Tour de France 2024 : "Il est comme un bon vin, il devient encore meilleur avec l'âge"... Mark Cavendish, une 35e victoire record, tant attendue
Après des années d’attente et de doutes, il a atteint son graal. En remportant le sprint à l’arrivée de la cinquième étape du Tour de France, mercredi 3 juillet, à Saint-Vulbas, Mark Cavendish (Astana) est rentré dans l’histoire de la Grande Boucle. Devant une foule bruyante, qui avait bien saisi l’importance du moment, il a remporté, à 39 ans, sa 35e victoire sur les routes françaises, effaçant des tablettes le record d’Eddy Merckx.
Un accomplissement que l’homme de l’île de Man a pris le temps de célébrer, d'abord, bras ouverts sur la ligne, puis avec le reste de son équipe. "Je suis entouré de manière incroyable, avec la confiance de mon équipe, de mes gars, de ma famille qui est arrivée hier, avec mes amis... Alex [Vinokourov] me fait tellement confiance aussi. Il y a tellement de choses qui m'ont permis de remporter cette étape", a-t-il savouré au micro de France Télévisions peu après l'arrivée.
Bien lancé par son équipe
A commencer par une équipe entièrement tournée vers son sprinteur, qui a parfaitement maîtrisé la course sur les routes de la Savoie, de l'Isère et de l'Ain mercredi après-midi. Peut-être frustrés par l'échec de la première occasion de sprint lundi à Turin, les coureurs Astana ont contrôlé le rythme dans les derniers kilomètres décisifs, pour mettre en place le train le plus efficace et lancer de la meilleure des manières le héros du jour. "Les gars ont fait ça à la perfection dans le final", a félicité Mark Renshaw, poisson-pilote historique du Britannique devenu directeur sportif chez Astana, avant de se fendre d'une comparaison gastronomique à propos de son ancien coéquipier : "Il est comme un bon vin, il devient encore meilleur avec l'âge."
Des compliments et une juste récompense pour ce bourreau de travail, qui courait derrière cette 35e sacrée, devenue un objectif de fin de carrière, depuis plusieurs années. "C'est difficile rien que d'être au départ, chaque année, c'est beaucoup d'efforts car je vieillis. Se remettre en forme chaque année, qu'est-ce que c'est dur", a ainsi soufflé le Britannique au micro de France Télévisions. "Mark était tellement dévoué à ça. Il n'a pas passé beaucoup de temps avec sa famille cette année", a également confié Mark Renshaw, présent pour bon nombre des 34 succès depuis 2008.
Dans cette quête qui avait presque viré à l'obsession, pour laquelle il avait même décidé de repousser sa retraite la saison dernière, le coureur Astana, souvent rattrapé de dernière minute pour aller rouler sur les routes de France, avait vécu beaucoup d'occasions manquées depuis sa 34e victoire obtenue en juillet 2021. En 2023, sous ses nouvelles couleurs, il s'était approché du record, avec sa deuxième place à Bordeaux en déraillant sur la ligne (comme aujourd'hui), avant de devoir abandonner le lendemain sur une lourde chute.
Une récompense attendue et espérée
Cette année encore, le record a bien failli ne rester qu'un mirage. Secoué dès le grand départ d'Italie et ses deux premières étapes aux airs de Classiques, le Britannique avait été victime d'un gros coup de chaud dès le premier jour. Arrosé d'eau par ses coéquipiers et certains de ses adversaires, il s'était accroché pour rallier Rimini et l'arrivée, avec déjà 40 minutes de retard au compteur. "Notre plus grand défi était ces trois premiers jours en Italie. Le premier jour, il a souffert de la chaleur, mais on n'a jamais paniqué, on a contrôlé les choses. Hier, on a fait le plan parfait pour arriver pile dans les délais sans trop se dépenser", a décrypté Vasilis Anastopoulos, responsable de la performance.
"Il a 39 ans, la plupart disait qu'il n'allait pas y arriver. Il leur a déjà donné tort en 2021 et il leur a encore donné tort aujourd'hui en 2024. Il est juste phénoménal."
Vasilis Anastopoulos, responsable de la performance chez Astanaà franceinfo: sports
Ce mercredi, la fatigue et les difficultés ont semblé toutes oubliées. Dans le concert des klaxons, ceux du bus Astana qui fêtait sa victoire et des voitures des autres équipes passant juste à côté en forme d'hommage, c'est toute une équipe qui a savouré l'accomplissement du jour, alors que Mark Cavendish montait sur le podium en compagnie de ses enfants. "Je n’ai pas de mots. Nous pensons à ce moment depuis novembre je pense, depuis le premier camp d’entraînement", a souri son fidèle lieutenant Davide Ballerini, encore casqué, au pied de son bus.
Il est désormais le détenteur du record d'étapes et du plus grand écart depuis une première victoire (15 ans et 359 jours), le tout en étant devenu le deuxième plus vieux vainqueur d'étape sur la Grande Boucle, à 39 ans et 43 jours après le Belge Pino Cerami (vainqueur d'étape en 1963 à 41 ans et 95 jours). Pour autant, Cavendish ne compte pas s'arrêter là, comme il l'a assuré à France Télévisions : "On va essayer ! Chaque sprint où on aura l'occasion d'y aller, on essaiera de gagner évidemment ! [...] Il reste encore deux semaines et demie pour engranger un maximum de réussite." Même recordman, le missile n'est pas encore rassasié.
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