Tour de France 2023 : ferveur basque, duo volcanique, clous... Ce qu'on a aimé et moins aimé de la première semaine
Le Tour de France s'octroie une pause bien méritée en ce lundi 10 juillet. Après 10 étapes, dont la plupart déjà explosives, la Grande Boucle fait escale à Clermont-Ferrand pour recharger les batteries. L'heure pour nous de tirer les premiers enseignements, du départ tonitruant à Bilbao à la victoire de Michael Woods au sommet du Puy de Dôme, dimanche soir.
ON A AIMÉ
Des paysages et une ferveur au rendez-vous au Pays basque
Entre Copenhague en 2022 et Florence en 2024, le Tour de France avait choisi le Pays basque comme point de départ cette année. Et la fête a été réussie, malgré la pluie battante lors de la présentation des coureurs à Bilbao. Le public basque a répondu présent, donnant aux grosses difficultés des premières étapes, la côte de Pike et celle de Jaizkibel, des allures de sommets alpins.
Le tracé a profité de cette région très vallonnée pour offrir un superbe suspense dès le départ, avec le numéro des frères Yates le premier jour, avant l'exploit de Victor Lafay à San Sebastian le lendemain. Au Danemark, le public avait déjà répondu présent, mais le parcours n'avait pas eu l'effet escompté. Cette fois, les deux étaient réunis pour lancer avec succès cette édition.
Un parcours très varié pour une première semaine
Au-delà du triptyque basque, cette première semaine a su agréablement alterner entre départs en feu d'artifice, étapes plus calmes, et les Pyrénées dès le...5e jour ! Si l'organisateur ASO tente depuis plusieurs années de dépoussiérer la première semaine, longtemps ennuyeuse et dédiée aux sprints, il a cette année permis à tous les types de coureurs de s'exprimer en une semaine.
Les puncheurs ont été les premiers à entrer en action à Bilbao et San Sebastian (1ère et 2e étapes), avant les sprinteurs à Bayonne, Nogaro, Bordeaux et Limoges (3e, 4e, 7e et 8e étapes), et enfin les grimpeurs, à Laruns, Cauterets et au Puy de Dôme (5e, 6e et 9e étapes), eux qui doivent normalement attendre une semaine avant de s'exprimer.
Une rivalité à rebondissements qui porte le Tour
Enfin, impossible de ne pas mentionner le duel entre Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard. Les deux immenses favoris du Tour n'ont pas perdu de temps pour se jeter dans la bataille dès la première étape. Ils se sont rendus coup pour coup, le Danois dégainant le premier avant que le Slovène ne lui réponde le lendemain. Dimanche, au sommet du Puy-de-Dôme, Pogacar n'a pas renversé Vingegaard, mais il lui a repris une poignée de secondes avant le repos. "C'est du beau cyclisme, du beau spectacle. On a vécu une première semaine fantastique, on a vu deux grands champions batailler chaque jour", s'est félicité Mauro Gianetti, le manager de Pogacar, dimanche.
Derrière, c'est déjà sauve qui peut, et hormis Jai Hindley, vainqueur à Laruns et solidement accroché au podium, tout le monde semble déjà résigné à ne viser que la troisième place, au mieux. "On a quand même des cracks devant, je ne pouvais rien faire", avait soufflé Hindley au micro d'Eurosport au soir de la revanche de Pogacar à Cauterets-Cambasque.
ON A MOINS AIMÉ
Les comportements inconscients de certains spectateurs
Si une très large partie des spectateurs du Tour de France a assuré une excellente ambiance durant la première semaine, certains se sont illustrés par leur bêtise. Lors de la deuxième étape notamment, plusieurs coureurs ont relevé des punaises sur la route, qui ont entraîné quelques crevaisons, et ont provoqué la colère de Lilian Calmejane (Intermarché-Circus-Wanty) sur Twitter. "Merci pour ce genre de connerie humaine. Je ne pense pas avoir été le seul victime de crevaison dans le final. Sachez qu'on peut tomber et se faire très mal avec vos conneries, bande d'abrutis", a tweeté le coureur, en filmant les punaises sur son pneu.
Lors de la 8e étape, Steff Cras (TotalEnergies), a lui aussi poussé son coup de gueule après avoir été contraint à l'abandon en raison d'une chute provoquée par un spectateur trop proche du peloton. "Lorsqu’un spectateur se rapproche à plus d’un mètre de la route et ne bouge pas à l’arrivée du peloton, il faudrait mieux rester chez soi. Cette personne n’a aucun respect pour les coureurs. J’espère que tu te sens vraiment coupable. Je dois abandonner le Tour de France à cause de toi", s'est-il emporté sur Twitter. Lilian Calmejane a lui aussi chuté à cause d'un spectateur, dimanche, mais a pu remonter sur son vélo.
La discrétion des cadors français
Contrairement à l'édition 2022, il ne faudra pas attendre la troisième semaine du Tour de France pour voir une victoire française. Mais, hormis Victor Lafay, les Tricolores se sont montrés timides durant la première semaine. David Gaudu n'a pas attaqué et n'a pas profité des bons coups, comme lors de l'arrivée à Laruns et a même lâché deux minutes au duo Pogacar-Vingegaard au puy de Dôme. Premier Français au général, le Breton, qui vise le podium, pointe dimanche à la 8e position, à 3'21 minutes du troisième Jai Hindley. Romain Bardet ferme quant à lui le top 10.
Julian Alaphilippe a, lui, davantage tenté de se montrer, en partant régulièrement à l'avant dans les Pyrénées, mais le double champion du monde n'a pas été récompensé, tout comme Pierre Latour, deuxième au puy de Dôme. Alaphilippe aurait pu se montrer plus à son avantage lors des deux premières étapes au Pays basque, mais n'a pas trouvé les jambes pour se mettre en évidence. Enfin, du côté de Cofidis, les sensations de Guillaume Martin "n'étaient pas exceptionnelles" dans les Pyrénées, et Bryan Coquard n'a pas réussi à monter sur le podium d'une étape de sprint, lui qui tourne autour d'une première victoire sur le Tour depuis 2014.
Le peu de suspense lors des étapes sans relief
"Les gens sont peinards pour la sieste", plaisantait Adrien Petit (Intermarché-Circus-Wanty) lors de l'étape entre Dax et Nogaro. Comme les coureurs, les téléspectateurs ont vécu quelques après-midi d'ennui, lors des étapes destinées aux sprinteurs. Les grosses équipes ont contrôlé la course, ce qui a découragé plus d'un candidat à l'échappée. Entre Dax et Nogaro (4e étape), il n'y a carrément pas eu d'échappée pendant un long moment, incitant Anthony Delaplace (Arkéa-Samsic) et Benoît Cosnefroy (AG2R-Citroën) à tenter un coup perdu d'avance.
Lors de la 7e étape, entre Mont-de-Marsan et Bordeaux, plusieurs coureurs étaient tout de même motivés pour passer la journée à l'avant, mais certains se sont relevés, sur consigne de leur équipe, pour ne pas perdre de jus inutilement. Simon Guglielmi (Arkéa-Samsic) est donc parti seul en tête, dans un raid solitaire voué à l'échec, avant d'être avalé par le peloton pour une troisième victoire de Jasper Philipsen (Alpecin-Deceuninck), qui, bien aidé par son équipe, ne laisse que des miettes à ses concurrents.
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