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Tour du monde en solitaire : François Gabart raconte ses dernières heures dans l'enfer "d'une mer très violente"

Le skipper du trimaran "Macif", qui a doublé le cap Leeuwin au sud-ouest de l'Australie, est revenu, au micro de franceinfo, sur ses derniers jours de navigation au coeur d'une mer très creuse où il a été "littéralement secoué".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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Le skipper français, François Gabart, à bord de son trimaran "Macif", le 25 juin 2017 (photo d'archives). (DAMIEN MEYER / AFP)

François Gabart, à bord de son trimaran "Macif", tente de battre le record du tour du monde en solitaire. Le marin a doublé vendredi le cap Leeuwin, au sud-ouest de l'Australie, dans un nouveau temps de référence et navigue vers le Pacifique avec plus d'une journée d'avance sur le record détenu par Thomas Coville depuis un an. Sur franceinfo samedi 25 novembre, le vainqueur du Vendée Globe en 2013 est revenu sur ses derniers jours de navigation, marqués par "beaucoup de vent, mais surtout beaucoup de mer très violente et très creuse". Mais François Gabart relativise : "Il y a du plaisir, heureusement, même si les dernières heures ont été dures."

franceinfo : Où vous trouvez-vous en ce moment ?

François Gabart : Je suis au sud de l’Australie, j’étais devant une dépression depuis quelques jours qui m’a mené un peu la vie dure. Il y avait beaucoup de vent, mais surtout beaucoup de mer très violente et très creuse avec des déferlantes qui m’ont un peu secoué. Ce n’était pas simple et on a réussi à rester quand même devant cette dépression qui était importante. Là, les conditions sont en train de se calmer un petit peu et j’en profite. J’ai enfin un peu de glisse comme on a l’habitude d’en avoir. Il faut bien comprendre que quand la mer n’est pas toute plate, quand on va vite, ça saute dans tous les sens. Le problème, c’est qu’il faut aller le plus vite possible et forcément ça fatigue un peu tout le monde.

Est-il compliqué de dormir, de s’alimenter dans ces conditions ?

Depuis quelques jours j’ai très peu dormi, on est secoué littéralement parlant. Même allongé, si on essaye de lâcher prise et d’oublier un peu le bateau en se disant que le pilote automatique fait bien son boulot, il faut se sangler à la bannette pour arriver à ne pas bouger. Des choses toutes bêtes peuvent devenir très compliquées et plus difficiles : se faire à manger, se déplacer dans le bateau. Il y a des petites réparations à faire pour les 24 prochaines heures.

Le bateau arrive dans les vagues à toute vitesse et il y a des mouvements assez violents. J’ai pas mal de petites pièces qui ont cassé.

François Gabart

à franceinfo

J’ai profité des conditions qui s’amélioraient ce soir (samedi) pour commencer à réparer certains éléments. C’est terrible, mais quand les conditions deviennent meilleures et qu’on pourrait se reposer, c’est là où il faut attaquer tout le bricolage qu’on ne peut pas faire quand les conditions sont difficiles.

Vous avez remporté le Vendée Globe en 2013, psychologiquement c’est plus compliqué de se battre contre un marin ou contre un chrono ?

Ce sont deux exercices qui sont complètement différents, c’est difficile de comparer. Mais ce qui est sûr, c’est que le chrono est dur parce qu’il est impitoyable. On a l’impression d’avoir en face de soi un chronomètre qui continue de tourner tout le temps à la même vitesse, quelles que soient nos conditions, donc il faut tenir la tête haute face à lui et essayer de tenir aussi et on verra bien à la fin qui du chrono ou du bateau aura le dernier mot. Evidemment, il y a du plaisir, heureusement, même si les dernières heures ont été dures. Mais ça fait partie du jeu et c’est aussi parfois dans la difficulté qu’on découvre des choses, qu’on apprend, qu’on progresse.

François Gabart raconte ses dernières heures dans l'enfer "d'une mer très violente" - un reportage de Catherine Pottier

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