L'oeil de Gabart sur le Vendée Globe : "On peut se réjouir du fait qu'il n'y ait eu qu'un seul abandon", François Gabart livre son analyse
Comment expliquez-vous que parmi les quatre favoris, deux ont eu des problèmes techniques depuis le départ de la course ?
F.G : "Ce que je pense c’est que parmi les quatre favoris qui sont Alex Thomson, Jérémie Beyou, Charlie Dalin et Thomas Ruyant, les deux qui étaient principalement là pour la victoire sont Jérémie et Alex. Il se trouve que ce sont eux deux qui ont eu les problèmes conséquents. Alors est-ce-que c’est parce qu’ils ont placé le niveau de risque plus élevé que Thomas et Charlie par exemple ? C'est difficile à dire, il y a plein de paramètres. Mais peut être que ces deux marins ont été plus agressifs dans leur trajectoire. En particulier Alex, avec la première dépression. Il a quand même attaqué assez fort dans une mer très difficile."
Peut-on observer une grande différence entre les bateaux d'anciennes et nouvelles éditions ?
F.G : "Les bateaux sont très différents d’édition en édition. On peut imaginer que ce type de problème structurel est moins probable sur un bateau plus ancien néanmoins ça peut arriver. Jean le Cam a eu une trajectoire assez similaire à celle d’Alex Thomson dans cette fameuse dépression en première semaine. Et Jean à notre connaissance n’a pas eu de problème sur son bateau. C’est évident que les bateaux plus âgés ont eu pas mal de sollicitations et sont donc plus fiables là-dessus."
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Est-ce que cette situation de renversement est fréquente quand on sait la distance qu’il peut y avoir entre deux bateaux ?
F.G : "Parfois il y a des écarts qui se creusent et les changements de leaders sont moins fréquents mais en début de course clairement les écarts restent faibles et les changements sont naturellement assez réguliers. L’écart entre les deux premiers, Thomas et Charlie, est assez faible aujourd'hui. Thomas a eu des problèmes techniques ces derniers jours, problèmes de drift de voile, il a été obligé de monter plusieurs fois sur son mat, il a perdu un peu de terrain. Les bateaux se sont forcément rapprochés. C'est assez classique en début de course. On peut imaginer que sur la remontée de l’Atlantique dans quelques semaines les écarts seront peu conséquents mais ça peut changer jusqu’à la fin."
Est ce que vous différenciez un style anglais et un style français dans la manière de naviguer ?
F.G : "Il y a forcement une différence d’approche culturelle. Alex a très peu navigué ces derniers mois. Là on voit ses problèmes. Est ce qu'il a assez navigué dans des conditions fortes ? C'est difficile à savoir. Ce qu’on peut constater en tout cas c’est qu'il a toujours un état d'esprit très positif. Il a réussi à réparer son bateau. Il est présent. Il peut gagner et oui il y a forcement une différence d’approche. Mais finalement qu’il soit anglais ou pas anglais, je pense qu'Alex a une approche forcément différente et qui est vraiment propre à lui et aucun français ni même aucun anglais n’est capable d’imiter son style."
Quelles sont vos surprises pour le moment ?
F.G : "Déjà, malgré un début de course technique et difficile on peut se réjouir du fait qu’il n’y ait eu qu’un seul abandon. Il y a 32 des 33 marins au bout de 15 jours difficiles. Je suis aussi très heureux de la position de Charlie ce soir. Et on en a beaucoup parlé mais on peut tirer un grand coup de chapeau à Jean le Cam parce qu’il est dans les premiers et ça fait partie de la belle surprise de ce début de Vendée. Effectivement il a un bateau plus âgé et il a très bien navigué. C’est l'élément le plus surprenant de ce Vendée et je pense que ça le surprend lui-même donc très bon début de course de Jean."
Et vos déceptions ?
F.G : "On préférerait avoir Alex et Jérémie à quelques mètres de Charlie. Ça m'embêterait un peu mais pour le sport ce serait mieux. C'est quelque part un peu cruel et terrible que les problèmes majeurs aient eu lieu parmi les deux favoris."
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