Route du rhum : Francis Joyon, dans la force de l'âge
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Le sourire de Francis Joyon en disait long sur sa performance, récompensant toute une vie. La soixantaine passée, le natif de Hanches vient de signer son plus bel exploit. De l'un de ses plus grands souvenirs de marin lors de sa première participation à la Route du Rhum en 1990 à cette victoire, il s'est presque écoulé trente ans. Depuis, ce grand gaillard à l'esprit souvent rebelle n'a cessé d'empiler les records, comme celui en 2004 du record du monde absolu en solitaire (72 j, 22h, 54 min), ou du Trophée Jules Verne en 2017 (40 j, 23h, 30 min).
Très attaché à la voile dans ses aspects les plus traditionnels, cette figure du monde nautique vient de rappeler à ceux qu'ils veulent bien l'entendre que la modernité n'est pas toujours la panacée. "Construire un bateau neuf c'est aussi avoir une empreinte carbone très lourde", expliquait-il. "Là l'empreinte carbone n'est pas trop lourde parce qu'on utilise quelque chose d'existant, on le fait vivre et durer, ça correspond bien à ma philosophie quand j'étais jeune et que je recyclais des morceaux de coques et que je retapais des bateaux pour aller courir. Je me sens plus en paix avec moi-même que le fait de faire un bateau neuf de A à Z", résumait Joyon.
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Tous le donnaient vaincu, mais son finish dans cette Route du Rhum est preuve de sa ténacité. Au bout de sa septième participation, le voilà couronné dans l'une des plus belles épreuves de voile. "C'était vraiment une course extraordinaire. Le fait de 'tactiquer' avec François (Gabart), c'était vraiment passionnant", a-t-il expliqué avec sa petite voix, devant la foule venue l'accueillir.
Et il ne tarde pas à se souvenir de l'exploit du Canadien Mike Birch en 1978, qui avait coiffé le gros monocoque de Michel Malinovsky de 98 secondes. "J'étais content de réussir, j'avais l'impression de rééditer l'exploit de Mike Birch pour qui j'ai beaucoup d'admiration", a-t-il dit. Peu après, Joyon rappelle qu'il doit aussi son succès à celui qui l'a porté pendant sept jours, 14 heures et 21 minutes. "Je ne crois pas me tromper mais jamais aucun bateau n'a gagné trois fois la Route du Rhum. C'est un bateau qui a résisté à tout et qui arrive en bon état", a ajouté le skipper d'Idec Sport, un bateau vieux de 12 ans.
Très respectueux de Gabart, le vétéran estime que celui-ci a eu "énormément de mérite à avoir pu continuer à ce rythme avec de gros handicaps. Il a fait une course hyper courageuse et engagée", a-t-il souligné. Mais pour Patrice Lafargue, le patron d'Idec, le mérite de Joyon est tout aussi grand. "Le premier record du monde qu'il a fait avec nous (en 2004), le bateau avait 22 ans et il a porté le record à 72 jours, ça donne une belle image. Quand on a la passion, l'énergie et l'envie ça peut faire la différence parfois", a-t-il expliqué. Après une dixième place en 1990, deux abandons (1994 et 2002), deux places de 6e (1998 et 2014), et une 2e place en 2010, il vient de confirmer qu'il a toujours été un redoutable compétiteur.
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