Tour de France femmes 2022 : spectacle, public, sexisme... Ce qu'on a aimé et moins aimé
Le Tour de France femmes 2022, qui s'est achevé dimanche à la Super Planche des Belles Filles, a été une franche réussite.
Le monde du sport l'attendait depuis (trop) longtemps. Le Tour de France femmes, le premier avec cette dénomination, a constitué une franche réussite, et ce, sur tous les plans. Alors qu'une Grande Boucle féminine digne de ce nom n'avait plus eu lieu depuis 1989, les coureuses peuvent avoir le sourire à l'issue de la dernière étape, dimanche 31 juillet, même s'il reste quelques points à améliorer. Franceinfo: sport fait le bilan.
On a aimé...
L'engouement du public
Le premier Tour de France femmes version ASO (Amaury sport organisation) a démarré dans la frénésie parisienne, du Trocadéro aux Champs-Elysées. S'il y a eu quelques creux le long du parcours (tout comme chez les hommes), le public a été au rendez-vous. Caravaniers, coureuses, journalistes ou organisateurs : tous ont expliqué qu'ils ne s'attendaient pas à voir autant de monde au bord des routes. Ce succès populaire, appuyé par les audiences TV, confirme une évidence : la popularité du Tour et du cyclisme n'a pas de sexe.
Des coureuses accessibles
Si le cyclisme féminin se professionnalise, il n'a pas encore pris toutes les mauvaises habitudes du peloton masculin. Là où l'accès aux coureurs a été verrouillé, encore plus depuis la crise sanitaire, les équipes féminines ont ouvert leurs portes toute la semaine, au départ comme à l'arrivée, ce qui a permis d'échanger avec n'importe quelle coureuse. Un détail qui symbolise l'enthousiasme et la fraîcheur d'un peloton accessible. Pourvu que ça dure.
Le spectacle permanent
Quand le parcours du Tour de France femmes 2022 a été dévoilé, on s'attendait à en prendre plein les yeux. On n'a pas été déçu. Même l'étape supposée la moins spectaculaire, entre Meaux et Provins, a réservé son lot de (mauvaises) surprises avec les chutes. Pour le reste, entre le feu d'artifice parisien, les effervescentes étapes champenoises avec la côte de Mutigny puis les chemins blancs, ou encore les grandes étapes de montagne vosgiennes, chaque jour a été animé.
On le doit aussi à des favorites qui ont tenu leur rang, notamment le trio néerlandais composé de Lorena Wiebes, Marianne Vos, et d'Annemiek van Vleuten. Plus débridé avec ses équipes réduites à six, le cyclisme féminin a montré son meilleur visage, celui d'un peloton remuant, qui mène des courses tambour battant.
On a moins aimé :
L'absence de victoire française
Avec seulement huit étapes et une hégémonie néerlandaise, on savait que ce serait compliqué pour les coureuses françaises. Et personne ne leur en voudra. Mais un Tour de France sans victoire tricolore, c'est comme un cheesecake sans coulis : délicieux, mais il manque le meilleur. On pourra se consoler en se rappelant que Cecilie Ludwig, vainqueure à Epernay, est Danoise, mais qu'elle court pour la FDJ-Suez-Futuroscope. Ou en regardant l'excellente place finale de Juliette Labous au général. Ce n'était pas pour cette fois, mais c'est pour bientôt.
Les relents sexistes
Sur les réseaux sociaux ou au bord des routes, les moqueries ont fusé après quelques chutes impressionnantes survenues sur ce Tour de France femmes. On n'oublie pas non plus les questions récurrentes sur les pauses pipi ou les maillots ouverts laissant apparaître les formes des coureuses. Si le public a dans une grande majorité été conquis par le spectacle, une minorité sexiste fait encore trop de bruit.
Des petits couacs dans l'organisation
Bien sûr, pour sa première édition, le Tour de France femmes version ASO a parfois tâtonné du point de vue organisationnel. Personne ne savait vraiment à quoi s'attendre, un facteur qu'il faut garder en tête au moment d'analyser la semaine de course. Pour autant, s'il était très appréciable de voir le public directement en contact avec les coureuses dans le paddock ou aux arrivées, il aurait été plus raisonnable d'introduire les mêmes règles sanitaires pour la foule que pour les équipes, afin de protéger les coureuses.
Ces athlètes n'ont pas encore les mêmes privilèges que les hommes, notamment à l'heure de rejoindre la ville départ du lendemain. Ainsi, il n'y avait pas d'escorte des forces de l'ordre pour les femmes, plusieurs fois prises au piège des embouteillages, un problème qui paraît inconcevable pour le peloton masculin. Mais ces petits détails pourront être vite réglés, et semblent bien légers par rapport à tout le travail effectué par les équipes du Tour.
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