Disparitions, sauvetages, records, podium… Retour sur cinq événements marquants du Vendée Globe

Article rédigé par franceinfo
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Lors du départ du Vendée Globe aux Sables-d'Olonne, le 4 novembre 2004. (MARCEL MOCHET / AFP)
La dixième édition du Vendée Globe s'élancera le 10 novembre. Retour sur des événements marquants des éditions précédentes de cette course mythique.

Une course de légende. Quarante skippers prendront le départ dimanche 10 novembre des Sables-d'Olonne pour la dixième édition du Vendée Globe. Depuis 35 ans, ce tour du monde à la voile en solitaire, sans escale et sans assistance est devenu peu à peu un mythe.

Si l'Everest des mers est comme l'ascension du plus haut sommet du monde, de plus en plus accessible et de moins en moins dangereux, finir cette course est un exploit sportif. Retour sur cinq grands événements qui ont marqué cette course mythique.

1 1989-1990 : le sauvetage de Philippe Poupon par Loïck Peyron

C'est une époque où le tour de monde à la voile se fait en près de 110 jours. Treize bateaux sont au départ de cette première édition, sept franchiront la ligne d'arrivée. Le vainqueur de la course Titouan Lamazou (109 jours 8 heures 48 minutes et 50 secondes) est déjà en tête au niveau du Cap de Bonne Espérance en Afrique du Sud. Il est talonné par Philippe Poupon mais, le 27 décembre, le skipper déclenche sa balise de détresse alors qu'il est à l'entrée des Quarantièmes rugissants.

La direction de course demande à Loïck Peyron, le concurrent le plus proche, de se dérouter pour porter secours. En raison des moyens de communication de l'époque, il ne reçoit ce message que 12 heures après. Loïck Peyron va mettre ensuite 24 heures à atteindre le bateau de Philippe Poupon. Le navire est couché à 90° sur l'eau. Le skipper prend le bateau en remorque et arrive à le redresser au bout de la deuxième tentative. Le sauvetage est filmé par le navigateur. Les images font le tour du monde créant un mythe fondateur.

2 1996-1997 : la disparition de Gerry Roufs

La troisième édition du Vendée Globe est connue comme l'édition la plus effrayante. Des 16 skippers au départ en 1996, six seulement arriveront à être classés à l'arrivée. Le Grand Sud va particulièrement maltraiter les skippers. Il y a d'abord le naufrage de Raphaël Dinelli le 25 décembre dans l'océan Indien au sud de l'Australie. Le navigateur français se retrouve sur son bateau retourné pendant 20 heures. Il sera sauvé in extremis par le Britannique Pete Goss dans des conditions épouvantables.

Raphaël Dinelli pris en photo par la marine australienne sur son bateau avant d'être secouru par l'Anglais Pete Goss, le 26 décembre 1996. (RAAF / POOL)

Toujours au sud de l'Australie, un double naufrage survient le 5 janvier. Thierry Dubois et Tony Bullimore naviguent à faible distance l'un de l'autre. Ils chavirent dans une mer terrible et sont secourus par la marine australienne. Mais la course est surtout marquée par la disparition de Gerry Roufs. Le Canadien est pris au piège dans une tempête. Il déclare au PC de course que "les vagues ne sont plus des vagues, elles sont hautes comme les Alpes". Le 7 janvier, la balise de son bateau cesse d'émettre. Malgré les recherches de skippers et notamment d’Isabelle Autissier, le navigateur de 43 ans ne sera pas retrouvé. En août 1998, on retrouvera des morceaux de l'épave échoués sur une île chilienne.

3 2000-2001 : Ellen Mac Arthur sur le podium du Vendée Globe

Après le traumatisme de 1996, la quatrième édition du Vendée Globe marque un tournant dans la sécurité mais aussi dans la médiatisation de la course autour du monde. À 24 ans, Ellen Mac Arthur est la benjamine de la course. La navigatrice britannique va marquer de son empreinte ce Vendée Globe.

