: Reportage Tour de France femmes 2024 : on était au Grand Départ depuis les Pays-Bas, là où le vélo est roi
Les Jeux olympiques viennent tout juste de tirer le rideau, mais l'été sportif continue. À Rotterdam (Pays-Bas), le Tour de France femmes a lancé sa troisième édition, lundi 12 août, avec un premier départ depuis l'étranger. En route pour rallier le plus grand port d'Europe, l'ombre des JO planait encore. Dans le même wagon de l'Eurostar, à quelques mètres d'écart, l'Italienne Elisa Balsamo et la double championne olympique américaine Kristen Faulkner s'éloignaient de Paris, samedi, en renonçant à la cérémonie de clôture.
Une fois descendu du train, en gare centrale de Rotterdam, un autre sport coupe notre effort de transition sur le vélo. De nombreux supporters du célèbre club de foot du Feyenoord prenaient la route de leur stade, pour assister au premier match de championnat de la saison (terminé sur un match nul 1-1 contre le promu Willem II). Ce n'est qu'à la sortie de la gare que le Tour de France femmes reprend ses droits, se signalant au sommet de chaque lampadaire à l'aide d'affiches et de panneaux.
Demi Vollering était pressée d'en découdre
L'effervescence, elle, est toute relative, alors que dans le même temps, l'extrême communion en France pour les JO avait encore quelques heures devant elle. Il n'empêche que le lendemain matin, veille du départ, des centaines de passants étaient venues se tester sur le parcours ouvert du contre-la-montre, celui de la 3e étape. Et quelques heures plus tard, les coureuses ont défilé une par une devant les micros et caméras des médias. La Française Juliette Labous, la directrice de la course Marion Rousse et Kristen Faulkner ont été les plus demandées, avec bien sûr l'immense favorite Demi Vollering.
Sur ses terres, la vainqueure sortante est particulièrement attendue. "Je suis très excitée et j'ai dit aux filles ce matin : 'Je suis tellement impatiente, je dois me détendre.' C'est vraiment spécial pour moi", raconte celle qui connaît bien les recoins arpentés par le peloton sur la première étape, du temps où elle était étudiante fleuriste, "dans une autre vie". Mais toutes les Néerlandaises ne sont pas aussi pressées qu'elle de partir de Rotterdam.
"Je ne suis pas super contente de commencer la course sur des routes plates dans ce genre de zone très fréquentée des Pays-Bas", confie Amber Kraak, pensionnaire de l'équipe française FDJ-Suez. Pour cause, l'objectif collectif est surtout d'éviter les chutes et de protéger la leader, Evita Muzic, loin d'être sur un terrain qu'elle affectionne. Le sentiment est partagé par sa coéquipière Loes Adegeest, qui tentera tout de même d'apprécier le moment : "C'est une opportunité unique dans une carrière. Mon petit-copain vient de Dordrecht (ville départ de la 2e étape) et ma grand-mère vivait juste à côté de la ligne d'arrivée de la première étape, donc ça rend les choses encore un peu plus spéciales."
Du monde, mais une ambiance bien sage
Le matin du Grand Départ, la foule s'est rassemblée devant le podium, situé à proximité du musée Boijmans Van Beuningen et sa façade miroir. "Cela fait bizarre ne pas être en France. Il y a un grand engouement pour les cyclistes néerlandaises. Pendant la course, je ne vais pas vraiment entendre tout ça, je vais me concentrer sur ma course", note Evita Muzic après son passage à la traditionnelle signature. Sur la ligne de départ, les curieux sont présents en nombre. Une bonne partie d'entre eux a fait la route à vélo.
"Si la distance est inférieure à 7 km, presque tout le monde prend le vélo plutôt que la voiture. Maintenant avec les vélos électriques, les personnes âgées peuvent aussi se déplacer plus facilement."
Amber Kraak, coureuse néerlandaise de FDJ-Suezà franceinfo: sport
La famille de la Française Victorie Guilman est arrivée très tôt. On a pu croiser quelques supporters tricolores dont François et Thomas, des jumeaux venant du Nord de la France, à une heure de route. Les deux jeunes hommes, l'un en tenue Cofidis, l'autre aux couleurs d'Arkéa-B&B Hotels, ont encouragé Juliette Labous sur sa route vers la zone technique. "Ça n'a pas encore commencé, mais il y a du monde", remarque le second, qui avait fait le déplacement sur la première édition du Tour de France femmes.
Du monde oui, mais les décibels n'ont jamais vraiment grimpé très haut, au point de rester sur sa faim après deux semaines de Jeux olympiques volcaniques. Pour preuve, à l'annonce des noms de Lorena Wiebes et Demi Vollering, la foule les a à peine célébrées. "C'était limite mieux à Clermont-Ferrand", souffle un journaliste présent sur l'édition 2023. L'absence de la fameuse caravane du Tour, qui n'arrivera qu'à partir de la 4e étape, n'a peut-être pas arrangé les choses. Quelques hourras, mais rien de plus. Une fois le départ fictif donné, le lieu s'est vidé en un temps record.
À l'arrivée, dans la ville de La Haye, connue pour abriter la Cour internationale de justice, l'ambiance est restée celle des vacances. L'arrivée débouchant sur une cité balnéaire, baigneurs et fans de vélo se sont croisés sous un mercure indiquant 35 degrés. On a cru un instant que la plage et son eau à 20 degrés allaient finir par attirer toute la foule, mais le monde était rendez-vous sur la ligne d'arrivée pour assister à la victoire d'une Néerlandaise née à moins de 100 km, la sprinteuse Charlotte Kool (DSM-Firmenich). Pas de hurlements de joie dans la foule. Il faut dire que la victoire est une habitude batave sur le Tour (10 victoires en 17 étapes). Et il y a de grandes chances que cela continue mardi.
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