Transat Jacques Vabre : derrière les voiles, un événement au modèle économique bien huilé
Les 79 bateaux de la Transat Jacques Vabre, une course sportive mais aussi un événement aux retombées économiques majeures, se sont élancés dimanche.
La Transat Jacques Vabre s'est élancée dimanche 7 novembre. Et c’est la baie de Fort-de-France, en Martinique, qui accueillera l’arrivée de la 15e édition de la transatlantique. Derrière la course, un modèle économique très rodé s'est mis en place. Explications de Caroline Caron, sa directrice générale.
Franceinfo: sport : Comment fonctionne le modèle économique de la Transat Jacques Vabre ?
Caroline Caron : La gouvernance est une association détenue par le public et le privé, entre Jacques Vabre qui intervient via JDE, et la ville du Havre. Cette année il y a en plus la région Normandie. Il n'y a pas de bénéfices ni de profits. Tout ce que l'on gagne, on le réinjecte dans la course. Difficile, dès lors, de chiffrer le budget, mais ce que l'on peut dire c'est que l'on n'est pas déficitaires, la course s'est imposée depuis 15 ans comme une grande course au large et continue de grossir.
Qu'en est-il du budget ?
La course est financée de 60 à 70% par des subventions publiques, de 6% par les inscriptions et de 15% par du merchandising. Le reste provient des partenaires économiques. La course est un spectacle gratuit pour le public, et il n’y a pas de droits TV.
La crise du Covid a-t-elle modifié la façon de concevoir le modèle économique de l'événement ?
On s'est rendu compte qu'organiser des gros événements sportifs était de plus en plus compliqué, et que la crise sanitaire n'allait pas aider. Depuis un an et demi on s'est donc repositionnés en passant "d'organisateurs de course" à "dépositaires de l'événement. C'est-à-dire que l'on a mis en place des programmes associés, comme celui de la French Tech sur l'innovation, ou un programme d'ouverture de la course au large à des équipages féminins. Cette année, on finance un duo de jumelles qui n'auraient peut-être pas pu accéder à la course autrement. On a diversifié et valorisé notre événement en lui faisant prendre davantage d'ampleur.
"La course la plus longue et la plus exigeante en Atlantique"
Les sponsors vous ont-ils suivis malgré les effets de la crise sanitaire sur l'économie sportive et événementielle ?
Oui ! Les sponsors nous ont suivis sur cette revalorisation et on a deux nouveaux partenaires principaux, en plus des entreprises du Havre engagées sur la Transat tout au long de l'année. La Transat reste fidèle à ses valeurs, demeure la course la plus longue et la plus exigeante en Atlantique, et on a affirmé ce repositionnement. On n'a pas été trop impactés par les effets de la crise sanitaire.
Un Imoca coûte entre 4 et 6 millions d’euros neuf, un Ultime 12 millions. Le fait d'accueillir ces bateaux représente-t-il un budget supérieur aux autres années ?
On accueille quatre classes de bateaux. Il y a le retour des Ultimes - dont certains, sortis de chantier, sont attendus - les Imoca qui rentrent du Vendée Globe, des Ocean Fifty avec de nombreux bateaux et la Class40, avec de nouveaux projets, qui allient professionnels et amateurs. Il y aura des batailles incroyables sur l’ensemble des classes, avec chacune un vainqueur au bout. C'est sûr qu'accueillir les Ultimes demande des adaptations. Mais on est passés d'un seul bassin en 2019 à deux bassins pour cette édition sans trop de problèmes. Le Havre est à ce titre un très bon écrin pour la Transat.
"L'arrivée sera une fête populaire"
Qu'en est-il de la ville d'arrivée ?
L'arrivée se fait cette année en Martinique, à Fort-de-France, avec derrière cette association des partenariats RSE. Il y aura un village sur place, des interactions, du marketing, une co-construction de l'événement, etc... On a voulu rendre le partenariat plus ouvert, le budget est important pour les villes d'arrivée [entre 400 00 et 550 000 €] pour offrir une vraie route du café. Fort-de-France répond en premier lieu au cahier des charges technique et nautique, mais l'arrivée sera une fête populaire et un événement médiatique majeur.
La Transat Jacques Vabre fête aujourd'hui sa 15e édition. Au-delà de l'événement, est-ce devenu une machine économique bien huilée et solidement implantée ?
La Transat Jacques Vabre continue de grandir, de se développer, de grossir, en accueillant cette année quatre classes de bateaux. Comme je le disais, on ne dégage pas de profits mais la course a atteint une très belle visibilité dans le monde et s'est imposée comme un événement aux retombées médiatiques et économiques intéressantes pour les sponsors et les villes. Le phénomène de notoriété est important. C'est une course reconnue pour son exigence. Cette année est exceptionnelle avec 158 skippers et 79 bateaux. L'événement continue de grandir et on espère faire encore mieux sur les prochaines éditions.
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