Le développement de moyens de communication permet de meilleures liaisons terre-mer. Les skippers envoient des sons et des images de la vie à bord de leur navire. En plus de filmer les icebergs passant tout près de son navire, la Britannique ne cache rien de ses émotions. Ses joies quand elle danse sur son navire, ou ses pleurs après avoir heurté un container lors de sa remontée de l'Atlantique alors qu'elle se bat pour la victoire.

Le 11 février 2001, elle termine en deuxième position, arrivée à peine un jour après Michel Desjoyeaux. Celui qu'on surnomme "le professeur" réussit un tour du monde en moins de 100 jours (93 jours 3 heures et 57 minutes).

4 2012-2013 : le tour du monde en moins de 80 jours

Un duel épique anime la septième édition du Vendée Globe. Après le départ donné le 10 novembre des Sables-d'Olonne, la descente de l'Atlantique va être menée par Armel Le Cléac'h. La traversée du Pot-au-noir entraîne la formation d'un groupe de six en tête de la course. L'océan Indien devient le théâtre d'une lutte acharnée pour passer en premier les portes des glaces. Ces portes de sécurité placées dans le Grand Sud pour éloigner les skippers des icebergs.

Le 10 décembre, François Gabart signe un impressionnant record de distance parcourue en 24 heures de 534 milles, et s'empare de la tête devant Armel Le Cléac'h. Au sud de l'Australie, les deux skippers se détachent des autres concurrents et font la course presque côte à côte. Gabart passe le Cap Horn avec seulement 80 minutes d'avance sur Le Cléac'h qui ne le rattrapera plus.

Le skipper François Gabart célèbre sa victoire lors de la septième édition du Vendée Globe, le 27 janvier 2013 auxSables-d'Olonne. (DAMIEN MEYER / AFP)

François Gabart arrive aux Sables-d'Olonne le 27 janvier. Il bat le record du Vendée Globe en 78 jours 2 heures 16 minutes et 40 secondes. Il pulvérise le record de Michel Desjoyeaux et termine avec seulement trois heures d'avance sur Armel Le Cléac'h. Ce dernier prendra sa "revanche" quatre ans plus tard en remportant l'édition suivante en 74 jours 3 heures 35 minutes et 46 secondes. Un record toujours en cours.

5 2020-2021 : Jean Le Cam, le sauvé devient sauveur

Le contexte sanitaire pèse sur l'organisation de cette neuvième édition du Vendée Globe. Les 33 skippers s'élancent dans un tour du monde sans croiser le public dans le chenal des Sables-d'Olonne. Cette édition très suivie sera marquée par le sauvetage de Kevin Escoffier. Le 30 novembre, juste avant le Cap de Bonne-Espérance, le skipper prévient que son navire s'est cassé en deux. Il envoie un message à son équipe technique : "Je coule, c’est pas une blague."

La direction de course déroute Jean Le Cam pour lui porter secours ainsi que Yannick Bestaven, Boris Hermann et Sébastien Simon. Kevin Escoffier passe une dizaine d'heures dans son radeau de survie avant d'être secouru par Jean Le Cam. Onze ans auparavant, le "roi Jean" s'était lui-même retrouvé dans la peau du skipper en danger : en janvier 2009, coincé dans le cockpit de son bateau retourné, il est sauvé par Vincent Riou au large du Chili.

Lors de l'édition 2020-2021, tous les marins déroutés pour le sauvetage de Kevin Escoffier recevront une compensation de temps. Elle permet à Yannick Bestaven de l’emporter devant Charlie Dalin, pourtant premier à couper la ligne d’arrivée aux Sables-d'Olonne. Jean Le Cam se hisse lui à la quatrième place du classement. Mais le roi Jean n'en a pas fini avec le Vendée Globe. Il fait partie des 40 skippers qui s'élanceront le 10 novembre, portant à six son nombre de participations à ce tour du monde légendaire.

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