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Tour de France 2023 : Guillaume Martin avoue "une forme de culpabilité" par rapport au climat

Le leader français de la Cofidis, qui prend part à son septième Tour de France, évoque sa culpabilité d'un point de vue écologique.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Guillaume Martin, lors du Tour de Lombardie, le 8 octobre 2022. (MARCO BERTORELLO / AFP)

Huitième du Tour de France 2021 et leader de la formation Cofidis, Guillaume Martin n'est pas seulement un coureur cycliste. Il a notamment écrit trois livres traitant de la philosophie, et est particulièrement investi dans l'écologie. Avant le départ du Tour de France, samedi 1er juillet, il s'est confié à l'AFP sur l'empreinte carbone de son sport et de son activité personnelle.

Qui dit vélo, dit mobilité douce. Pourtant, les courses comme le Tour de France polluent. Comment vivez-vous ce paradoxe ?

Guillaume Martin : Personnellement, je n'arrive pas à faire l'économie d'une forme de culpabilité. Parce que je sais que mon métier et mon plaisir ont des répercussions qui sont contraires à mes idéaux et à ce que je pense nécessaire pour le bien de la planète. Finalement c'est le type de dilemme qu'on vit tous. On a des téléphones, mais on ne sait pas exactement comment ils sont fabriqués et quel chemin ils ont parcouru.

Le changement climatique, vous êtes bien placés pour le vivre ?

Je me rappelle d'une étape sur la Vuelta où mon compteur affichait une moyenne de 38 degrés sur la journée, alors qu'on était en montagne. Déjà, je ne suis pas certain que le sport de haut niveau soit bon pour la santé. Mais quand il y a des pics de pollution et que tu entends à la radio qu'il ne faut surtout pas faire d'activité à l'extérieur, alors que nous on fait des courses à fond... Parfois j'ai l'impression de participer à ce côté du pain et des jeux.

Que peut faire le monde du cyclisme ?

Les curseurs sont loin d'être poussés au maximum. Je pense qu'il est possible de réduire le nombre de véhicules en course. Au niveau du calendrier, on peut rapprocher davantage les courses géographiquement. C'est sûr que ça va déstabiliser certains organisateurs qui ont leur date historique, qui correspond peut-être à la fête du village à côté. Mais à un moment, il faut prendre la mesure de l'enjeu actuel.

Et les coureurs ?

J'en ai encore vu un l'autre jour qui jetait son bidon en pleine nature. Ça m'a rendu fou.

Y a-t-il une prise de conscience quand même dans le peloton ?

Oui. On est sensibilisés au sein des équipes, par les organisateurs, l'Union cycliste internationale (UCI). Je ne suis pas le seul à avoir ces préoccupations. [Le coureur canadien] Michael Woods par exemple compense son empreinte carbone. Moi, j'essaie plutôt de réduire. J'embête les secrétaires de l'équipe pour prendre un train quand c'est possible. Car le réflexe c'est de prendre l'avion. J'essaie aussi de réduire les déchets. En course, c'est compliqué. Mais à l'entraînement je me prépare des gâteaux de riz et je réutilise les emballages. Et je m'arrête à la boulangerie. Ce sont des petites choses.

Les organisateurs de courses comme le Tour de France bougent assez ?

Amaury sport organisation (ASO) intègre de plus en plus de véhicules électriques dans sa flotte. Après, il faut aussi être conscient que c'est une machine énorme et que ce n'est pas facile de changer en un claquement de doigts. Mais je pense qu'il y aura une pression de plus en plus importante d'organisations militantes comme on a pu le voir l'an dernier. Ce genre d'actions vont se répéter. Parce que, qu'on le veuille ou non, le Tour de France peut être le reflet de certaines dérives.

Le risque c'est qu'un jour on devra arrêter les événements sportifs ?

Oui. Le sport moderne est apparu à la fin du 19e siècle, à la suite des révolutions industrielles, à une époque où, d'ailleurs, le réchauffement climatique a commencé. Les machines ont beaucoup réduit la fatigue humaine. Le sport a été inventé pour répondre au besoin de continuer à exister par le corps. Mais c'est une dépense gratuite. Après, heureusement que l'humain a aussi cette capacité à faire des choses gratuitement. C'est le cas pour l'art, et je pense que le sport est une forme d'art. Le Covid a introduit la notion d'activités essentielles et non essentielles. J'espère qu'on n'arrivera pas au point où on sera obligé, de par la situation, de se concentrer uniquement sur l'essentiel.

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