Suède : l'expérience de la peine de probation
Et puis l'adoption, demain, en Conseil des ministres, de la fameuse réforme pénale de Christiane Taubira. Principales dispositions : la suppression des peines plancher, mais surtout la possibilité élargie, pour les juges, de prononcer des peines alternatives à la prison. Voici ce soir l'une des expériences, menée depuis quelques années, et qui a inspire le gouvernement français : C'est le modèle suédois.
Ni murs ni miradors. Des prisonniers qui travaillent dans les champs, sans surveillance. Des bâtiments coquets, des cellules sans barreaux. En Suède, près de moitie des prisons ressemblent à celle-ci.
Vous pensez vous évader, parfois.
Non, non, jamais ! Je serais stupide de faire ça. Je serais rattrapé et mis dans une prison avec des murs.
En 4 ans, 7 prisonniers seulement se sont fait la belle. Cet établissement fait tout pour la réinsertion. La journée de travail c'est de 8 h à 16 h, le travail est rémunéré 40 euros par semaine, un traitement qui semble permissif pour des hommes condamnés pour leurs crimes.
Avant d'être condamné, je pensais moi aussi : il faut les enfermer et jeter la clé. Mais en restant assis dans une cellule, vous devenez amer. Vous détestez la société. Ici, on se sent de mieux en mieux. Et on a envie de devenir un autre homme.
Il y a quand même des précautions. Ainsi, les couteaux sont attachés. Cet homme a fait 4 ans de prison pour escroquerie. Il a connu les quartiers de haute sécurité. Ici, il s'est réadapté au monde extérieur. En cuisinant notamment pour les 11 autres prisonniers qui cohabitent avec lui. Des tâches ménagères assumées à tour de rôle pour que chacun réapprenne l'autonomie.
J'ai déjà trouvé un travail, et j'espère même sortir avant la fin de ma peine et avoir un bracelet électronique. J'irai travailler et je reviendrai a la maison le soir.
La sortie, c'est le moment qu'il ne faut pas rater. Pour cet ancien membre d'un gang, c'est imminent. Il va quitter ce centre de désintoxication où il purge sa peine depuis 10 mois. Pour l'aider à ne pas récidiver, il n'est pas seul.
Nerveux ? Allez, viens avec moi.
Un agent de probation d'un genre particulier vient l'épauler. Look de motard, Christer Karsslon a fait 35 ans de prison. Aujourd'hui, il aide les anciens détenus à leur sortie.
C'est très important d'accompagner les gars qui sortent de prison. C'est à ce moment-là qu'ils sont livrés à eux-mêmes et fragiles. Et qu'ils peuvent récidiver.
Tobias n'a pas droit à l'erreur. Pendant un an, il est en liberté conditionnelle. Etape essentielle : avoir un logement. L'association de Christer l'a aidé a trouver cette chambre.
Tobias a connu deux fois la prison, pour cambriolage et braquage a main armée. Cela ne l'a pas empêche de recommencer.
La première chose que j'ai faite en sortant de prison, c'est d'aller boire une bière et prendre de la drogue. Et repartir du coup dans la délinquance ! Il a suffi de deux heures pour replonger.
Lors de sa seconde récidive, les juges l'ont sanctionné autrement. En l'envoyant en cure avec, à la sortie, un suivi personnalisé.
J'ai un gars que je peux appeler 24 h sur 24 si ça ne va pas. C'est très différent d'avant. C'est ma bouée. Etje suis heureux.
Moi je suis là pour lui tirer l'oreille, au besoin.
La Suède privilégie les peines de probation aussi pour des raisons économiques.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.