Tour de France femmes 2024 : non retenue pour les JO, Cédrine Kerbaol s'offre une revanche éclatante et le droit de rêver au maillot jaune
Elle n'en a pas trop fait. Deux bras levés, les mains en forme de cœur, mais pas de libération ni d'explosion de joie. "Pour être honnête, j'avais surtout envie de vomir tellement l'effort était violent", a-t-elle même expliqué. En s'imposant à Morteau, Cédrine Kerbaol a surtout marqué l'histoire de son sport, devenant la toute première vainqueure française d'une étape du Tour de France femmes, depuis son grand retour en 2022.
"Un magicien ne révèle jamais ses secrets", s'était-elle amusée mercredi, avant de participer à l'étape arrivant à Liège. Il n'y avait alors pas eu de numéro ou de feu d'artifice, simplement de la pluie et quelques secondes de perdues sur les meilleures. Mais la leader de l'équipe Ceratizit-WNT, meilleure jeune du Tour 2023, a montré qu'elle était dans un état de forme épatant dès le lendemain, en terminant 7e et meilleure Française à Amnéville.
La France attendait plutôt Evita Muzic et Juliette Labous cette année, notamment en vue d'un podium au classement général final, mais c'est Kerbaol qui prend toute la lumière. Même le jour où la course passe en Franche-Comté, terre natale des deux premières citées. C'est ce qu'on appelle voler la vedette. "J'ai un peu de mal à réaliser. Je ne comprends pas trop ce qui m'arrive, a réagi Cédrine Kerbaol sur le plateau de France Télévisions. Cela faisait deux, trois jours que j'avais la rage. Je voulais en claquer une."
"Je ne me fixe pas de limite et je n'avais pas particulièrement visé cette étape au début du Tour."
Cédrine Kerbaolen conférence de presse
Cette performance n'a en tout cas pas surpris Juliette Labous : "J'avais l'impression qu'elle était en mission cette semaine. Elle était vraiment forte et ne faisait pas d'erreurs." Kerbaol a placé l'attaque décisive à 14 kilomètres de l'arrivée, creusé un trou d'une trentaine de secondes et résisté au retour du peloton en s'infligeant un terrible effort aux allures de contre-la-montre. Au total, elle a empoché 31 secondes sur toutes les meilleures et se retrouve dauphine de la maillot jaune, Katarzyna Niewiadoma pour 16 secondes.
"Cette pression du maillot blanc n'est plus là. L'an dernier, la course était un peu cadenassée par la défense de cet objectif. Cette année, on est plus ouverts à la fantaisie, prévenait-elle dès le jour du grand départ à Rotterdam. J'ai à cœur de me battre pour le classement général et aussi, pourquoi pas, pour tenter quelque chose sur une étape." Une position plus qu'optimiste pour une coureuse venant de vivre deux déceptions coup sur coup : un abandon sur le Tour d'Italie et une non-sélection pour les Jeux olympiques.
Des ambitions au classement général ?
La Bretonne est un talent brut à la personnalité détonante, sans filtre. Elle est aussi, malgré son jeune âge (23 ans), très l'aise face aux médias. En conférence de presse, plus d'une heure après sa victoire, elle a fait l'éloge de la "patience" et fait comprendre qu'elle avait beaucoup progressé dans son approche des courses. Mine de rien, l'ex-coureuse d'Arkéa et de Cofidis en est à trois victoires cette saison, après deux courses d'un jour espagnoles en février et mai.
Rouleuse, plutôt grimpeuse, elle est en position idéale pour faire mieux que l'an dernier (12e). L'intéressée ne veut pas se fixer d'objectifs précis et subir la pression qu'ils impliquent. "Je préfère prendre les moments comme ils sont, ensuite on verra. Le Tour est déjà réussi pour moi, mais j'ai à cœur de me battre pour obtenir le meilleur résultat possible au général", a-t-elle prévenu. Même si la maillot jaune Katarzyna Niewiadoma a dit "ne pas savoir" si la Française était une concurrente directe pour le classement général, les meilleures coureuses du peloton vont la regarder d'un autre œil dès samedi sur les routes montagneuses menant au Grand-Bornand.
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