si les raisons du déclenchement sont différentes. Là-bas, le gouvernement islamiste est en train de reprendre la main. Souvent soutenus par les plus modestes, cette fois une classe d'entrepreneurs revendique son attachement à la religion.
A 3 heures de route d'Anakra, Konya au pied des montages d'Anatolie. Cette ville de 2 millions d'habitants est devenue en 10 ans l'un des poumons économiques de la Turquie. Ici, on fait des affaires au rythme des prières. Mehmet Korkmaz, à gauche, et son homonyme Aslan, à droite, sont deux symboles de la réussite turque. Le premier dirige une entreprise de pâtes, le second une cimenterie. Il y a 10 ans, ils étaient de petits patrons de PME. Ils sont devenus puissants depuis l'arrivée au pouvoir du parti AKP, islamo-conservateur. Les chiffres de la croissance turque sont exceptionnels : +5% en 2012.
Il y a 10 ans, on n'était qu'une vingtaine d'employés. C'est mon frère qui a créé la société. Aujourd'hui, on est plus de 200. Nous sommes devenus compétitifs sur le marche international. Le gouvernement a maîtrisé l'inflation, assuré la stabilité économique et amélioré nos infrastructures.
Ces nouveaux rois des affaires s'appellent les "Tigres anatoliens". Ils sont proches du parti au pouvoir Ils revendiquent la pratique de l'islam sur leur lieu de travail. Ici, toutes les femmes ne sont pas voilées mais le tapis de prière n'est jamais très loin.
Si je ne suis pas en plein rendez-vous, je prie ici. Je ferme la porte, je déroule le tapis et je fais ma prière en 4 min.
Le Coran au coeur des affaires et de l'organisation de l'entreprise A 13h00, au chant du muezzin, les employés n'ont qu'à traverser la rue pour aller prier. Une mosquée a été construite au centre de la zone industrielle. A en croire le directeur, même le commerce serait d'ordre divin.
La création même de mon entreprise repose sur le Coran. Ma pratique ne se limite pas à la prière, au jeûne ou ne pas boire de l'alcool. Avec mes pâtes, je rends service, je donne à manger aux gens. La foi est présente dans chaque moment de mon quotidien. Le commerce n'est pas incompatible avec l'intégrité religieuse.
Derrière son bureau, une tapisserie qui n'a pas été suspendue par hasard.
C'est un client égyptien qui me l'a offerte. C'est un verset du Coran qui dit que l'homme a été crée pour atteindre la perfection.
A Konya, les patrons ne se contentent pas de faire des affaires en priant. Ils reversent une partie de leurs bénéfices au titre de la charité, l'un des cinq piliers de l'islam. Ils financent ainsi des hôpitaux, des écoles, qui portent le nom de leurs généreux mécènes.
Cette bourgeoisie montante constitue un appui de poids pour le Premier ministre turc. Un électorat fidèle tant que la croissance sera au rendez-vous. C'est pour cela que malgré ces larges manifestions, le Premier ministre reste favori pour la présidentielle de 2014.
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