Tour de France 2022 : les principales clés pour comprendre et bien suivre les étapes de la Grande Boucle
Alors que le Tour de France s'élance vendredi du Danemark, franceinfo: sport vous propose de répondre à huit questions basiques mais essentielles, afin de maîtriser les règles et les enjeux, et ainsi profiter pleinement de l'événement.
Vous êtes intrigué par toute cette ferveur, trois semaines durant, autour d'une simple course de vélo et vous voulez mieux la comprendre ? Cet article est fait pour vous ! Si le Tour de France est le troisième événement sportif mondial le plus regardé à la télévision, ce n'est pas seulement parce que l'on peut admirer de magnifiques paysages. Au gré des sprints, des cols, et des différents enjeux, une Grande Boucle, c'est bien plus que cela. En huit questions-réponses, franceinfo: sport vous donne l'occasion d'avoir toutes les clés en main pour bien suivre les étapes de la légendaire épreuve.
Pourquoi certains coureurs portent-ils des maillots différents de leurs coéquipiers ?
Sur l'épreuve, outre les victoires d'étape, les participants chassent des maillots distinctifs. Le jaune récompense le leader du classement général individuel au temps, c'est-à-dire celui qui a passé le moins d'heures sur le vélo depuis le départ. Le vert consacre le coureur qui domine le classement général par points : ces derniers sont attribués à chaque arrivée et lors de sprints intermédiaires (placés durant l'étape). Les étapes de plaine étant richement dotées (50 points à l'arrivée contre 30 pour le vainqueur d'une étape de haute montagne), le maillot vert est l'apanage des sprinteurs polyvalents, capables de passer les bosses.
Le maillot blanc à pois rouges est attirbué au grimpeur qui a engrangé le plus de points au sommet des cols, côtes et arrivées en altitude. Enfin le maillot blanc célèbre les talents précoces. Il est porté par le coureur de 25 ans au plus, dans l'année en cours, le mieux classé au général. A noter par ailleurs la présence de tous les maillots nationaux, aux couleurs du pays du coureur sacré champion national. Il en est de même pour le fameux maillot arc-en-ciel qui distingue le champion du monde en titre. Julian Alaphilippe n'étant pas présent, vous n'aurez pas l'occasion de voir ce maillot cette année sur les routes du Tour.
Rouleur, grimpeur, puncheur... Quels sont les différents types de coureurs ?
Le sprinteur coche les étapes dites de plaine, avec peu de pentes, dans l'espoir d'une arrivée massive au sprint. À l'inverse, un grimpeur repère les journées en montagne, riches en dénivelé positif. Un bon rouleur vise, quant à lui, les épreuves de contre-la-montre ou des étapes longues et légèrement vallonnées. Le puncheur, en général doté d'une bonne pointe de vitesse, recherche des parcours accidentés ou qui s'achèvent par une courte côte, où il pourra placer une accélération dévastatrice. Enfin, le baroudeur s'illustre par ses multiples attaques pour se placer dans les échappées, quitte à se lancer dans un long effort solitaire.
Le profil du coureur repose en grande partie sur ses qualités physiques intrinsèques, qu'il travaille ensuite. Peu de chance par exemple qu'un cycliste d'1 m 80 et 90 kg brille en montagne, il sera plutôt à l'aise sur les pavés ou en sprint. En montagne, les petits gabarits légers seront plus à leur avantage.
Comment sont classés les cols ?
Les pentes du Tour de France sont classées dans cinq divisions distinctes : quatrième, troisième, deuxième et première catégorie, de la plus facile à la plus difficile, et un niveau "hors catégorie" réservé aux ascensions les plus ardues. Sont pris en compte la longueur, le dénivelé entre le bas de la montée et le sommet, la raideur de la pente mais aussi le positionnement de la difficulté dans la journée.
En 2016, Thierry Gouvenou, directeur technique de la course, a détaillé à l'AFP les subtilités du calcul de classement des cols. "On part du pourcentage (de la pente) au carré et on multiplie par la distance." Le chiffre obtenu permet d'obtenir la classification. Les ascensions hors catégorie dépassent les 600 points, les cols de première catégorie se situent entre 600 et 300 points, les cols de deuxième catégorie entre 300 et 150 points. Bine évidemment, plus un col est difficile, plus il rapporte de points aux coureurs dans le classement de la montagne.
Pourquoi certains réussissent à s'échapper et d'autres pas ?
Lors de chaque étape, les équipes dessinent des stratégies. Différentes raisons poussent des coureurs à partir à l'avant. D'abord, aller chercher une victoire bien sûr ou gagner du temps pour effectuer un bond au classement pour se rapprocher du maillot jaune. Envoyer un coureur à l'avant permet aussi de mettre en danger les porteurs de maillots distinctifs, et ainsi pousser leurs formations à mener le tempo en tête du peloton pour le rattraper.
Autre motivation, beaucoup moins sportive : l'échappée pour montrer le maillot, qui consiste à prendre la fuite sans espoir de gagner, mais uniquement pour placer sous les yeux des caméras la tunique et donc le nom du sponsor.
Dans le cyclisme, un "bon de sortie" désigne l'autorisation tacite du peloton de s'échapper. Plusieurs critères entrent en jeu, à commencer par le classement général. Si l'échappé constitue une menace pour les leaders, aucune chance de le voir déguerpir sans réaction du peloton. L'équipe du leader du classement général peut aussi décider de tolérer une échappée afin de passer une journée plus tranquille à l'arrière, en laissant les autres formations assurer le train. Un coureur qui roule sur ses terres natales pourra se voir offrir ce bon de sortie, mais à condition qu'il ne soit pas trop bien placé, et que les autres équipes n'aient pas ciblé cette étape...
