Transat Jacques-Vabre : "On fait voler un objet de quasiment 10 tonnes en charge à des vitesses supérieures à 30 nœuds"
Les monocoques volants seront au départ de la 14e édition de la Transat Jacques-Vabre dimanche.
Le coup d’envoi de la 14e édition de la Transat Jacques-Vabre sera donné dimanche 27 octobre à 13 heures au Havre. Sur la ligne de départ, 59 bateaux dont 29 dans la catégorie des Imoca, les monocoques du Vendée Globe. À un an du tour du monde en solitaire et sans escale, cette route du café a une valeur de test pour les bateaux les plus récents. Des bateaux désormais capables de voler par moment en fonction des conditions climatiques.
Il y a quatre ans en effet, l’apparition des premiers foils, ces grandes ailes de chaque côté de la coque des bateaux du Vendée Globe, avait marqué une première rupture. Aujourd’hui, les dernières versions de ces bateaux à foils, inspirés de ce qui a pu se faire en multicoque, font entrer les marins dans une autre dimension, comme l'explique Jérémie Beyou, le skipper de Charal, l’une des cinq nouvelles fusées de la flotte. "Charal c'est un bateau que l'on a voulu quasiment 100% volant. Les foils sont assez profonds donc on peut lever le bateau de façon assez conséquente au-dessus de l'eau, explique-t-il. On fait voler un objet de quasiment 10 tonnes en charge à des vitesses supérieures à 30 nœuds, quasiment 75 ou 80 km/h, donc ça va très très vite."
Il y a des phases, quand l'eau est plate et que les vents sont mediums à mediums forts, où le bateau peut rester très longtemps en l'air en équilibre sur deux appendices.
Jérémie Beyou le skipper de Charal.à franceinfo
Par moment le bruit de l’eau sur la coque disparaît lorsque le bateau est comme suspendu au-dessus des flots. Les nouveaux monocoques vont jusqu’à 10 km/h plus vite que les bateaux d’ancienne génération, aussi vite que les multicoques d’antan. "Chaque nouvelle génération on se dit 'non, ce n'est pas possible, on ne va pas pouvoir aller plus vite. Là, on a atteint le maximum', explique Charlie Dalin, skipper d’Apivia. Mais les architectes, les équipes, les skippers trouvent des nouvelles façons d'aller encore plus vite et on ne sait pas quand est-ce que ça va s'arrêter."
Des bateaux couverts par sécurité
"Les skippers, nous, on n'évolue pas, poursuit Charlie Dalin. On subit de plus en plus ces vitesses, ces accélérations. Donc on essaie maintenant d'adapter de plus en plus les bateaux pour que le skipper arrive à suivre la cadence." Résultat, les bateaux sont désormais complètement couvert, avec un cockpit fermé. "C'est un peu ce qu'on a vécu dans l'aviation et dans l'automobile à l'époque, rappelle Charlie Dalin. "Les premières voitures, les premiers avions étaient ouverts. Avec la vitesse est venu le besoin de les fermer, de protéger les pilotes, les conducteurs. Pour moi, c'est ce qu'on est en train de vivre sur les voiliers de course aujourd'hui."
À la question de savoir si ces évolutions rendent les bateaux plus dangereux, Vincent Riou vainqueur du Vendée Globe 2005, co-skipper d’Arkéa-Paprec aux côtés de Sébastien Simon veut croire que non : "Je crois qu'il y a des réflexes à avoir et ceux qui s'affranchissent de quelques notions de sécurité comme toujours dormir les pieds en avant, ne jamais se déplacer dans le bateau à grande vitesse sans s'être bien attaché quelque part, un jour ou l'autre, ils finissent par se blesser."
Le risque aujourd'hui, il est surtout de se blesser à l'intérieur du bateau en se déplaçant. Il n'est pas si grand que ça, mais il existe.
Vincent Riou, vainqueur du Vendée Globe 2005à franceinfo
Et on ne connaît pas encore le véritable potentiel de ces bateaux qui vont être éprouvés durant cette transat. La barre des 70 jours pour boucler le tour du monde, soit quatre jours de moins que le record d’Armel Le Cléach, pourrait être atteinte ou dépassée sur le prochain Vendée Globe.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.