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Kevin Le Roux, le géant à sa place

Jusqu'au tournoi de qualification olympique (TQO) à Berlin (du 5 au 10 janvier 2016), nous vous faisons découvrir un peu plus les joueurs de l'équipe de France. Depuis le 26 décembre, le groupe est réuni pour préparer ce TQO, un groupe où l’on ne peut pas rater Kevin Le Roux. Parmi les plus grands (2m09), le central s’est fait une place sous la houlette de Laurent Tillie, l’entraîneur qui l’a lancé à Cannes.
Article rédigé par franceinfo
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Parfois, on trouve sa voie naturellement. Pour un géant, terminer sur un terrain de volley n’a rien d’incroyable. Avec son gabarit (2m09, 96 kg), Kevin Le Roux avait autant sa place sous les paniers qu’au filet. "Il  fallait un sport à ma taille. Le basket, le volley… Mais je n’étais pas très adroit et puis un cousin s’est mis au volley, alors je l’ai suivi". Une trajectoire simple pour celui qui a d’abord écumé les bassins et les tatamis avant de se fixer sur le parquet. Il a 15 ans et vit à Saint-Malo et fait déjà 2m02 en troisième. "Je faisais 57 cm à la naissance et prenait en moyenne 8 à 10 cm par an », raconte-t-il. Autant dire qu’il était difficile de passer inaperçu. « Je n’ai pas eu une adolescence évidente, j’ai subi ma taille plus jeune".

Heureusement le volley va l’aider à se sentir mieux dans ses baskets. "Au lycée, ça m’a aidé à être plus serein, à moins faire attention au regard des autres. Avec le volley, je côtoyais des gens de ma taille. Ca m’a rendu plus fort". Repéré par le CREPS de Dinart, il fait vite le grand saut vers le CNVB dans l’Hérault, l’usine de cette génération dorée. "J’y ai passé quatre ans. Là-bas, on ne se jugeait pas, il n’y avait aucune moquerie". Il y parfait sa technique et à l’écouter, il partait de loin. "Au CREPS, on m’a pris parce que j’étais grand. Je commençais un sport donc j’ai dû tout apprendre. J’avais des pieds à la place des mains", rigole-t-il. Un handicap qu’il surmonte vite puisque deux ans après ses débuts, il intégrait l’équipe de France cadet.

Le professionnalisme et la découverte des Bleus

A la fin de ses quatre ans au CNVB, il est temps de trouver un club. Les propositions affluent, mais le natif de la région parisienne s’exile dans le sud de la France. A Cannes, où il découvre Laurent Tillie, l’actuel sélectionneur de l’équipe de France. Le cadre de vie, l’appartement, la voiture, offerts par le club, séduisent celui qui a enfin trouvé sa voie. "Si je n’avais pas eu le volley, je vois mal ce que j’aurai pu faire", estime celui pour qui l’école rimait plus avec récréation qu’éducation. "En quatre ans de collège, j’en ai fait quatre différents, se rappelle-t-il. Je foutais le bordel. Je n’avais pas envie d’apprendre. Je prenais des branlées mais comme j’étais borné…". Les problèmes de discipline cesseront avec le volley.

A Cannes, il découvre le professionnalisme et la patience. "Je jouais peu au début mais le central devant moi s’est blessé et Laurent Tillie m’a donné ma chance". Qu’il va saisir pour ne plus la lâcher. Il progresse, gagne en confiance et intègre l’équipe de France. A l’époque, le sélectionneur s’appelle Philippe Blain. Entre les deux, le courant ne passse pas. "Je n’avais pas un très bon feeling", explique-t-il. Le test pour le Mondial 2010 tourne court. Il reviendra en sélection en 2012 avec l’arrivée de Laurent Tillie au poste de sélectionneur. 2012, l’année où les Bleus vont rater les Jeux. Un souvenir qui hante encore le central. "Les JO ? J’y pense tout le temps. On les a ratés de peu à Londres, ça m’embêterait de manquer Rio". Le TQO de début janvier sera décisif. "On a peu de préparation, mais je ne crains pas qu’en si peu de temps, notre niveau ait baissé. Il faut avoir confiance, si on joue comme on a joué, on ne doit pas avoir peur", assure-t-il.

L’expérience coréenne

La peur, ce n’est pas un sentiment que Kevin Le Roux a ressenti au moment de s’envoler vers la Corée du Sud. Retour en arrière. Après quatre ans à Cannes (2009-2013), Le Roux évolue à Piacenza (Italie) quand le club rencontre des difficultés financières. "A partir de janvier, on n’était plus sur de toucher notre salaire". C’est dans ce contexte économique flou qu’il est sollicité par le club coréen, Hyundai Skywalkers. "Leur étranger s’était blessé, il leur fallait un remplaçant. Je n’avais pas prévu de partir mais ce transfert arrangeait les trois parties". Le jeune homme de 24 ans débarque donc à Cheonan, ville située à trois quarts d’heure de Séoul, sans connaître personne et sans parler la langue. C’est ce qu’on appelle une expérience.

"Toute l’équipe était dans un château à 30 millions de dollars, on avait tout sur place. Les équipements sportifs, les dortoirs, la cantine… J’avais envie de découvrir ce championnat, c’était presque un honneur pour moi, mais ces cinq mois n’ont pas été faciles". Seul – mais pas esseulé – il n’a pas parlé à grand monde hormis son traducteur. Lors de son seul jour de repos hebdomadaire, il s’amuse à Séoul. Si l’expérience l’a fait "grandir énormément, techniquement, physiquement – il a pris trois kilos de muscle -, mentalement", il ne la finira pas tout seul puisqu’un ami le rejoindra pour les deux derniers mois. Aujourd’hui en Turquie, où il joue les premiers rôles en championnat et en Ligue des champions avec son club de l’Halkbank Ankara, il savoure. Bien qu’avec deux matches par semaine, il ne bénéficie pas trop de temps de repos. Tant mieux pour celui qui "préfère se donner à fond pour être prêt" avec les Bleus.

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