Autorisation à partir à l'avant ne vaut pas laissez-passer pour rallier l'arrivée en premier. Le sort de l'échappée se trouve dans les mains du peloton, qui peut à tout moment décider de lancer l'offensive pour condamner les hommes de tête. Une équipe peut en effet rouler fort, soit pour donner une chance à son sprinteur de s'imposer, soit, si c'est celle du maillot jaune, pour ne pas offrir l'opportunité à certains échappés de se rapprocher au classement général.
Pourquoi un peloton avance-t-il plus vite qu'un cycliste seul ?
Le scénario est classique sur les épreuves de plaine : un groupe prend le large, compte jusqu'à dix minutes d'avance sur le peloton, lâche ses dernières forces mais est finalement avalé à l'approche de la ligne d'arrivée. La résistance au vent explique l'avantage incomparable du peloton sur une échappée.
Un cycliste caché au centre ou à la queue du peloton souffrira d'une résistance au vent bien moindre que son homologue situé à l'avant. Il fournira donc moins d'efforts, pourra s'économiser avant de relayer en tête ses équipiers. À l'inverse dans une échappée de quelques unités, les coureurs, moins abrités du vent, dépensent plus d'énergie pour conserver une même vitesse.
En s'appuyant sur "le théorème de Robert Chapatte", du nom d'un ancien coureur reconverti en journaliste sportif, la communauté cycliste annonce souvent gagnant un coureur échappé en solitaire s'il compte une minute d'avance sur ses premiers poursuivants à dix kilomètres de l'arrivée.
Leader, capitaine, gregario... Quels sont les rôles de chacun ?
Chaque équipe compte huit coureurs, engagés avec des rôles bien distincts. Le plus expérimenté assume souvent la fonction de "capitaine de route" : il conseille les plus jeunes, calme ses coéquipiers en cas d'imprévu et s'occupe du leader. Ce dernier, qui vise le classement général au temps, fait partie des coureurs protégés, tout comme le sprinteur qui chasse les victoires au sprint.
Hommes de l'ombre, les "gregarios" sont chargés d'aller chercher les bidons d'eau ou les imperméables pour leurs coéquipiers, d'attendre leur leader ou sprinteur s'ils crèvent ou sont décrochés, de remonter ces derniers en tête de peloton pour les protéger d'une cassure...
En cas d'arrivée au sprint, un "train" de plusieurs coureurs se forme, à environ trois kilomètres de la ligne, pour emmener le sprinteur sur un tempo d'enfer. Les coureurs s'écartent les uns après les autres jusqu'à ce que seul le sprinteur et son "poisson-pilote" restent sur la route, ce dernier s'écartant environ 300 mètres avant la fin.
Pourquoi le vent rend-il une étape piégeuse ?
Chaque matin, les équipes ont un rituel : vérifier la force du vent et sa direction. En cas de vent de face, les chances de voir une échappée se former sont réduites. Un vent dans le dos entraînera une journée au rythme très soutenu. Les choses se compliquent en cas de vent de côté, favorable à la formation de bordures lors d'une étape de plaine aux longues lignes droites plates.
Dans cette situation, pour s'abriter du vent les coureurs s'étalent sur toute la largeur de la route en formant un éventail. Si le vent vient de la gauche, le premier cycliste se place sur la gauche de la route, le suivant se décale légèrement vers le bas à sa droite, et ainsi de suite. Une fois le bitume occupé jusqu'à sa bordure, les coureurs n'ont pas d'autre choix que de rouler derrière l'éventail et se retrouvent exposés au vent.
Si l'éventail accélère, les hommes à l'arrière sont piégés et une cassure ne manquera pas de se produire car ils ne pourront pas rouler aussi vite que ceux abrités du vent. Pour limiter la casse, les coureurs retardés doivent, dès que possible, se positionner à leur tour en éventail pour tenter de revenir une fois qu'ils roulent dans une zone moins exposée.
Existe-t-il un délai maximum pour rallier l'arrivée ?
Les cyclistes disposent d'un délai imparti pour boucler chaque étape, sous peine d'être éliminés. Une barrière horaire différente est calculée chaque jour, à partir du temps d'arrivée du vainqueur, en fonction de la difficulté du parcours et de la vitesse moyenne du gagnant. Par exemple, lors d'une étape "de grande difficulté" au coefficient 4, le délai accordé aux derniers correspond à 7% du temps réel du premier si la moyenne kilométrique de ce dernier est inférieure ou égale à 30 km/h mais de 10% si sa vitesse est comprise en 32 et 33 km/h.
Lors de la neuvième étape du Tour 2021, de coefficient 4, entre Tignes et Cluses, marquée par une météo dantesque, sept sprinteurs avaient franchi la ligne hors délai. Ben O'Connor avait bouclé les 144,9 kilomètres en 4h26'43", à une vitesse moyenne de 32 à 33 km/h, ce qui accordait un délai supplémentaire de 37'20" aux retardés.
Les coureurs déclassés n'avaient pas pu s'accrocher au gruppetto, ce peloton de cyclistes qui se forme dès que la route s'élève en montagne. Dans un esprit de solidarité, les membres d'un gruppetto, souvent des sprinteurs mais aussi des équipiers ayant fait leur part du travail du jour auprès de leur leader, se relaient pour donner le tempo.
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