Route du Rhum : François Gabart se dit "attristé et blessé" après les polémiques sur son bateau
La classe Ultim refuse l’homologation du nouveau bateau du recordman du tour du monde en solitaire, ce qui pourrait empêcher François Gabart de prendre le départ de la Route du Rhum. Le skipper se défend et conteste cette décision après les accusations portées par d’autres navigateurs.
Comment sortir d’un imbroglio en apparence inextricable ? À sept mois du départ de la Route du Rhum (le 6 novembre), course à la voile mythique entre Saint-Malo et la Guadeloupe, les divergences semblent profondes entre le marin François Gabart et la classe Ultim, celle qui regroupe les trimarans géants volants, la vitrine de la course au large. Le skipper, soutenu par le cabinet d’architecte qui a conçu son trimaran, assure que son bateau SVR-Lazartigue est conforme à toutes les règles de sécurité, que des experts indépendants l’ont validé. "Notre bateau a été certifié conforme par des instances compétentes, impartiales", affirme François Gabart. Les autres armateurs lui demandent néanmoins de revoir ses plans et en appellent à la Fédération internationale. Le 28 mars, 3 autres skippers de cette classe ainsi que les autres armateurs, sont sortis de leur silence, dénonçant l’attitude "jusqu’au-boutiste" de François Gabart. Ce dernier leur répond sur franceinfo.
franceinfo : On a l'impression que la situation est totalement bloquée de part et d'autre. Existe-t-il une porte de sortie ?
François Gabart : Je suis de nature optimiste, je le revendique et je le revendiquerai toujours. Donc oui, il y a forcément une solution. Il n'y a pas de problème, il n'y a que des solutions. Est-ce qu'elle est extrêmement limpide, claire, facile et juste devant nous ? Probablement pas. Sinon, on n’en serait pas là. Néanmoins, je tiens à rappeler qu'aujourd'hui, notre bateau a été certifié conforme par des instances compétentes, impartiales.
"La solution reste de faire valoir le droit d'une manière la plus juste, impartiale, transparente possible. C'est ce que l'on demande et c'est ce qu’il faut faire pour sortir de cette situation."
François Gabartà franceinfo
Êtes-vous prêt à répondre à certaines attentes de la classe Ultim sur quelques aménagements de votre bateau ?
On est tout à fait ouvert aux échanges et aux discussions et au droit, tout simplement. Évidemment, on est prêt à le faire. On l'a fait ces derniers mois. On a fait énormément de travaux cet hiver sur le bateau qui allait bien au-delà des règles dans le sens de la sécurité et en concertation avec la Fédération française de voile. Évidemment, on est prêts à aller encore plus loin. Il n'y a pas de sujet avec ça. On n'est absolument pas immobiles. On est au contraire dans une volonté de proposer, d'avancer, de modifier notre bateau. En revanche, on le fera avec une interprétation des règles qui est juste, impartiale, comme l'ont fait les instances compétentes ces derniers mois, ces dernières années.
Contrairement à ce qu’on a l’habitude d’entendre, des mots très durs ont été lâchés à votre encontre par d’autres navigateurs : "attitude incompréhensible", "les dés sont faussés", "une position à la Djokovic pour mettre tout le monde devant le fait accompli". Comment avez-vous réagi ?
Avec une certaine incompréhension. Parce que quand on dit que je mets les gens devant le fait accompli, c'est simplement faux. On est parfaitement transparent sur la construction de ce bateau depuis le début. Depuis des années, la Fédération française de voile, la classeUltim ont accès à notre bateau. Et après ? Bien évidemment que je suis atteint parce que c'est mon sport qui est touché par ça. C'est un sport que j'aime, c'est la course au large.
"C'est l'esprit même de notre sport qui est atteint et je trouve ça terrible. Cette problématique, ça va bien plus loin. Ça pourrait remettre en cause le principe même de la course au large en solitaire, tout simplement."
François Gabartà franceinfo
C’est quelque chose assez extraordinaire en France depuis des années, qui m'a fait rêver depuis que je suis gamin, qui a fait justement rêver énormément de marins et les passionnés de voile qui suivent nos bateaux. Et aujourd'hui, on est en train de remettre en cause des fondamentaux de ce sport et je trouve ça terrible.
C’est l’image même de vous les marins qui semble écornée : les copains, la solidarité… une cassure est-elle en train d’être créée ?
Je ne sais pas s'il y a une cassure et j'espère évidemment que les choses pourront se reconstruire. Mais oui, je suis moi-même blessé et attristé par les comportements et les manipulations qui ont pu avoir lieu ces derniers mois. Je trouve ça antisportif tout ça, je trouve ça juste pas beau. Mais j'espère que tout ça va rapidement se résoudre. Avec toute l'équipe du trimaran SVR-Lazartigue, on travaille pour trouver une solution, j'ai envie de dire pour le bien de tous et qu'on puisse rapidement passer à des choses qu'on a peut-être plus l'habitude de faire : être sur l'eau, naviguer, faire rêver les gens.
Vous évoquez l'hypothèse de saisir le Tribunal arbitral du sport. Est-ce vous êtes prêt à aller jusque-là ?
On a des droits à faire valoir pour naviguer, pour faire mon métier, pour participer à la Route du Rhum. J’espère de tout mon cœur qu'on ne sera pas obligé d'aller jusque-là. Mais s'il faut le faire, je suis déterminé et mon partenaire l'est aussi pour faire valoir nos droits dans toutes les instances qui permettent de trancher. On a envie de trouver des solutions en amont et encore une fois, tout simplement faire valoir les droits qui ont déjà été émis par les instances compétentes.
Serez-vous au départ de la Route du Rhum à Saint-Malo le 6 novembre prochain ?
En tout cas, je ferai tout pour l'être.
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